En effet, le général major Mohamed Touati, considéré comme une des éminences grises de l’armée algérienne, n’a jamais été un allié pour Bouteflika. Bien au contraire, dès les premières années de son règne, Bouteflika a tout fait pour écarter cet homme rusé, considéré comme une tête pensante du clan des généraux. Pour Bouteflika et ses alliés, il était important d’évincer cet homme afin de marquer la fin d’une époque au sein de l’armée algérienne. Mais la victoire de Bouteflika n’a pas duré longtemps, car le cerveau est de retour.
Selon plusieurs sources proches du palais El-Mouradia, Bouteflika à travers la nomination surprise du général Touati, a tendu une main amicale au clan militaire avec lequel il cherche désormais à conclure la paix. «Bouteflika a délégué Abdelmalek Guenaïzia qui a négocié pendant plusieurs jours avec le général Touati et d’autres anciens généraux comme Taghit et Nezzar afin de les rallier à une cause commune : celle d’unir les efforts de tous pour dépasser cette crise aiguë par laquelle passe le régime Algérien. Les militaires savent très bien que la fin de Bouteflika n’arrangera pas leurs affaires car les lobbys américains et français n’accepteront pas une nouvelle période d’instabilité dans le pays. Ils ont donc accepté de contribuer aux réformes de Bouteflika mais avec « leurs conditions », signale une source bien au fait des dessous du sérail en Algérie.
Ainsi, en échange de sa participation à la commission de Bensalah, le clan de Toufik, dont les intérêts sont défendus par Ahmed Kherfi, responsable de la Direction de la sécurité intérieure (DSI), et les anciens généraux, a exigé un engagement de Bouteflika pour ne jamais laisser une porte ouverte au retour à la politique des anciens du FIS. Par ailleurs, Bouteflika a été amené à réduire de 7.000 à 4.000 le nombre des détenus du FIS qui seront prochainement libérés. Une liste noire de prisonniers du FIS a été élaborée par les militaires. Les inscrits sur cette liste ne doivent en aucun cas quitter les prisons car ils détiennent des informations stratégiques sur les dessous de la guerre civile. Le clan présidentiel s’est aussi engagé à ménager Ouyahia et ses amis jusqu’en 2014. Les militaires tiennent toujours à leur soldat et ne veulent pas le voir éjecté du gouvernement. Une fois ces détails réglés, le choix s’est naturellement porté sur le Général Touati pour rejoindre la commission de Bensalah. De l’avis de toutes les parties prenantes, le Général Touati est connu à Bruxelles et à Washington, et il est apprécié par les partenaires étrangers. Il saura donner l’illusion que le régime algérien est uni pour guider le pays à bon port. Reste à savoir enfin si vraiment le sérail a réussi à dépasser ses clivages en Algérie pour résister à la contestation populaire dont la dimension sociale risque rapidement de s’effacer pour laisser la place à des revendications politiques dangereuses pour la survie du régime Algérien.