Dans un monde arabe peu rassurant, les élections marocaines du 4 septembre sont riches d’enseignements sur la stabilité de ce pays de 33,8 millions d’habitants. Ce scrutin confirme d’abord la poursuite, sans à-coup, des réformes voulues par le roi Mohammed VI en 2011.
Après un début de contestation, il avait octroyé une nouvelle Constitution et permis des élections, remportées par les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD), dirigé par Abdelilah Benkirane, qui deviendra premier ministre fin novembre 2011.
La progression des islamistes du PJD peut inquiéter, notamment dans les zones urbaines. Ils mettent la main sur les grandes villes, dans le prolongement de leur victoire aux dernières législatives. Aux régionales, le PJD arrive en tête avec 25,6 % des suffrages, devant le libéral Parti Authenticité et Modernité (PAM, 19,4 %), créé par un proche du roi.
Le parti islamiste s’impose dans cinq des douze régions (dont Casablanca, Rabat et Fès). Aux communales, il n’est que troisième (15,9 %) derrière le PAM (21,1 %) et l’Istiqlal (conservateur, 16,2 %), mais il fait plus que tripler son score et s’empare même d’Agadir, un fief historique de la gauche. Le PJD a bâti son succès sur son combat contre la corruption. Il rassure par son conservatisme sur la famille, le mariage, l’éducation.
Puissant, il se sait aussi sous la surveillance du Palais et veille à respecter la “ligne rouge” : le respect absolu du roi, à la fois souverain politique et commandeur des croyants. Ce modus vivendi propre à la monarchie chérifienne est la plus belle expression de l’exception marocaine.
Frédéric Pons