L’eau minérale Youkous commercialisée en Algérie est contaminée par le streptocoque. L'annonce a été faite mardi 9 juillet par le ministère du Commerce.
"La bactérie streptocoque a été détectée dans une eau minérale d’une marque privée commercialisée en bouteille de 1,5 litre", annonce le ministère. "Cette bactérie, responsable de très nombreuses infections, a été détectée dans le lot n°164 de la marque Youkous, embouteillé le 13 juin 2013, et dont la durée de validité court jusqu’au 13 juin 2014", précise toujours le ministère dans un communiqué.
L’activité de l’unité d’embouteillage de cette eau minérale a été suspendue et le propriétaire a été instruit de revoir toutes les étapes de la mise en bouteilles de l’eau minérale, pour déterminer la source de contamination avant la reprise de l’activité.
Par ailleurs, le ministère du Commerce avait annoncé lundi le retrait du marché national d’une confiserie orientale (Halwat Eturk) produite en Tunisie, car elle est porteuse d’une bactérie produisant une toxine, la salmonelle, qui agit notamment sur le système neuro-végétatif et le système lymphoïde de l’intestin.
Eaux minérales algériennes. Loin des normes thérapeutiques internationales
Le marché des eaux minérales en Algérie, qui constitue un enjeu financier énorme, était durant plusieurs années régi par des règles opaques en matière d’étiquetage et de qualité. Une situation qui a longtemps profité à certains exploitants aux dépens des intérêts des consommateurs.
Depuis dix ans, le marché des eaux en bouteille en Algérie connaît un boom porté par une forte croissance. Des chiffres fiables ne sont pas disponibles. Néanmoins, les experts et opérateurs de ce marché s’accordent à dire qu’il connaît une croissance s’établissant entre 15 et 20% par an. Longtemps resté dans l’anarchie, le secteur des eaux embouteillées tente de se professionnaliser, à marche quasi forcée.
L’État a commencé de réglementer le secteur dès 2004, via un décret “relatif à l’exploitation et à la protection des eaux minérales naturelles et des eaux de source”.
En 2007, le ministère des Ressources en eau a publié la liste des exploitants autorisés, en distinguant eaux de source et eaux minérales. Sur une soixantaine de dossiers présentés à la commission permanente des eaux minérales naturelles et des eaux de source, instituée auprès du ministre, 13 seulement ont bénéficié du label “eau minérale naturelle”. Béni Haroun, Guedila, Saïda, Youkous, Djemila, Mouzaïa, El-Goléa, Batna, Toudja, Ifri, Messerghine, Sidi Driss et Hammamet ont été admises par la commission en tant qu’eaux minérales.
Dix appellations ont été classifiées dans la catégorie des eaux de source à savoir Sidi Khelifa, Hayet, Alma, El-Melez, Helouane, Oumalou, Togi, Ayris, Ovital et Thevest. Voulant assainir le marché, les pouvoirs publics ont révisé à la hausse les exigences légales. Néanmoins, les contrôles de qualité demeurent insuffisants. Les opérateurs mentionnent toujours sur les étiquettes d’emballage que leurs produits sont une eau minérale naturelle.
Or, le citoyen n’a pas les moyens de vérifier si tel produit est une eau minérale ou eau de source. Pire encore, de l’avis même des responsables en charge du secteur, sur la quarantaine d’opérateurs exerçant actuellement sur le marché local (27 eaux de source et 21 eaux minérales), aucune marque n’est conforme aux normes internationales en matière de composition et de teneur en sels minéraux.
Le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, avait affirmé, durant son dernier passage au Forum de l’ENTV, que la plupart des opérateurs activant dans le domaine n'étaient pas encore parvenus à s'adapter aux normes internationales qui leur permettent d'enregistrer leurs produits en tant qu'eau minérale thérapeutique.
Il est donc exagéré si ce n’est frauduleux de parler des vertus thérapeutiques. D’ailleurs, l’Organisation mondiale du commerce a saisi l’Algérie à propos de la régulation du marché national des boissons. Les problèmes qui y sont identifiés concernent particulièrement le volet relatif à la production et la commercialisation des eaux minérales mises en bouteille.
La vertu thérapeutique n'est pas une catégorie distincte d'eaux minérales, mais une qualité additive pouvant être conférée à des produits, déjà commercialisés, à la suite d'une procédure impliquant plusieurs intervenants (ministère de la Santé, celui des Ressources en eau et laboratoires d'analyses). Toutefois, à ce jour, aucun des opérateurs nationaux activant dans ce domaine n'a engagé une procédure d'homologation de son produit comme ayant des vertus thérapeutiques, selon le ministère.
Par ailleurs, la contrefaçon a, également, touché les eaux minérales de production locale et d’importation. La fraude sur la qualité de cette eau minérale, destinée aux malades et aux bébés, est un acte d’une extrême gravité. Beaucoup de travail attend le ministère des Ressources en eau et celui du Commerce en matière d’étiquetage et de traçabilité des eaux minérales afin de lutter efficacement contre la publicité mensongère.
Un travail primordial d’autant que ce marché, avec l’enjeu financier énorme qu’il constitue, attise l’intérêt d’opérateurs étrangers qui, ces trois dernières années, ont concrétisé leur implantation sur le marché national. En effet, Danone et Nestlé Waters, leaders mondiaux du marché de l’eau embouteillée, se sont implantés en Algérie quasiment en même temps, en juin 2006 pour le français, et en mai 2005 pour le suisse.
Alors que Danone a racheté la source Tessala au groupe Algad, Nestlé s’est associé aux frères Zahaf, propriétaires de Sidi El-Kebir, avant de choisir en 2007 de faire cavalier seul, en reprenant une nouvelle source au pied du mont Chréa et lancer sa marque propre en mai 2008, Nestlé Vie pure. Cette dernière marque de la filiale algérienne du géant mondial Nestlé, a été précédée, en juillet 2007, par Lalla Khedidja du géant de l’agroalimentaire Cevital.
C’est en 2008 aussi qu’a été privatisée la dernière des marques d’eaux appartenant à l’État algérien. Le groupe Yaïci, déjà propriétaire de Djemila, a racheté Saïda, marque emblématique par son ancienneté. Avant lui, en 2005, Batna avait été cédée au groupe Attia, Benharoun et Mouzaïa au groupe SIM, qui les a regroupées dans une filiale ad hoc, Aquasim. Aujourd’hui, ce sont 48 opérateurs qui travaillent dans le domaine de la commercialisation des eaux minérales sur le marché algérien.