C’est dans un mois que le Maroc commémorera la bataille d’Isly (14 aout 1844) ou quand le Maroc combattait pour l’Algérie. Cet anniversaire montre l'engagement constant du Maroc pour la défense de la dignité et de la liberté de l'Algérie.
Cette solidarité a eu aussi un prolongement et une suite au cours de la lutte armée pour l'indépendance de l’Algérie au cours de laquelle du sang marocain a été aussi versé pour ce pays.
La bataille d’Isly donne la mesure de la profondeur des sentiments solidaires du Maroc et de sa foi en la communauté du destin algéro-marocain, tant il n'a pas hésité à consentir des sacrifices et à faire preuve de solidarité agissante envers les frères d'armes algériens pour faire face à l'entreprise colonialiste dans ces moments sombres de l'histoire.
Celle-ci, forte de son statut de puissance économique et militaire de l'époque, affichait l'ambition d'asseoir définitivement son emprise sur l'Algérie.Le refus du Maroc de donner suite aux requêtes françaises lui demandant de lui livrer l'émir Abdelkader avait à ce point exaspéré Paris qu'elle accusa le Maroc d'avoir violé le traité d'amitié franco-marocain en offrant refuge au chef de la lutte armée pour l'indépendance de l'Algérie, l'émir Abdelkader, ce qui a fini par conduire inéluctablement à la bataille d'Isly.
Les conséquences de cette bataille furent lourdes pour le Maroc.
Par le traité de paix qui lui était imposé, le Sultan reconnut la présence française en Algérie (traité de Lalla Maghnia en septembre 1844) et s'engagea par conséquent à ne plus soutenir l'Emir Abdelkader lequel après avoir mené une guérilla se rendit aux Français.
La bataille d'Isly s'est soldée pour le Maroc par la perte de 800 hommes est un signe de solidarité dont les conséquences furent lourdes pour le pays : un tracé des frontières imposé par la France, l'affaiblissement du Pays qui a conduit à la perte de Tétouan en 1860 au profit de l'Espagne et un peu plus tard à la partition du Maroc entre la France et l'Espagne. C'est la première fois dans l'histoire de la colonisation qu'un pays se trouve divisé en deux protectorats avec une zone internationale à Tanger.
Les enseignements.
Le Maroc a toujours été solidaire de l'Algérie même si cette solidarité a été malheureusement à sens unique. Le régime algérien a toujours cherché à occulter cette solidarité en rappelant par presse interposée la guerre qui a opposé les deux pays en 1963. La guerre de 1963 ou guerre des sables souvent reproché par Alger au Maroc a des causes bien précises.
En effet à l'indépendance du Maroc, Mohammed V a refusé l'offre de la France de restituer les territoires annexés par la France en contrepartie de ne plus héberger les combattants du FLN. Le roi Mohammed V voyait cette proposition comme un « coup de poignard dans le dos » des « frères algériens » et parvint à signer un accord le 6 juillet 1961 avec le chef du Gouvernement provisoire de la République algérienne, Ferhat Abbas. En vertu de cet accord la discussion de la question des frontières interviendrait après l’indépendance de l’Algérie. A leur indépendance, les autorités algériennes ont refusé de discuter du sujet alors même que lors du référendum d'indépendance en Algérie, les habitants de Tindouf indiquaient sur leur bulletin : « OUI à l'indépendance, mais nous sommes marocains » .
La monarchie marocaine à travers Moulay Abderrahmane ou Mohammed V a été toujours solidaire de l'Algérie. Du temps de Hassan 2 et alors que les attaques du Front Polisario contre l'armée marocaine se faisaient à partir du territoire algérien, le souverain marocain n'a jamais permis à l'armée d'exercer le droit de suite pour ne pas insulter l'avenir et engager les deux pays dans une guerre fratricide. De même que pendant la décennie noire en Algérie, le Maroc a toujours refusé de constituer une base arrière aux terroristes islamistes. Certains journaux algériens reprochent au Maroc d'avoir tourné le dos à l'Algérie pendant cette période alors qu'objectivement c'est tout ce qu'il pouvait faire en plus de la remise aux services de sécurité algériens des terroristes recherchés et qui prenaient asile sur son territoire Quand au Roi Mohammed VI et fidèle à ses ancêtres, sa main est toujours tendue à l'Algérie et le rappelle à chacun de ses discours.
A ceux qui spéculent notamment dans la presse algérienne, le rappel de ces faits historiques ainsi que les rappels du souverain marocain à l’attachement du Maroc à l’idéal maghrébin démontrent clairement le contraire. Cet attachement vient d’être gravé dans le marbre dans la constitution de 2011 qui fait du Grand Maghreb l’espace identitaire du Maroc.
Vu de Rabat et au vu de cette solidarité, le Maroc était en droit de demander à l’Algérie de l’aider à récupérer son Sahara et les enclaves de Ceuta et Mellilia et non pas engager sa diplomatie et ses moyens pour le déstabiliser tout en disant officiellement que l’affaire du Sahara « ne la concerne pas ».
Or l’évolution récente des relations ces dernières années ont été marquée par le fait que l’Algérie tout en affirmant officiellement que la conflit du Sahara concerne la Maroc et le Polisario, que c’est une affaire des Nations Unies consacre des millions de dollars à ouvrir et faire fonctionner les « ambassades » et autres bureaux du Polisario à travers le monde et financer différents lobbies pour soutenir « la cause sahraoui », , tout en achetant pour des dizaines de milliards de dollars d’équipements militaires dont une partie bénéficiera aux combattants du Polisario alors que les populations sahraouies refugiées en territoire algérien à Tindouf en Algérie continuent de vivre dans des conditions misérables en dépit de l’aide internationale notamment européenne qui leur est allouée.
Toutefois les deux pays ont commencé il y a deux ans un timide rapprochement avec l’échange de visites de ministres en charge de l’agriculture et de l’énergie notamment. Ces visites se sont conclues par des accords aux termes desquels l'Algérie fournira du gaz naturel au Maroc. Cet accord prévoit la fourniture de 640 millions de mètres cubes de gaz par an à deux centrales électriques hybrides : Aïn Beni Mathar à Jerada, près de la frontière algérienne, et la centrale de Tahaddart, près de Tanger. Ce gaz transitera par le gazoduc Pedro Duran Farell qui relie les champs gaziers de Hassi R'mel à l'Espagne, via le Maroc. Sur le plan électrique, les deux pays sont connectés à l’Europe via une liaison entre le Maroc et l’Espagne.
Le nouveau ministre du parti Islamiste du PJD des affaires étrangères marocain a consacré sa première visite à l’étranger à Alger. Ce voyage a abouti à la mise en place d’une commission politique mixte qui se réunira deux fois par an, la poursuite des travaux des commissions sectorielles déjà existantes, Agriculture, Eau et Jeunesse et Sports, l’extension de cette démarche à d’autres domaines dont l’Energie, l’Education, l’incitation à la mobilisation de part et d’autre des sociétés civiles et des médias pour un dialogue et des partenariats et, enfin, la réunion de la Grande Commission Mixte avant la fin de 2012, sachant que cette dernière ne s’est pas réunie depuis 1994.En fait, rien de vraiment concret.
Ces derniers jours et paradoxalement et alors qu’Alger vit une sorte de vacance de pouvoir suite à la maladie du président Bouteflika, les relations entre les deux pays se sont vite détériorés et ont donné lieu à des joutes oratoires conduisant à une sorte d’impasse.