Président moribond, « terrorisme résiduel », citoyens tétanisés, l’Algérie ressemble plus à l’URSS de Brejnev qu’à un Etat moderne
Rentré de France le 16 juin dernier, après presque deux mois d’hospitalisation à Paris suite à un AVC, le président Abdelaziz Bouteflika ne s’est pas montré à l’occasion de la prière d’Aid Al Fitr. Pourtant ‘Aïd devait, selon le souhait de ses soutiens, marquer son retour.
Bouteflika est toujours malade, ou en convalescence dans le langage officiel, et rien ne filtre sur son état de santé depuis son retour au pays.
Pour meubler cette cérémonie que le chef de l’Etat n’a jamais manquée depuis son élection en 1999, même en mauvaise état de santé, le premier ministre Abdelmalek Sellal, en compagnie des présidents des deux chambres du parlement algérien, a été, encore une fois, chargé de sauver les apparences.
Ce qui n’a pas empêché la relance du débat en Algérie sur la capacité du président à assumer ses fonctions jusqu’aux élections présidentielles prévue en 2014, même s’il y en a encore qui appellent au report des présidentielles de deux ans pour allonger la présidence de Bouteflika.
En présence de l’opacité totale qui règne à Alger, le maintien d’une présidence sous perfusion indique que les vrais gouvernants en Algérie n’ont pas opté pour une transition constitutionnelle et des élections présidentielles anticipées.
Il y a quelques semaines certains journaux avaient laissé entendre que ce choix s’imposait parce qu’en cas de vacance du pouvoir, l’intérim revenait au président du sénat d’origine marocaine, ce qui a contraint ce dernier à renouveler son allégeance allégeance aux séparatistes du Polisario pour se mettre à l’abri de toute suspicion.
Toutefois il faut croire à une diversion plus qu’à un réel empêchement. Et il faut confiance aux généraux pour la vacance actuelle à la tête du pouvoir pour renforcer leur mainmise sur un pays qu’ils réduit au silence et mis au pas au prix d’une sanglante guerre civile de dix ans.
Plus que jamais, l’armée qui domine la vie politique en Algérie reste le passage obligé pour tout candidat à la présidence, le suffrage qui l’entérine n’étant qu’une mise en scène ridicule qui ne trompe personne.
L’ensemble des observateurs avertis s’accordent à dire que le maintien d’un président moribond cache mal les divergences entre les différents clans et la succession n’interviendra qu’une fois chacun des groupes aura assuré ses intérêts et ses arrières.
Les prétendants à la présidence, appartenant aux deux partis au pouvoir, le FLN et RND, en fait deux lièvres pour le parti de l’armée qui continue à agir en parti unique, restent dans l’expectative en attendant le feu vert. Celui notamment la sécurité militaire, tenue par l’invisible Médiene Mohamed connu sous le nom de général Taoufik. Elle détient l’essentiel du pouvoir en Algérie depuis que Kasdi Merbah, assassiné au début de la guerre civile par ses pairs, en a fait un Etat dans l’Etat.
Le général, dont la première photo a été insérée dans la première édition des mémoires du général Nizar et retirée par la suite, a reçu dernièrement l’ex premier ministre Ahmed Ouyahia pendant des heures. A l’affût, le microcosme algérois a immédiatement interprété ce geste comme la désignation du futur « chef de l’Etat ».
En quittant le gouvernement et en démissionnant de la présidence du parti qu’il avait fondé, le rassemblement national démocratique, pour soutenir Bouteflika contre ses détracteurs au FLN, Ouyahia se préparait déjà pour la présidence de la république algérienne en cas de défaillance de Bouteflika, si ce n’est, le cas échéant, pour se présenter en alternative du président moribond.
Quelle que soit l’issue de la guerre de l’ombre en cours, le citoyen algérien, spectateur tétanisé pas les 200 mille morts de la guerre civile et ce que le pouvoir appelle par euphémisme le « terrorisme » résiduel, a fini par préférer le choléra à la peste.
Najib Koumina
Rentré de France le 16 juin dernier, après presque deux mois d’hospitalisation à Paris suite à un AVC, le président Abdelaziz Bouteflika ne s’est pas montré à l’occasion de la prière d’Aid Al Fitr. Pourtant ‘Aïd devait, selon le souhait de ses soutiens, marquer son retour.
Pour meubler cette cérémonie que le chef de l’Etat n’a jamais manquée depuis son élection en 1999, même en mauvaise état de santé, le premier ministre Abdelmalek Sellal, en compagnie des présidents des deux chambres du parlement algérien, a été, encore une fois, chargé de sauver les apparences.
Ce qui n’a pas empêché la relance du débat en Algérie sur la capacité du président à assumer ses fonctions jusqu’aux élections présidentielles prévue en 2014, même s’il y en a encore qui appellent au report des présidentielles de deux ans pour allonger la présidence de Bouteflika.
En présence de l’opacité totale qui règne à Alger, le maintien d’une présidence sous perfusion indique que les vrais gouvernants en Algérie n’ont pas opté pour une transition constitutionnelle et des élections présidentielles anticipées.
Il y a quelques semaines certains journaux avaient laissé entendre que ce choix s’imposait parce qu’en cas de vacance du pouvoir, l’intérim revenait au président du sénat d’origine marocaine, ce qui a contraint ce dernier à renouveler son allégeance allégeance aux séparatistes du Polisario pour se mettre à l’abri de toute suspicion.
Toutefois il faut croire à une diversion plus qu’à un réel empêchement. Et il faut confiance aux généraux pour la vacance actuelle à la tête du pouvoir pour renforcer leur mainmise sur un pays qu’ils réduit au silence et mis au pas au prix d’une sanglante guerre civile de dix ans.
Plus que jamais, l’armée qui domine la vie politique en Algérie reste le passage obligé pour tout candidat à la présidence, le suffrage qui l’entérine n’étant qu’une mise en scène ridicule qui ne trompe personne.
L’ensemble des observateurs avertis s’accordent à dire que le maintien d’un président moribond cache mal les divergences entre les différents clans et la succession n’interviendra qu’une fois chacun des groupes aura assuré ses intérêts et ses arrières.
Les prétendants à la présidence, appartenant aux deux partis au pouvoir, le FLN et RND, en fait deux lièvres pour le parti de l’armée qui continue à agir en parti unique, restent dans l’expectative en attendant le feu vert. Celui notamment la sécurité militaire, tenue par l’invisible Médiene Mohamed connu sous le nom de général Taoufik. Elle détient l’essentiel du pouvoir en Algérie depuis que Kasdi Merbah, assassiné au début de la guerre civile par ses pairs, en a fait un Etat dans l’Etat.
Le général, dont la première photo a été insérée dans la première édition des mémoires du général Nizar et retirée par la suite, a reçu dernièrement l’ex premier ministre Ahmed Ouyahia pendant des heures. A l’affût, le microcosme algérois a immédiatement interprété ce geste comme la désignation du futur « chef de l’Etat ».
En quittant le gouvernement et en démissionnant de la présidence du parti qu’il avait fondé, le rassemblement national démocratique, pour soutenir Bouteflika contre ses détracteurs au FLN, Ouyahia se préparait déjà pour la présidence de la république algérienne en cas de défaillance de Bouteflika, si ce n’est, le cas échéant, pour se présenter en alternative du président moribond.
Quelle que soit l’issue de la guerre de l’ombre en cours, le citoyen algérien, spectateur tétanisé pas les 200 mille morts de la guerre civile et ce que le pouvoir appelle par euphémisme le « terrorisme » résiduel, a fini par préférer le choléra à la peste.
Najib Koumina