L’implication des services secrets algériens dans l’enlèvement (nuit du 26 au 27 mars 1996) et l’assassinat (fin avril ou début mai) des sept moines de Tibéhirine se précise.
Dans un témoignage-fleuve, livré au juge Marc Trévidic le 22 mai dernier, Karim Moulai, un ancien membre du Département du renseignement et de la sécurité (DRS, service de renseignement algérien), apporte sur toute l’opération de très précieux détails. Nous avons pu consulter les réponses écrites du témoin aux questions, elles aussi écrites, du magistrat français. Une version filmée de leur échange, long de plus de six heures, devrait prochainement être versée au dossier.
«Ils ont été tués parce que les autorités françaises avaient envoyé un émissaire secret chargé d’établir le contact avec le GIA. Il a essayé de négocier directement avec Zitouni», écrit Karim Moulai. Pris à leur propre piège, les services algériens n’ont plus d’autre choix que de se débarasser des moines. Ces derniers sont torturés à mort. A en croire Moulai, «dix personnes au moins» participent à leur assassinat.
Il cite les noms de quatre d’entre elles: toutes sont membres de la DRS. L’assasinat des moines aurait été commis le 26 ou le 27 avril, à Blida, au sein même de l’antenne locale du DRS. Le 21 mai, un communiqué signé Zitouni le revendique. Neuf jours plus tard, seules les têtes des religieux sont retrouvées. «Pour quelle raison n’a-t-on restitué que les têtes des moines?», demande le juge Marc Trévidic. «Si on avait examiné les corps, on se serait rendu compte que ce n’était pas l’oeuvre du GIA», rétorque Moulai. L’ancien agent du DRS est formel: Djamel Zitouni, lui-même, a été exécuté «au même moment que les moines». «Il fallait dissuader quiconque de révéler ce qui s’était réellement passé».
LeParisien.fr