Le roi de la semaine, c’est le roi du FLN. Alias l’homme du Roi Bouteflika. Alias Saadani, l’animateur vedette de la pré-campagne. Traité comme un ministre, accueilli à Oran ou ailleurs avec escorte et motards, VIP et gardes du corps, l’homme est aujourd’hui l’envoyé spéciale de Bouteflika auprès du peuple.
Il commente, explique, annonce, prévoit et analyse en public. Et, vu par un médecin légiste, c’est comme si le corps de Bouteflika avait été décomposé en plusieurs personnes : Saadani est la bouche qui parle, Sellal la main qui travaille et donne, Saïd, la tête qui pense, Amar Ghoul le pied qui se balade et les trois frères (Belaïz, Louh et Medelci) l’oeil qui surveille. Un Bouteflika partout avec la prouesse de n’être nulle part, c’est-à-dire sur une chaise.
C’est que la pré-campagne électorale a été entamée mais sous le mode de la procuration : les délégués apôtres font office du corps du Président, parlent, agissent et se déplacent à sa place. « Ceci est mon corps », version algérienne. Le Président a fait un lifting et a changé de carcasse : il a jeté Ouyahia, Belkhadem et quelques autres ministres qui ne servaient plus à rien, comme de la mauvaise graisse, de méchants lipides et les a remplacés par du neuf et de l’inattendu.
Par la bouche de Saïdani, Bouteflika vient de dire que le DRS, c’est lui. Sous forme de « Il n’y pas d’autre roi que le roi ». Nouvelle monogamie politique. Depuis ses premiers jours à la présidence, le bonhomme a rêvé du retour du Boumediénisme, de la présidence comme centre unique de pouvoir. Il a mis vingt ans à revenir à la Présidence et trois mandats pour aboutir au boumediénisme qui, en même temps fait fantasmer encore beaucoup d’Algériens et le fera réélire en avril.
Dans l’univers du fantasme, on est en 78 et ce sont les autres qui sont morts et chassés, pas Boumediene et Bouteflika. Sauf que cela nous laisse encore plus orphelins : qui fait les rois en Algérie si ce n’est plus l’armée, pas le DRS et encore moins le peuple qui vote ? Cela nous laisse une seule piste ouverte : le sang. Pas celui qui coule dans la rue mais celui de la famille qui coule dans les veines. Le monarchisme n’est pas loin.
Le coup de maître de Bouteflika est à saluer cependant et, même s’il est difficile de reconnaître au bonhomme une grâce, celle là en est une : il fallait que le DRS revienne à ses bureaux tôt ou tard, du moins un peu, ou pour la forme. C’est ce que demandaient les démocrates depuis leur naissance et depuis le MALG. Bouteflika l’a obtenu mais pour lui-même, pas pour nous. Le DRS n’a pas été « décapité » parce qu’il menaçait nos libertés par son racket, mais parce qu’il agaçait le bonhomme en chef.
Par la main de Sellal, Bouteflika donne de l’argent, visite le pays et écoute les demandes et les réclamations. Et par le biais de Ghoul et compagnie, il tente de séduire les islamistes soft, les conservateurs et de faire passer son âge pour l’âge de Ghoul. Pour les yeux, il a trois ministres fidèles et pour dos, l’argent du pétrole, la France et les Etats-Unis qui ne veulent plus des Morsi (s) dans le monde dit « arabe ». L’homme a réussi encore une prouesse : faire une campagne sans même se lever de sa chaise et parler sans même ouvrir la bouche.
Kamel Daoud
C’est que la pré-campagne électorale a été entamée mais sous le mode de la procuration : les délégués apôtres font office du corps du Président, parlent, agissent et se déplacent à sa place. « Ceci est mon corps », version algérienne. Le Président a fait un lifting et a changé de carcasse : il a jeté Ouyahia, Belkhadem et quelques autres ministres qui ne servaient plus à rien, comme de la mauvaise graisse, de méchants lipides et les a remplacés par du neuf et de l’inattendu.
Par la bouche de Saïdani, Bouteflika vient de dire que le DRS, c’est lui. Sous forme de « Il n’y pas d’autre roi que le roi ». Nouvelle monogamie politique. Depuis ses premiers jours à la présidence, le bonhomme a rêvé du retour du Boumediénisme, de la présidence comme centre unique de pouvoir. Il a mis vingt ans à revenir à la Présidence et trois mandats pour aboutir au boumediénisme qui, en même temps fait fantasmer encore beaucoup d’Algériens et le fera réélire en avril.
Dans l’univers du fantasme, on est en 78 et ce sont les autres qui sont morts et chassés, pas Boumediene et Bouteflika. Sauf que cela nous laisse encore plus orphelins : qui fait les rois en Algérie si ce n’est plus l’armée, pas le DRS et encore moins le peuple qui vote ? Cela nous laisse une seule piste ouverte : le sang. Pas celui qui coule dans la rue mais celui de la famille qui coule dans les veines. Le monarchisme n’est pas loin.
Le coup de maître de Bouteflika est à saluer cependant et, même s’il est difficile de reconnaître au bonhomme une grâce, celle là en est une : il fallait que le DRS revienne à ses bureaux tôt ou tard, du moins un peu, ou pour la forme. C’est ce que demandaient les démocrates depuis leur naissance et depuis le MALG. Bouteflika l’a obtenu mais pour lui-même, pas pour nous. Le DRS n’a pas été « décapité » parce qu’il menaçait nos libertés par son racket, mais parce qu’il agaçait le bonhomme en chef.
Par la main de Sellal, Bouteflika donne de l’argent, visite le pays et écoute les demandes et les réclamations. Et par le biais de Ghoul et compagnie, il tente de séduire les islamistes soft, les conservateurs et de faire passer son âge pour l’âge de Ghoul. Pour les yeux, il a trois ministres fidèles et pour dos, l’argent du pétrole, la France et les Etats-Unis qui ne veulent plus des Morsi (s) dans le monde dit « arabe ». L’homme a réussi encore une prouesse : faire une campagne sans même se lever de sa chaise et parler sans même ouvrir la bouche.
Kamel Daoud