Moustapha Ould Sidi Mauloud, premier haut responsable du Polisario à avoir, lors d’une conférence de presse, déclaré être favorable à la proposition marocaine d’autonomie des provinces sahraouies. Il est même allé plus loin en disant qu’il va repartir aux camps de Tindouf et tenter de convaincre la direction du Polisario de souscrire à cette proposition.
Il a quitté Laayoune, à l’aube de ce lundi à destination de la Mauritanie d’où il compte rejoindre les camps du Polisario.
Au cours d’un entretien exclusif diffusé par la chaîne de télévision régionale de Laayoune Ould Sidi Mauloud a annoncé qu’il vient d’apprendre que sa femme restée aux camps a accouché d’une fillette. Cette fille qu’il a hâte de voir, Moustapha lui a donné le prénom de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meriem, sommet de la pyramide à laquelle appartiennent les Chorfas Labeihat dont il est originaire.
L’entretien de Ould Sidi Mauloud a porté sur plusieurs sujets. Dans le premier sujet il s’est remémoré les conditions de son kidnapping, lui, sa mère et l’une de ses sœurs.
C’était, dit-il, à la suite de l’opération de Rbeib- un oued à 12 kilomètres à l’ouest de Smara-. Une opération au cours de laquelle un obus est tombé sur la maison de sa famille tuant deux de ses sœurs. Il avait 9 ans. Sans se soucier de ce qui venait de se passer, il jouait avec des enfants dans la rue, lorsqu’il vit les gens embarquer dans des véhicules, il les suivit n’ayant aucune idée de la destination qu’ils allaient prendre. Ce jour là, 700 sahraouis, tous appartenant à sa tribu avaient été embarqués dans un kidnapping collectif. Arrivé aux camps il retrouva sa mère et sa sœur qui avaient été embarquées d’un véhicule différent. Sa mère était enceinte de 8 mois. Son enfant qui vit le jour un mois plus tard est l’un des premiers natifs de Lahmada.
En racontant cette anecdote, il était ému et se demandait qui était responsable de ce kidnapping collectif, dans lequel le gosse innocent de 9 ans qu’il était, avait perdu sa famille, du jour au lendemain.
Il souhaite connaître le responsable de son drame et de celui de ses 700 compagnons d’infortune et le voir, un jour déférer devant un tribunal et condamner pour kidnapping collectif.
Commençaient, alors l’endoctrinement et la galère des camps où tout choix était soumis à l’approbation de la direction du Polisario.
Qu’il s’agisse de l’orientation dans la scolarité ou dans la formation.
Ainsi, pour lui, le choix était établi pour une formation dans la police.
Dans le deuxième sujet qu’il a abordé lors de l’entretien, ould Sidi Mauloud a décrit la misère dans laquelle vivent les habitants des camps et le marchandage pratiqué par les dirigeants du Polisario pour asservir les gens et les soumettre aux volontés de la direction, sans quoi, leur ration était suspendue. Décrivant l’intoxication à laquelle les habitants des camps étaient soumis, il a indiqué que des spécialistes leur faisaient une description du Maroc comme étant un enfer policier et quiconque y entrait avait peu de chance d’en sortir vivant. Cette description diabolique, une majorité des populations des camps continuent d’y croire et d’en être effrayées. D’où leur rejet de tout contact éventuel qu’ils voient comme des diables déguisés.
Dans le troisième sujet Ould Salma a parlé de sa visite au Maroc. N’ayant pas vu son père depuis l’âge de neuf ans, il a décidé d’affronter le diable qui lui était décrit et de se rendre dans cet état policier décrié par l’intoxication du Polisario.
A sa surprise, lui le policier de formation, les postes de contrôle qu’il a vus depuis son entrée à partir du poste de Guergarate, sont anodins et correspondent à l’idée qu’il a de tous les postes de contrôle dans le monde moderne. Lui qui était porteur de la nationalité mauritanienne, il n’a rencontré aucun obstacle, ni entrave policière pour se rendre de Guergarate à Smara.
Il a rejoint son père à Smara où sa surprise était grande. Lui qui avait gardé de Smara l’image d’un petit village perdu dans le désert, s’est trouvé dans une ville moderne où toutes les conditions d’une ville étaient réunies. Cette image et la situation qu’il avait découverte dans toute les provinces sahraouies étaient aux antipodes de ce qui les endoctrineurs du Polisario inculquaient aux sahraouis dans les camps.
Ould Sidi Mauloud a déclaré qu’il a eu à s’entretenir avec des jeunes et des moins jeunes de la situation politique, économique, culturelle, et de la situation des libertés. Le constat qu’il a établi l’incite à adresser un message à tous les sahraouis dont la plupart ont accueilli avec beaucoup d’espoir la proposition marocaine d’autonomie, que cette proposition est la seule qui soit réaliste qui leur permet d’être chez eux dans un état viable et démocratique.
Ce message, il l’adresse essentiellement aux autochtones qui vivaient sous le drapeau espagnol avant de rejoindre les camps. Ceux-là, dit-il, sont plus concernés que les sahraouis de Mauritanie, d’Algérie, des provinces marocaines de Tantan, Guelmim, etc…. Car ajoute-t-il, ceux là sont les otages dans le désert algérien pour satisfaire les revendications des autres sahraouis qui n’ont jamais quitté leur pays et qui, si jamais le Sahara était indépendant, n’y viendront pas.
Aussi, les sahraouis qui sont dans les camps et qui représentent le plus grand nombre de sahraouis en dehors du Sahara marocain, nous sommes les otages d’idées qui ne sont pas les nôtres.
Le dernier sujet qu’il a traité est relatif à l’absence de liberté de circuler et de démocratie. A ce sujet il a déclaré que Mohamed Abdelaziz nomme les membres de la permanence du parti qui sont les seuls à voter pour son élection depuis qu’il a pris le pouvoir. Il le défie de se présenter à un suffrage universel direct. Il est certain de ne jamais être élu, et il ne va pas s’y risquer.
Il défie tout autre sahraoui relever une seule fausse déclaration qu’il aurait faite tout au long de cet entretien.
Enfin, a-t-il dit, je parts ce lundi à l’aube, sachant que j’ai fait une déclaration qu’aucun sahraoui n’ jamais eu l’audace de faire depuis qu’il y a un conflit. Mais je suis un bon musulman qui croit en on destin et je n’aurai que ce qui est écrit.
Rappelons que Ould Sidi Mauloud a adressé, dans le courant de ce mois, une lettre au président du CCDH, l’informant de son intention de rejoindre sa famille dans les camps et des représailles auxquelles il risque de faire face, afin que le CCDH prenne les mesures qui sont supposées lui porter secours dans les camps. Mais cet appel au secours qu’il a lancé saura-t-il le tirer de la gueule du loup dans laquelle il s’est jeté ?
Ahmadou Laayoune