Cette mise en garde de l’ancien ministre de l’Intérieur intervient dans un contexte de tensions sociales marquées par des grèves dans plusieurs secteurs. Des mouvements sociaux qui se déroulent sur fond de colère persistante après les cinq jours d’émeutes de début janvier, sans compter l’effet de miroir des événements en Tunisie et en Egypte, suivis via les chaînes de télévision satellitaire, notamment Al-Jazira, bête noire des régimes arabes.
Les travailleurs de la Banque de développement local (BDL) en étaient à leur troisième jour de grève et ne semblaient pas prêts de reprendre le travail tant que leurs revendications ne sont pas satisfaites. «Il n’est pas question de reprendre le travail tant que le directeur général et les responsables syndicaux qui sont à sa solde sont en place», a averti Ali Mahouche, lui-même syndicaliste de base, précisait-il pour marquer sa différence avec «les chefs».
Cette grève de la BDL, qui compte pas moins de 350 agences à l’échelle nationale, fait suite à une tentative d’immolation par le feu d’un agent de sécurité qui réclamait sa titularisation après plus de 20 ans de CDD.
Le secteur de la santé publique est également en proie à des perturbations en raison de la grève des personnels paramédicaux qui se poursuivait mercredi, comme au CHU Mustapha, le plus grand hôpital d’Alger. Les paramédicaux revendiquent la promulgation de leur statut particulier, qui traîne depuis des années au niveau des services de la fonction publique, et demandent également à être intégrés dans le système LMD (Licence-master-doctorat) pour bénéficier d’une formation (Bac+4).
Pour Mme Khodja, représentante des paramédicaux au CHU Bachir-Mentouri de Kouba (banlieue est d’Alger) la corporation «ne veut plus des promesses et interpelle le ministère pour promulguer le statut particulier tel qu’il a été décidé par la commission syndicat/ministère». «Nous poursuivrons notre grève demain et si nos revendications ne sont pas concrétisées nous entamerons une grève illimitée à partir du 8 février», a-t-elle menacé.
La menace de grève plane encore sur le secteur de l’enseignement, après que le ministre de l’Education Boubekeur Benbouzid a obligé les enseignants à dispenser gratuitement des cours supplémentaires aux élèves des classes d’examens samedi, jour férié en Algérie. «Il n’est pas question de faire ces cours, encore moins gratuitement. L’administration pour une heure d’absence non justifiée, elle nous ampute trois journées de salaire», a expliqué à l’Associated Press Aziza Kebri, professeur de langue française et syndicaliste au sein de l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (UNPEF).
Mardi, à l’initiative de la Coordination locale, quelque 15 000 étudiants, selon les organisateurs, ont battu le pavé dans la ville de Tizi-Ouzou (capitale de Kabylie à 100km à l’est d’Alger) en exprimant des revendications à la fois pédagogiques et politiques.
Pour sa part, la Fédération algérienne de football avait annoncé mardi l’annulation de la rencontre qui devait initialement opposer l’équipe algérienne à son homologue tunisienne, au stade d’Annaba, une ville à la frontière algéro-tunisienne. La fédération a justifié sa décision par le fait que le stade n’est pas en état d’accueillir cette rencontre sur laquelle l’entraîneur national comptait beaucoup pour tester son effectif avant de rencontrer en mars prochain le Maroc, dans le cadre des éliminatoire de la coupe d’Afrique.
L’argument de la «fédé» algérienne n’a guère convaincu, beaucoup reliant l’annulation du match à la situation politique en Tunisie et en Algérie.