Il y à pire que la trahison, c'est le soupçon de la trahison", écrivait Shakespeare. Il est pourtant, aujourd'hui, aisé de constater que la nature de la relation qui nous unit à notre voisin algérien est empreinte de cet état d'esprit. De nombreux éléments viennent corroborer cet état de fait.
Interrogeons l'histoire récente des relations entre ces deux pays, et, à cet égard, une anecdote me semble révélatrice des turpitudes de l'armée algérienne en vue du sabotage de tout rapprochement entre nos deux pays.
Lors du sommet qui réunit sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu ait son âme, et le Président Chadli en 1987 à Akid Lotfi, le Président algérien arriva après un certain retard à la réunion prévue avec Sa Majesté, en raison de l'absence sur les lieux et en temps voulu de sa voiture blindée; en misant sur une réaction du Roi,
le complexe militaro-industriel de l'armée algérienne espérait faire capoter la rencontre et empêcher tout rapprochement entre les deux chefs d’Etat.
Le Président Chadli avait alors, par la suite, eu des mots très durs à l'égard des deux généraux en charge des affaires de la Présidence, son Directeur de Cabinet Belkheir et son Directeur du protocole, Ben Kortbi. La patience, la sagesse et le fait qu'il était bien informé sur l'Algérie firent que SM le Roi attendit son interlocuteur, et le sommet se déroula dans de bonnes conditions, laissant même entrevoir un possible règlement du problème du Sahara marocain.
Il faut bien comprendre, pour connaître les motivations des généraux algériens, que les défaites de la Guerre des sables et de la bataille d'Amgala n'ont jamais été digérées, et que la création du Polisario par Kasdi Merbah et sa tristement célèbre Sécurité Militaire visait à déstabiliser le Maroc de façon indirecte vu que
la preuve avait été fournie qu'une confrontation directe ne mènerait à rien.
Séquelles
La junte militaire au pouvoir en Algérie depuis l'indépendance continue de vivre sur les séquelles psychologiques des défaites cuisantes subies par l'ANP face aux FAR. Cet élément, véritable et unique dénominateur commun des militaires déchirés par la course à la fortune, continue aujourd'hui d'alimenter la haine anti-marocaine que connaissent les officiers algériens.
Plus récemment, et lors de sa première sortie d'Algérie, le Président Mohamed Boudiaf, homme d'honneur qui espérait réparer les dégâts occasionnés par la junte et ainsi régler la dette d'honneur de l'Algérie à l'égard du Maroc, qui l'a épaulée dans sa lutte pour l'indépendance, espérait régler définitivement le problème
en reconnaissant officiellement la marocanité du Sahara.
Lors de sa visite à Rabat, et voulant s'entretenir en tête-à-tête avec SM le Roi, il était flanqué de son ambassadeur Allahoum, ancien colonel de la Sécurité Militaire et directeur de cabinet de Boumedienne et qui tenta de l’empêcher de discuter seul avec SM le Roi, qui dut faire intervenir son protocole pour dégager ce diplomate militarisé manquant de tact, et qui avait reçu des instructions claires d'Alger pour contrôler tout ce que ferait le Président. On connaît la suite et la fin du Président Boudiaf, qui n'avait pas suivi l'interdiction faite par le tristement célèbre Général Mediene, alias Tewfik, de ne pas se rendre au Maroc.
Aujourd'hui encore, et malgré la volonté clairement affichée par Bouteflika au début de son mandat de se rapprocher du Maroc et de régler le problème, il a vite été rappelé à l'ordre par les composantes de ce complexe militaro- industriel qui ne veulent pas d'un rapprochement avec le Maroc, pensant garder cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, nous empêchant de nous développer et de devenir le pôle géostratégique de la région, et ce, sans gaz ni pétrole.
Malheureusement pour eux et heureusement pour nous, et pour mille et une raisons, nous restons optimistes, car c'est dans notre nature, et continuons de subir la bassesse, la jalousie et la haine d'une junte militaire en pleine déliquescence, rejetée par tout un peuple frère, qui ne méritait pas un tel destin.
Accuser Bouteflika qui n'est qu'un minuscule pion sur l'échiquier, et qui sera suivi bientôt par un autre qui est en préparation, ne mènera à rien tant que le peuple algérien frère ne se sera pas débarrassé de cette junte qui pollue son existence depuis 1962.
Que Dieu ait l’âme de SM Mohammed V en sa sainte miséricorde, lui qui voulait attendre que les frères algériens soient indépendants pour régler le tracé des frontières.
Souffle, souffle, vent d'hiver, tu n'es pas aussi cruel que l'ingratitude de l'homme.