Loin des événements de Gdeim Izik et de la tintamarresque récupération médiatico-politicienne dont ils font l'objet en péninsule ibérique, les échanges ont repris tant bien que mal. En banlieue new-yorkaise, la résidence Greentree de Manhasset a abrité, du 16 au 18 décembre, la 4e session des pourparlers informels sur le Sahara.
A l'invitation de Christopher Ross, envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, la rencontre a regroupé outre la délégation du Maroc, des représentants de l'Algérie, de la Mauritanie et du polisario. Selon l'ONU, ces pourparlers sont l'occasion d'explorer des «approches novatrices pour essayer de créer un environnement qui serait plus propice au progrès» des négociations. Justement, que ce soit durant les quatre rounds des discussions directes ou au sein des trois rencontres informelles, le Maroc est toujours resté grand seigneur. Primo, la délégation marocaine n'a jamais failli à son devoir de réserve durant les rencontres, tandis que les négociateurs algériens et polisariens ont toujours procédé par fuite en avant en violant la discrétion requise durant les échanges. Chose qui dénote d'un sentiment de faiblesse et de peur de la solidité de la position marocaine. Secundo, il n'y a pas eu une seule rencontre où la partie adverse ait présenté un projet ou ne serait-ce qu'une ébauche qui peut concurrencer la proposition marocaine d'autonomie pour ses provinces du Sud.
Plus encore, le Maroc a fait des efforts de grande facture depuis 2006 que personne ne peut contester au sein même de la junte séparatiste. Aujourd'hui que prend fin la 4e réunion informelle, l'on se demande quel argument fallacieux reste encore dans l'escarcelle du polisario et son mentor algérien pour aller à un cinquième round des négociations officielles. Entamées en août 2009 en Autriche, les rencontres informelles sont censées baliser le terrain à des échanges qui puissent entrer dans le vif du sujet. Toutefois, alors que les négociateurs marocains poussent vers une solution d'avenir, sur la base des différentes résolutions du Conseil de sécurité, leurs vis-à-vis polisaro-algériens entonnent la même rengaine de la thèse référendaire, aujourd'hui inapplicable. Ces derniers font constamment fi de l'évolution que le dossier connaît à la lumière des résolutions onusiennes.
Notons au passage que les échanges s'inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre des résolutions 1813 (2008), 1871 (2009) et 1920 (2010) du Conseil de sécurité. Elles appellent les parties à entrer dans une phase de négociations intenses et substantielles en tenant compte des efforts déployés par le Maroc depuis 2006 et en faisant preuve de réalisme et d'un esprit de compromis. Toutefois, les agissements des adversaires de l'intégrité territoriale du Royaume compromettent toute avancée dans ce sens. Lors de la discussion, vendredi dernier, de son budget sectoriel en commission de la Chambre de conseillers, le chef de la diplomatie, Taieb Fassi Fihri, a affirmé que les négociations «n'ont enregistré aucun progrès concret, si l'on exclut l'accord de tenir une nouvelle rencontre».
Toutefois, malgré l'entêtement de l'autre partie à torpiller le processus par de vils moyens, le Maroc reste attaché aux principes de respect de l'autre, fort de son enracinement historique dans ses territoires du Sud. La délégation marocaine, selon le ministre, avait souligné la nécessité de conférer une nouvelle dynamique aux négociations, non seulement dans le sens de garantir leur poursuite, mais également de les activer en fonction des moyens et d'une méthodologie novatrice pour parvenir à la solution politique escomptée. En tout cas, les rencontres se multiplient et se tiennent à intervalles courts, un signal peut-être de l'approche d'une solution. En effet, le polisario se ronge de l'intérieur dans un enchaînement d'implosions dont le dernier acte et non des moindres est la position courageuse de Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud en faveur de l'autonomie pour les provinces du Sud. Crevant l'abcès, l'initiative de cet originaire de Smara a eu l'effet d'un déclic menant à un grand ralliement à la proposition marocaine au sein de sa tribu et d'autres dans les camps de Tindouf.