A présent l’Algérie affiche une couleur ocre et sandre. Les algériens importent plus de 95% de leurs besoins alimentaires. Les rues et ruelles d’Alger, autre fois appelée "El Bahdja" ou "La Blanche" sont à présent recouvertes de crasse et exhalent des puanteurs à des dizaines de kilomètres à la ronde. Les villes martyres de Bagdad et de Kaboul, en guerre, sont mieux entretenues et plus accueillantes qu’Alger, en paix.
Quand on a la chance ou la malchance d’avoir connu Algérie au temps de sa splendeur et de la voir dans quelle état elle se trouve aujourd’hui, une question s'impose : à quelle calamité comparer l’indépendance l’Algérie ? l'indépendance n'est-elle pas synonyme d'une succession invasion permanent de nuées de sauterelles et de criquets géants, elle n’aurait peut pas subi autant de dégâts et d'outrages probablement irréversibles.
« …Quand ils ont besoin de supports pour leurs chaudrons, ils détruisent les murs des habitations. Quand ils ont besoin de chevrons pour hisser leurs tentes, ils démontent les toits des maisons. Quand ils cueillent des fruits, ils dévastent les arbres. Quand ils récoltent des légumes, ils saccagent le verger », Ibn Khaldoun, auteur du 14ème. « Là où ils (La secte des bénis Hilal), passent, ils ne laissent ni demeures habitables ni arbres sur pieds », même auteur. Avant d’ajouter sa fameuse sentence, connue de tous : «Idha 3ouribet khouribet » (là où passent les arabes (bénis Hilal) le désert les suit ».
A chaque fois que je vois dans quelle état se trouve mon pays, je compare immédiatement le dirigeants algériens à la fanatique secte des bénis Hilal qui ont envahi l’Algérie au 11ème siècle.
Qui est responsable et comment réparer les dégâts. Les dirigeants algériens ont confisqué l’indépendance et pris en otage les algériens au nom d’une légitimité révolutionnaire plus que douteuse. Ils ne semblent point gênés par le fait qu’ils aient éliminé directement ou par des moyens inavouables, physiquement et/ou politiquement, au mois sept fondateurs de la révolution algérienne sur neuf historiques. Par ailleurs, un demi après la fin de la colonisation l’Algérie, au moins 80% des algériens sont né après l’indépendance, ils n’ont légitimement rien à secouer de la légitimité révolutionnaire quand bien même elle serait avérée. Invoquer encore une pareille pour légitimer pour faire avaler l’amère pilule de : la mise à sac du pays, et de la frustration des jeunes de leur droit à la survie, et/ou les contraindre à l’exil, ne s’apparente-t-il pas à une provocation directe ?
Le pouvoir algérien et lui seul est responsable : et de la ruine économique, et de la catastrophe sociale, et de la déchéance humaine, et du manque de repère identitaire, et de la perte de confiance entre dirigeants et dirigés, et de la guerre civile passée, actuelle et à venir si les pressions politiques et sociales persistent et si le pouvoir refuse d’ôter le couvercle pour permettre au chaudron social, avant son explosion, de respirer le grand air des libertés.
L’Algérie, pour qui sait l’écouter, appelle à un grand changement. Ses dirigeants actuels ont vieilli et pris des plis. Ils ont définitivement perdu la confiance des algériens. Dire qu’ils appartiennent à une caste d’incorrigibles malappris politiques n’a rien d’injurieux ni d’exagéré. Les algériens ont un besoin urgent de changer de personnel politique. Le leur refuser conduira immanquablement la société algérienne vers l’asphyxie et vers des soubresauts incontrôlables.
Confier ce changement aux tenants du pouvoir actuelle et à l’armée reviendrait à inviter les algériens à prendre les maquis à la première occasion qui leur sera offerte. C’est à-dire vouloir sacrifier l’Algérie pour sauver le régime. En 1954, les algériens n’ont pas attendu le système colonial pour leur offrir leur liberté. A chaque génération suffit sa peine. Pour beaucoup d’algériens, leur régime n’est pas moins cruel que le régime colonial.
Sacrifier le régime pour sauver l’Algérie. Un changement politique global s’impose naturellement en Algérie et ailleurs. Deux choix s’offrent aux algériens. Ce changement peut-être pacifique ou violent. L’intérêt des tenants du pouvoir se trouve dans la sphère politique, dans un changement pacifique. Dans une démocratie : sans exclusive, transparente et non-faussée.
A défaut d’un changement pacifique dans un délai raisonnable, sans doute les algériens recourront-ils à la violence pour l’imposer à leurs dirigeants. Alors ces dirigeants doivent se souvenir d’un fameux proverbe de chez-nous : « Darha edhdhib kherjet fi oualadou » (les enfants paieront pour les crimes de leur père). A bon entendeur salut.