Alors que la fin du pouvoir de Bouteflika se dessine et que l’Algérie est sur le point de clore tout un chapitre de son histoire mouvementée, celui du maintien aux commandes de la génération issue de l’indépendance et d’un système aujourd’hui à bout de souffle, la persistance de l’agitation – grèves, manifestations, révolte dans le Sud – révélatrice du profond malaise social et de la faillite économique du pays le plus riche de l'afrique du nord fait que celui-ci n’est plus à l’abri d’une plus grande instabilité.
Pour beaucoup, la fin du règne d’Abdelaziz Bouteflika marque la fin d’une époque. Cela pourrait mettre un terme à la mainmise sur les richesses et les institutions de l'algérie par les mêmes clans politiques et militaro-sécuritaires qui dirigent l’Algérie depuis son accès à l'indépendance en 1962. Cela permettrait certainement l’arrivée au pouvoir des nouvelles générations qui attendent au fond du coin, qui tiendront compte de la diversité culturelle du pays, se concentreront sur l’édification d’une économie capable de survivre à l’après-pétrole et bâtiront la nécessaire réconciliation avec notre pays le Maroc.
La bataille pour la succession se joue aussi au FLN, qui peine à élire un nouveau secrétaire général, plusieurs mois après la destitution d’Abdelaziz Belkhadem le 31 janvier dernier. Le clan qui contrôlera le FLN gagnera la presidence. Par ailleurs, l’absence politique prolongée du chef de l’État algérien commence à se faire sentir en Algérie. Aucune décision importante ne pourrait être prise en l’absence de Bouteflika, ni le Haut conseil de sécurité, ni le Conseil des ministres ne peuvent se réunir.
Au niveau du peuple algérien, on se prépare au pire des scénarios. Des doutes sont exprimés sur les intentions cachées du système, qu’on soupçonne de vouloir gagner du temps pour «imposer encore une fois un nouveau Président». Dans les coulisses et dans les slons privés, les concertations élargies se penchent sur les moyens à même de faire pression sur «les décideurs pour remettre le pouvoir au peuple».
Contrôler la manne financière et la machine électorale. A l’approche de la présidentielle d’avril 2014, les grandes manœuvres s’intensifient. La bataille entre les différents clans au pouvoir se décline sur le terrain par des manœuvres pour le contrôle du FLN et de Sonatrach. Le parti, véritable machine électorale, peut assurer la victoire finale à n’importe quel candidat choisi par le système. Le groupe pétrolier possède le nerf de la guerre : l’argent. Et même en situation de crise ouverte depuis longtemps, le FLN reste un appareil d’Etat au service d’un candidat du pouvoir.
Et en attendant que le Président se prononce sur son avenir à El Mouradia, une autre bataille pour le contrôle de Sonatrach est en cours. Le scandale de corruption qui a ébranlé cette compagnie début 2010 et éclaboussé l’ex-ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, qui était très proche du président Bouteflika, a rebondi en Italie. La presse italienne a révélé que 200 millions d’euros de pots-de-vin ont été versés par Saipem à des responsables algériens pour obtenir des contrats avec Sonatrach d’une valeur de 11 milliards de dollars.
Des révélations qui touchent directement le cercle présidentiel. « Ces attaques servent les intérêts des adversaires du Président et les opposants à un quatrième mandat. Elles montrent que le règne de Bouteflika a été marqué par une grande corruption », analyse le même responsable. Tacticien redoutable, le président Bouteflika garde le silence sur ces affaires de corruption et sur ses intentions pour 2014.
Le retour d’Abdelaziz Bouteflika a incontestablement reboosté le clan d’Oujda, déboussolé par une information parasitée par les fuites ou les maladresses d’un gouvernement qui ne savait plus à quel saint se vouer. A la présidence Saïd Bouteflika reprend ses « fonctions » ; il menace et ordonne à tout va. Le FLN mis au frigo par les services pendant trois mois frétille à nouveau. Le premier à faire les frais de la renaissance des pro-Bouteflika c’est Belayat, chargé de bloquer les instances de direction pour priver les partisans du président d’un lieu de rencontre et de revendications. Il est ouvertement accusé d’abuser d’une fonction d’intérim pour « paralyser le parti ».
Aussi, lit-on dans Le Soir d’Algérie que la première instruction qu’aurait donnée le Président à son retour à Alger se rapporterait à la réactivation urgente, impérative et sans délai du fonctionnement « normal » du FLN, exigeant en particulier la convocation de la fameuse session extraordinaire du Comité central, ni clôturée, ni laissée ouverte depuis le 1er février, lors de la destitution de Abdelaziz Belkhadem, va reprendre début septembre prochain. « Les relais traditionnels du Président au sein du FLN et même en dehors entreront très prochainement en action, soit juste après l’Aïd pour la mise en application de cette injonction », écrit le journal.
Réunir le Comité central ? « Pas question ! », répond le clan d’en face, conscient que la situation n’est pas à son avantage. « La situation ne s’y prête pas », réplique-t-on, sans trop donner de détails. En fait, la stratégie des adversaires consiste à gagner du temps jusqu’en hiver, de sorte que la candidature du clan de Bouteflika lui-même ne puisse bénéficier des mécanismes de désignation du cardinal par le Saint-Siège et que le Grand Parrain soit privé d’appareil de cooptation. Ce serait alors la porte ouverte à la désignation par le RND, comme c’était le cas du temps de Liamine Zéroual ou par n’importe quelle autre chapelle qui échapperait au clan de Bouteflika.
Perfidement, le clan anti-Bouteflika suggère de prolonger la mission de « l’intérimaire » Belayat jusqu’au mois de mars 2015, date de la tenue du congrès, ou encore la création d’une direction collégiale « dans laquelle seront représentées toutes les tendances au sein du parti » de façon à contourner le Comité central. Mais c’est mal connaître l’obstination des bouteflikistes : des députés FLN ont déjà demandé une autorisation au wali d’Alger pour la tenue d’un Comité central extraordinaire. « Scandaleux ! », répondent leurs adversaires qui révèlent que « ces députés ne sont pas membres du Comité central et n’ont donc pas le droit de convoquer cette réunion ».
Quelle sera l’attitude de l’armée ou des clans de l’armée lors du prochain rendez-vous électoral. La question est légitime, d’autant que la «grande muette» nous a habitués à peser de tout son poids dans le choix des locataires du palais d’El Mouradia. Et la présidentielle de 2014 ne devrait pas, selon les observateurs de la scène nationale, être différente des précédentes. Selon eux, la joute sera fermée, comme d’habitude, et l’institution militaire ne restera pas les bras croisés, d’autant plus que la maladie du président Bouteflika a chamboulé l’agenda du régime en remettant en cause, définitivement, l’option d’un quatrième mandat.
Mais qui sera l’heureux élu de l’armée et du DRS ? Le candidat du «consensus» est-il déjà préparé ? Quel est le rôle que jouera l’institution militaire ? En tout cas, les candidats du système sont nombreux. Certes, ils ne se sont pas engagés officiellement, mais ils restent en embuscade dans l’attente d’un signal qui viendrait des Tagarins. Il y a d’abord le candidat malheureux à la présidentielle de 2004, Ali Benflis. Ce dernier se prépare au prochain rendez-vous depuis plusieurs années déjà. Mais il n’affiche pas ses ambitions publiquement. Même quand il est appelé, officiellement, par des militants du FLN à annoncer sa candidature, Ali Benflis ne dit toujours rien. Il attend. Comme lui, Mouloud Hamrouche, un autre enfant du système et cadre du FLN, nourrit l’espoir de briguer un mandat présidentiel. Ces derniers jours, ses proches ont confirmé, dans une déclaration à El Watan, que l’homme envisage sérieusement de concourir au prochain grand rendez-vous. Mais il lui faut, semble-t-il, une caution de l’armée.
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika ne reprendra pas de sitôt ses activités. Probablement encore un mois avant que l'actuel locataire du palais d'El Mouradia puisse retourner travailler, même allégée une reprise est exclue par ses médecins. De toute évidence, les séquelles de l'accident vasculaire cérébral survenu le 27 avril dernier sont bien plus lourdes que ce qu'annonçaient les communiqués officiels.
Depuis son retour, le chef de l'Etat algérien n'a pas quitté sa résidence privée de Zéralda (à l'ouest d'Alger), où il dispose, depuis janvier 2005 lors de l'apparition de sa maladie, d'un hôpital ultra sophistiqué et doté de tous les appareils nécessaires au suivi de sa maladie, qui lui avait valu un premier séjour à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris. Son entourage s'occupe soigneusement de faire le vide autour de lui, il ne rencontre personne, à l'exception de sa famille. Il n'a eu, depuis le 16 juillet, qu'un ou deux contacts avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui expédie les affaires courantes, mais n'a aucune latitude pour prendre des initiatives politiques. De fait, l'Algérie fonctionne au ralenti et le Conseil des ministres ne s'est pas réuni depuis décembre 2012. Au total, il n'y a eu que 8 Conseils des ministres en 31 mois.
La plupart des candidats putatifs ne comptent pas parmi les amis du président, et n'ont par conséquent aucun moyen de connaître ni ses intentions ni celles de ses proches. Si la maladie ne vient pas dégrader encore son état physique, Abdelaziz Bouteflika restera accroché à son fauteuil jusqu'en avril 2014. S'il le peut, il tentera de peser sur le choix de son successeur. Cela fait beaucoup de conditionnel. Machiavel avait coutume de dire: "le pouvoir rend fou, le pouvoir absolu, rend absolument fou". En Algérie, c'est tout un peuple qui enrage d'être ainsi suspendu à la soif de pouvoir d'une famille.
La bataille pour la succession se joue aussi au FLN, qui peine à élire un nouveau secrétaire général, plusieurs mois après la destitution d’Abdelaziz Belkhadem le 31 janvier dernier. Le clan qui contrôlera le FLN gagnera la presidence. Par ailleurs, l’absence politique prolongée du chef de l’État algérien commence à se faire sentir en Algérie. Aucune décision importante ne pourrait être prise en l’absence de Bouteflika, ni le Haut conseil de sécurité, ni le Conseil des ministres ne peuvent se réunir.
Au niveau du peuple algérien, on se prépare au pire des scénarios. Des doutes sont exprimés sur les intentions cachées du système, qu’on soupçonne de vouloir gagner du temps pour «imposer encore une fois un nouveau Président». Dans les coulisses et dans les slons privés, les concertations élargies se penchent sur les moyens à même de faire pression sur «les décideurs pour remettre le pouvoir au peuple».
Contrôler la manne financière et la machine électorale. A l’approche de la présidentielle d’avril 2014, les grandes manœuvres s’intensifient. La bataille entre les différents clans au pouvoir se décline sur le terrain par des manœuvres pour le contrôle du FLN et de Sonatrach. Le parti, véritable machine électorale, peut assurer la victoire finale à n’importe quel candidat choisi par le système. Le groupe pétrolier possède le nerf de la guerre : l’argent. Et même en situation de crise ouverte depuis longtemps, le FLN reste un appareil d’Etat au service d’un candidat du pouvoir.
Et en attendant que le Président se prononce sur son avenir à El Mouradia, une autre bataille pour le contrôle de Sonatrach est en cours. Le scandale de corruption qui a ébranlé cette compagnie début 2010 et éclaboussé l’ex-ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, qui était très proche du président Bouteflika, a rebondi en Italie. La presse italienne a révélé que 200 millions d’euros de pots-de-vin ont été versés par Saipem à des responsables algériens pour obtenir des contrats avec Sonatrach d’une valeur de 11 milliards de dollars.
Des révélations qui touchent directement le cercle présidentiel. « Ces attaques servent les intérêts des adversaires du Président et les opposants à un quatrième mandat. Elles montrent que le règne de Bouteflika a été marqué par une grande corruption », analyse le même responsable. Tacticien redoutable, le président Bouteflika garde le silence sur ces affaires de corruption et sur ses intentions pour 2014.
Le retour d’Abdelaziz Bouteflika a incontestablement reboosté le clan d’Oujda, déboussolé par une information parasitée par les fuites ou les maladresses d’un gouvernement qui ne savait plus à quel saint se vouer. A la présidence Saïd Bouteflika reprend ses « fonctions » ; il menace et ordonne à tout va. Le FLN mis au frigo par les services pendant trois mois frétille à nouveau. Le premier à faire les frais de la renaissance des pro-Bouteflika c’est Belayat, chargé de bloquer les instances de direction pour priver les partisans du président d’un lieu de rencontre et de revendications. Il est ouvertement accusé d’abuser d’une fonction d’intérim pour « paralyser le parti ».
Aussi, lit-on dans Le Soir d’Algérie que la première instruction qu’aurait donnée le Président à son retour à Alger se rapporterait à la réactivation urgente, impérative et sans délai du fonctionnement « normal » du FLN, exigeant en particulier la convocation de la fameuse session extraordinaire du Comité central, ni clôturée, ni laissée ouverte depuis le 1er février, lors de la destitution de Abdelaziz Belkhadem, va reprendre début septembre prochain. « Les relais traditionnels du Président au sein du FLN et même en dehors entreront très prochainement en action, soit juste après l’Aïd pour la mise en application de cette injonction », écrit le journal.
Réunir le Comité central ? « Pas question ! », répond le clan d’en face, conscient que la situation n’est pas à son avantage. « La situation ne s’y prête pas », réplique-t-on, sans trop donner de détails. En fait, la stratégie des adversaires consiste à gagner du temps jusqu’en hiver, de sorte que la candidature du clan de Bouteflika lui-même ne puisse bénéficier des mécanismes de désignation du cardinal par le Saint-Siège et que le Grand Parrain soit privé d’appareil de cooptation. Ce serait alors la porte ouverte à la désignation par le RND, comme c’était le cas du temps de Liamine Zéroual ou par n’importe quelle autre chapelle qui échapperait au clan de Bouteflika.
Perfidement, le clan anti-Bouteflika suggère de prolonger la mission de « l’intérimaire » Belayat jusqu’au mois de mars 2015, date de la tenue du congrès, ou encore la création d’une direction collégiale « dans laquelle seront représentées toutes les tendances au sein du parti » de façon à contourner le Comité central. Mais c’est mal connaître l’obstination des bouteflikistes : des députés FLN ont déjà demandé une autorisation au wali d’Alger pour la tenue d’un Comité central extraordinaire. « Scandaleux ! », répondent leurs adversaires qui révèlent que « ces députés ne sont pas membres du Comité central et n’ont donc pas le droit de convoquer cette réunion ».
Quelle sera l’attitude de l’armée ou des clans de l’armée lors du prochain rendez-vous électoral. La question est légitime, d’autant que la «grande muette» nous a habitués à peser de tout son poids dans le choix des locataires du palais d’El Mouradia. Et la présidentielle de 2014 ne devrait pas, selon les observateurs de la scène nationale, être différente des précédentes. Selon eux, la joute sera fermée, comme d’habitude, et l’institution militaire ne restera pas les bras croisés, d’autant plus que la maladie du président Bouteflika a chamboulé l’agenda du régime en remettant en cause, définitivement, l’option d’un quatrième mandat.
Mais qui sera l’heureux élu de l’armée et du DRS ? Le candidat du «consensus» est-il déjà préparé ? Quel est le rôle que jouera l’institution militaire ? En tout cas, les candidats du système sont nombreux. Certes, ils ne se sont pas engagés officiellement, mais ils restent en embuscade dans l’attente d’un signal qui viendrait des Tagarins. Il y a d’abord le candidat malheureux à la présidentielle de 2004, Ali Benflis. Ce dernier se prépare au prochain rendez-vous depuis plusieurs années déjà. Mais il n’affiche pas ses ambitions publiquement. Même quand il est appelé, officiellement, par des militants du FLN à annoncer sa candidature, Ali Benflis ne dit toujours rien. Il attend. Comme lui, Mouloud Hamrouche, un autre enfant du système et cadre du FLN, nourrit l’espoir de briguer un mandat présidentiel. Ces derniers jours, ses proches ont confirmé, dans une déclaration à El Watan, que l’homme envisage sérieusement de concourir au prochain grand rendez-vous. Mais il lui faut, semble-t-il, une caution de l’armée.
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika ne reprendra pas de sitôt ses activités. Probablement encore un mois avant que l'actuel locataire du palais d'El Mouradia puisse retourner travailler, même allégée une reprise est exclue par ses médecins. De toute évidence, les séquelles de l'accident vasculaire cérébral survenu le 27 avril dernier sont bien plus lourdes que ce qu'annonçaient les communiqués officiels.
Depuis son retour, le chef de l'Etat algérien n'a pas quitté sa résidence privée de Zéralda (à l'ouest d'Alger), où il dispose, depuis janvier 2005 lors de l'apparition de sa maladie, d'un hôpital ultra sophistiqué et doté de tous les appareils nécessaires au suivi de sa maladie, qui lui avait valu un premier séjour à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris. Son entourage s'occupe soigneusement de faire le vide autour de lui, il ne rencontre personne, à l'exception de sa famille. Il n'a eu, depuis le 16 juillet, qu'un ou deux contacts avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui expédie les affaires courantes, mais n'a aucune latitude pour prendre des initiatives politiques. De fait, l'Algérie fonctionne au ralenti et le Conseil des ministres ne s'est pas réuni depuis décembre 2012. Au total, il n'y a eu que 8 Conseils des ministres en 31 mois.
La plupart des candidats putatifs ne comptent pas parmi les amis du président, et n'ont par conséquent aucun moyen de connaître ni ses intentions ni celles de ses proches. Si la maladie ne vient pas dégrader encore son état physique, Abdelaziz Bouteflika restera accroché à son fauteuil jusqu'en avril 2014. S'il le peut, il tentera de peser sur le choix de son successeur. Cela fait beaucoup de conditionnel. Machiavel avait coutume de dire: "le pouvoir rend fou, le pouvoir absolu, rend absolument fou". En Algérie, c'est tout un peuple qui enrage d'être ainsi suspendu à la soif de pouvoir d'une famille.