En outre, les partis politiques doivent avoir l’agrément du ministère de l’Intérieur et des collectivités locales… Autant dire que l’opposition n’a guère l’occasion de se prononcer en Algérie ! C’est donc tout un système qui maintient le Président Bouteflika en place, comme en Tunisie. Par ailleurs, l’Etat a le monopole de l’audiovisuel même si la population en général regarde les chaînes satellitaires et peut être donc bien informée également via Internet.
Autres points noirs de l’Algérie : sa bureaucratie et son fort taux d’urbanisation qui augmente année après année, notamment à Alger qui est devenue une mégapole de plus de six millions d’habitants. Or, la construction de logements n’a pas suivi et ce, dans l’ensemble du pays. Il y a donc une vraie crise du logement, une forte inflation et un taux de chômage important. Comme en Tunisie et au Maroc, le taux de fécondité a reculé, la population est très jeune et l’enseignement s’est développé pour les garçons mais aussi pour les filles bien que ces dernières, malgré la nouvelle constitution de 1988 qui avait inscrit le multipartisme et la liberté d’expression, ne soient pas toujours libres de leurs mouvements et de leurs décisions dans certaines catégories de la population non-instruite. On note aussi le taux « officiel » de 10 % de chômage en Algérie et un fort taux d’émigration notamment vers la France avec environ 900 000 Algériens dont la moitié de Franco-Algériens.
Les Algériens peuvent-ils se révolter ?
Les émeutes en Algérie sont nombreuses dans tout le pays et elles se déroulent depuis des années sans que les médias occidentaux n’en parlent beaucoup à moins qu’il ne s’agisse d’Alger qui centralise toute l’administration. Certains internautes ont relaté que ces derniers jours, le gouvernement aurait tenté de limiter l’accès à Facebook et à Twitter mais aussi l’envoi des SMS. Le président Bouteflika a demandé la baisse des prix de produits de première nécessité comme le sucre ou l’huile. Les services de renseignement et de sécurité maintiennent Bouteflika au pouvoir personnalisé. Beaucoup se plaignent de l’état policier, la police en uniforme et en civil étant présente en force à chaque manifestation partout en Algérie. Là encore, on évoque de la corruption avec un système de clans qui bénéficient des richesses de l’Algérie et des injustices face à la pauvreté qui augmente. Le quartier déshérité de Bal el-Oued à Alger où vivent 100 000 personnes s’est encore révolté récemment face à l’inflation, ce qui semble être un ras-le-bol de la population algérienne dont près de la moitié a moins de 25 ans.
Le système administratif est lourd avec 48 préfectures ou wilayas et plus de 1 500 communes gérées par des sous-préfets très souvent corrompus. Ainsi, les « affaires », soit les scandales, sont nombreux en Algérie et malheureusement la Justice ne semble pas suivre car elle n’a pas de moyens. En outre, l’écart entre les riches et les pauvres est aussi scandaleux qu’en Tunisie.
En résumé : une révolte en masse pourrait bien se produire en Algérie, d’autant plus que les Algériens regardent avec attention ce qui se déroule dans le pays voisin, la Tunisie mais aussi en Egypte. La police, qui semble être toute dévouée au régime en place, pourrait cependant intervenir massivement si on lit les réactions d’internautes que l’on peut glaner ici ou là sur le Net.