On se souvient qu’un bon nombre de miliciens touaregs ont été impliqués dans le mercenariat au profit de Kadhafi. Les stocks d’armes emportés après la chute du régime du tyran libyen ont considérablement renforcé la capacité de nuisance de certains groupes d’agitateurs au Sahel, notamment au Mali, face à des armées régulières mal encadrées et mal équipées.
Le coup d’État du 22 mars 2012 à Bamako a conduit à une agitation qui a favorisé la conquête du nord du Mali par les séparatistes touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et divers mouvements extrémistes prétendument "islamistes". Du coup, les putschistes qui voulaient protester contre la corruption et le manque de moyens accordés aux militaires pour maintenir l’ordre au nord du pays ont favorisé la partition. Les Etats membres de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ont condamné la proclamation d’indépendance des rebelles touaregs, du 6 avril, et réaffirmé leur attachement à l’intégrité territoriale du Mali et au principe de l’intangibilité des frontières. On aurait souhaité que certains de ces Etats, et d’autres membres de l’Union africaine, adoptassent le même principe de sagesse en s’abstenant jadis de reconnaitre un Etat factice au Sahara marocain, inventé de toutes pièces par l’argent de Kadhafi et les services algériens. Sur ce point, on comprend mal comment Alger peut être à la fois contre la partition du Mali et pour la partition du Maroc, en voulant amputer ce pays de son Sahara…
Le Mali septentrional est donc passé sous le contrôle des séparatistes touaregs et des groupes extrémistes Ansar Dîn (proche d’AQMI), Mujao ou, à titre figuratif, le Boko Haram nigérian, sans que l'on sache vraiment qui s'impose à qui. Le risque est de voir s’installer une zone de non-droit où les groupes terroristes et mafieux régneront en maitres, constituant ainsi une base arrière pour leurs activités criminelles. La situation au nord du Mali vient rappeler l’extrême instabilité des régions sahélienne et saharienne. Cette instabilité trouve principalement sa source dans la collusion entre les groupes terroristes d’AQMI ou autres, les organisations de trafiquants de stupéfiants et d’armes, les groupes séparatistes au Sahel ou au Sahara, notamment le Polisario dont on sait qu’il est lié aux nébuleuses d’AQMI dans des affaires de trafic de stupéfiants et des affaires criminelles et terroristes perpétrées aux frontières avec le Mali et la Mauritanie.
Dans ces conditions, l’enjeu majeur est d’œuvrer au maintien de la stabilité dans la région du Sahel et du Sahara grâce à une coopération entre les États de la région et les organisations régionales concernées. A cet égard, l’Algérie qui a une frontière de plus de 1300 kilomètres avec le Mali et une importante minorité touarègue doit enfin abandonner des visées dépassées concernant le Sahara marocain et, au contraire, coopérer avec son grand voisin maghrébin. Or, c’est tout le contraire qui se passe puisque les dirigeants d’Alger s’ingénient à exclure le Maroc de toutes les structures régionales de coopération en matière de sécurité et de défense dans la région, prétextant notamment du fait que le Maroc ne serait pas «un pays du champ » alors que la lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier devrait naturellement regrouper tous les Etats de la région, à commencer par ceux qui ont le plus de capacité et de crédibilité en la matière. En réalité, on en revient toujours à la question du Sahara marocain et l’on voit bien comment ce conflit artificiel, reliquat de la guerre froide entretenu artificiellement par Alger dont la diplomatie a du mal à trouver une cohérence entre le soutien affiché naguère à Kadhafi, la prétention de s’autoproclamer le gendarme du Sahel, l’hostilité à l’instauration Etat de l’Azawad et le soutien à un groupe d’agitateurs visant à la création d’un Etat fantoche au Sahara marocain. En tout cas, il est clair que le conflit du Sahara marocain est aujourd’hui un facteur essentiel de l’instabilité dans toute la région et un obstacle majeur à une coopération sérieuse et efficace en vue de construire un partenariat maghrébin pour la paix, la sécurité et le développement.
Charles SAINT-PROT
Directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques
Le coup d’État du 22 mars 2012 à Bamako a conduit à une agitation qui a favorisé la conquête du nord du Mali par les séparatistes touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et divers mouvements extrémistes prétendument "islamistes". Du coup, les putschistes qui voulaient protester contre la corruption et le manque de moyens accordés aux militaires pour maintenir l’ordre au nord du pays ont favorisé la partition. Les Etats membres de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ont condamné la proclamation d’indépendance des rebelles touaregs, du 6 avril, et réaffirmé leur attachement à l’intégrité territoriale du Mali et au principe de l’intangibilité des frontières. On aurait souhaité que certains de ces Etats, et d’autres membres de l’Union africaine, adoptassent le même principe de sagesse en s’abstenant jadis de reconnaitre un Etat factice au Sahara marocain, inventé de toutes pièces par l’argent de Kadhafi et les services algériens. Sur ce point, on comprend mal comment Alger peut être à la fois contre la partition du Mali et pour la partition du Maroc, en voulant amputer ce pays de son Sahara…
Dans ces conditions, l’enjeu majeur est d’œuvrer au maintien de la stabilité dans la région du Sahel et du Sahara grâce à une coopération entre les États de la région et les organisations régionales concernées. A cet égard, l’Algérie qui a une frontière de plus de 1300 kilomètres avec le Mali et une importante minorité touarègue doit enfin abandonner des visées dépassées concernant le Sahara marocain et, au contraire, coopérer avec son grand voisin maghrébin. Or, c’est tout le contraire qui se passe puisque les dirigeants d’Alger s’ingénient à exclure le Maroc de toutes les structures régionales de coopération en matière de sécurité et de défense dans la région, prétextant notamment du fait que le Maroc ne serait pas «un pays du champ » alors que la lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier devrait naturellement regrouper tous les Etats de la région, à commencer par ceux qui ont le plus de capacité et de crédibilité en la matière. En réalité, on en revient toujours à la question du Sahara marocain et l’on voit bien comment ce conflit artificiel, reliquat de la guerre froide entretenu artificiellement par Alger dont la diplomatie a du mal à trouver une cohérence entre le soutien affiché naguère à Kadhafi, la prétention de s’autoproclamer le gendarme du Sahel, l’hostilité à l’instauration Etat de l’Azawad et le soutien à un groupe d’agitateurs visant à la création d’un Etat fantoche au Sahara marocain. En tout cas, il est clair que le conflit du Sahara marocain est aujourd’hui un facteur essentiel de l’instabilité dans toute la région et un obstacle majeur à une coopération sérieuse et efficace en vue de construire un partenariat maghrébin pour la paix, la sécurité et le développement.
Charles SAINT-PROT
Directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques