«Toutes ces infrastructures de base, ces mégaprojets, c’est pour qui?» «On construit pour quel peuple?», s’est interrogée la première responsable du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, à Alger, au cours des travaux du comité central de sa formation.
«Le pouvoir d’achat de la majorité des Algériens ne leur permet pas d’en jouir et d’en consommer», regrette-t-elle. «Entre 5 et 7 millions d’Algériens vivent de la charité, c’est scandaleux!», a déploré la secrétaire générale du Parti des travailleurs.
Dans le contexte du mois de Ramadhan, la responsable du PT a estimé que les 3000 DA du couffin de Ramadhan suffisent à peine pour nourrir une famille moyenne. Ce que perçoit un smicard, soit 15.000 DA est l’équivalent de 5 jours du strict minimum pour faire vivre une famille moyenne. «C’est très grave!», regrette Mme Hanoune. Cela fera dire à la pasionaria du PT: «Un très large fossé et une fracture sociale profonde». A cela s’ajoute «la prolifération du travail au noir ou sans aucune couverture sociale», indique-t-elle, en citant les chiffres de l’ONS selon lesquels 50% de travailleurs triment sans aucune assurance sociale. Outre la persistance de la confusion et des contradictions multiples à tous les échelons du pouvoir, il faut admettre, selon Mme Hanoune, que «la politique de l’emploi adoptée par le gouvernement est un échec cuisant». Cette politique est qualifiée par l’oratrice de «fuite en avant» en ce sens que l’institution d’une échelle mobile des salaires s’avère «une nécessité afin de retrouver la sérénité». En évoquant l’enveloppe consacrée au programme d’investissement public du quinquennat 2010-2014, ou les 286 milliards de dollars, Mme Hanoune a soulevé moult questions: «Concrètement, qui gère ces projets? Et sur quel niveau? qui contrôle ces sommes colossales?» En sachant qu’il y a «un chevauchement des prérogatives», souligne-t-elle. «Si les prérogatives des uns et des autres ne sont pas clarifiées ça sera la porte ouverte à la corruption et toutes sortes de malversations», estimera Hanoune.