IBM va ouvrir un "Global delivery center" à Casablanca pour le Maroc et l’Afrique francophone ciblant services et gestion d’applications. Avec 400 recrutements prévus en trois ans, le groupe informatique triplera ainsi son effectif au Maroc dans ce projet majeur pour le pays.
L’annonce officielle a été faite vendredi 5 juillet après-midi à Rabat au siège du Ministère de l’industrie. Le groupe américain IBM va créer un centre de compétence à vocation régionale situé à Casablanca. Ce "Global delivery center" dans le jargon IBM va conduire à la création de près de 400 emplois sur 3 ans. Il doit rayonner sur l'ensemble de l'Afrique francophone.
De quoi renforcer l'ancrage du royaume dans les technologies de l'information, alors que celui-ci mène depuis 2009 une stratégie dite "Maroc numeric 2013" et s'est notamment doté d'un cluster dédié.
Des centres IBM du type de celui de Casablanca existent au Vietnam, Malaisie, Chine, Brésil ou Bulgarie. Le groupe vient par ailleurs d'annoncer la création d'un centre de services en France à Lille avec 700 embauches en vue.
AU MAROC, PARMI LES FUTURS DOMAINES D’APPLICATION, IBM CITE LE SOCIAL BUSINESS, LE MOBILE OU LE COMMERCE INTELLIGENT.
La création du centre a fait l’objet d'une convention avec le gouvernement marocain signée par Abdelkader Amara, ministre de l’Industrie et des nouvelles technologies, Hafid Kamal, directeur général de l'Anapec (agence de l’emploi) et Abdellatif Hadj Hamou, président du directoire de MEDZ.
Les détails concernant les engagements financiers ou les modalités fiscales applicables à ce projet marocains n’ont pas été précisées. Au Maroc, des zones d'offshoring comme par exemple Casanearshore bénéficient d'une fiscalité réduite pour les activités réalisées hors du pays.
Coté IBM, Abdallah Rachidi Alaoui, PDG d'IBM Maroc et Stig Lund, directeur général IBM Global Business Services, Services Integration Hub sont signataires du memorandum d'entente.
IBM S’APPUIERA SUR L'ANAPEC ET LE MINISTÈRE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
L'accord prévoit notamment que IBM s’appuiera sur l'Anapec et le Ministère de l'enseignement supérieur pour ses recrutements qui doivent débuter dès ce mois de juillet.
IBM est présent au Maroc depuis 1932 pour soutenir les services statistiques sous administration française. Ces dernières années, il s’est progressivement renforcé dans le royaume. A côté de son implantation principale située à Casablanca dans le quartier d'affaires de Sidi Maarouf, il a ainsi ouvert en 2012 un second bureau à Rabat
Selon le quotidien L’economiste, IBM Maroc comptait 105 salariés en 2011. Lors de l’ouverture du centre de Rabat en 2012, l’entreprise avait déclaré avoir doublé son effectif au Maroc. Elle devait donc compter environ 220 salariés au Maroc avant la création du futur Global delivery center.
RECRUTER DES JEUNES DIPLÔMÉS EN INFORMATIQUE ET DES PROFESSIONNELS EXPÉRIMENTÉS
Côté emploi, ce projet soulignera “l’engagement d’IBM à nouer des partenariats solides (…) avec des universités et des institutions académiques pour développer des compétences locales dans des technologies d’avenir, comme par exemple le Cloud Computing et le Big Data", indique Abdallah Rachidi Alaoui, le patron d’IBM Maroc.
Il est prévu que le futur centre recrute des jeunes diplômés en informatique et des professionnels expérimentés dans les domaines de l’IT, de l’ingénierie, des mathématiques et de la science de la donnée.
"Le centre offrira également des stages et des projets de fin d’études afin d’attirer les meilleurs talents de la région" selon IBM. Ce projet soutiendra dans les universités marocaines le développement des cursus en sciences informatiques et aidera à développer la nouvelle génération de “compétences IT” au Maroc.
DES PARCS DE BUREAUX DÉDIÉS VISANT LES ENTREPRISES ÉTRANGÈRES
Dans le cadre de la politique industrielle (Plan Émergence), les gouvernements marocains successifs ont, avec d’autres secteurs dont l’automobile ou l’aéronautique, beaucoup misé ces dernières années sur le développement de l’outsourcing informatique ou offshoring, notamment via la création de parcs de bureaux dédiés visant les entreprises étrangères dont le dernier en date est celui de Oujda. Mais des voix s’élèvent pour s’inquiéter du fort turnover dans ce genre d’activité et les perspectives d’évolution du personnel parfois réduites. Dans une interview à Jeune Afrique la semaine dernière Miriem Bensalah Chaqroun, patronne du patronat marocain (CGEM), vient de s’en inquiéter en estimant que “la rotation des salariés est élevée dans ce domaine”. Tout en tempérant son jugement, estimant que “c'est vrai au Maroc comme ailleurs”.
"PERMETTRE LE DÉVELOPPEMENT ET LA PROMOTION DES COMPÉTENCES MAROCAINES DE HAUT NIVEAU"
Alors que ce projet d’IBM s’inscrit d’avantage dans des activités à forte valeur ajoutée que du simple BPO (Business process outsourcing) comme des centres d’appels, le ministre de l’industrie Abdelkader Amara lui n’a pas boudé son plaisir à la signature du projet. Selon lui, il "est amené à croître dans les prochaines années [et] va permettre le développement et la promotion des compétences marocaines de haut niveau aussi bien au Maroc qu’à l’international". Pierre-Olivier Rouaud