L’ouvrage publié récemment par l’historienne russe Natalia Podgornova sur les péripéties de l’affaire du Sahara occidental, est édifiant à plus d’un titre.
Avec beaucoup d’application, l’écrivaine russe tourne et retourne l’histoire du Sahara et des populations qui y ont vécu pendant des siècles. « La question du Sahara : entre réalité et illusion » n’est d’ailleurs pas le premier livre de l’historienne Podgornova sur cette affaire.
Seulement, dans l’actuel ouvrage elle conclut avec documents et faits avérés à l’appui, à l’existence d’un continuum géographique, humain, culturel qui ne s’est jamais rompu entre le sud et le nord du Maroc.
Surtout, le livre de l’historienne russe fait ressortir le rôle essentiel de l’Algérie de Boumediene et de la Libye de Kadhafi dans la constitution du Front Polisario et son armement pour disputer au Maroc le Sahara occidental.
Les conclusions de l’historienne russe sont importantes pour comprendre l’attitude sur laquelle Alger continue de camper aujourd’hui encore. L’acharnement des généraux algériens à armer le Polisario et à financer des lobbies en Europe et aux Etats-Unis en faveur du Front indépendantiste, apparaît ainsi clairement en filigrane de ce texte fouillé.
Rien d’étonnant donc que le pouvoir en Algérie reste sourd à la proposition marocaine d’autonomie. Un règlement de la question du Sahara occidental ne servirait pas les intérêts de la hiérarchie militaire, ni de la classe politique.
L’une et l’autre ne pourraient plus prétexter de l’ennemi extérieur devant un peuple algérien réticent. Le régime algérien se retrouverait alors face à ses propres luttes internes.
Dans ce sillage, l'auteur a souligné que toutes les générations des Sahraouis ont toujours prêté allégeance aux sultans du Royaume, citant comme exemple Cheikh Ma’ al- Aynayn qui agissait au nom et pour les Sultans et construisait, avec le soutien des rois du Maroc, des villes au Sahara.
Pour l’écrivaine russe, l’Algérie et le régime de Kadhafi ont contribué au déclenchement du conflit autour du Sahara en fournissant un soutien moral et matériel au polisario afin d’établir une entité fantoche. Et d’ajouter qu’un processus de négociations directes entre Rabat et Alger demeure la seule voie à même de résoudre ce différend.