Jusqu’à présent, rares sont les analyses politiques fouillées et complètes du "Système algérien de Pouvoir" mis en place depuis l’indépendance et qui prévaut dans ses grandes lignes jusqu’à ce jour.
Il serait d’ailleurs très intéressant et très utile que l’on puisse étudier les points forts de ce système qui lui ont permis de perdurer et de traverser des crises non seulement nationales mais internationales comme les bouleversements géostratégiques des années 80-9enter>0 et plus récemment les vagues du "Printemps arabe".
Cela peut s’expliquer par le fait que pour analyser complètement ce système et n’en ignorer aucun rouage ni aucune propriété, il aurait fallu faire appel à une expertise académique pluridisciplinaire faisant appel autant à la sociologie qu’à l’histoire et autant à l’anthropologie culturelle qu’à la géographie humaine avant de développer les analyses économiques et politiques.
L’Algérie est aujourd’hui un conglomérat de mythes et de réalités englué dans un système complexe de rapports de forces économiques et sociales internes et externes qui rend toute approche classique d’analyse inopérante.
Les bavardages politico-militaro-médiatiques qu’on nous sert chaque jour autour de la succession de Bouteflika et des intentions d’un pouvoir non localisable et insondable ne font qu’ajouter du bruit à la cacophonie qui dure depuis 1962.
Il serait plus raisonnable, en attendant que des experts décortiquent ce système, d’essayer de lui appliquer une approche scientifique faisant appel aux outils modernes de la théorie de la complexité comme la théorie du chaos ou la théorie des catastrophes ou même la théorie quantique sachant que ce système présente certaines caractéristiques qui justifient cette approche.
En effet, ce système, la majorité des observateurs en convient, est de type chaotique, c'est-à-dire très sensible aux conditions initiales (environnement de la prise de pouvoir par le groupe d’Oujda en 1962) et résultats imprévisibles sur le long terme, (socialisme, BTS, retour et assassinat de Boudiaf, Islamisme, retour de Bouteflika,…).
D’autres observateurs remarqueront que ce système relève de la théorie des bifurcations. Une bifurcation intervient lorsqu'un petit changement d'un paramètre physique produit un changement majeur dans l'organisation du système (mariage de Boumediene, élimination de Medeghri).
D’autres encore souligneront les propriétés quantiques de ce système : la non-localité ou intrication quantique (deux objets séparés physiquement agissent comme s’ils étaient un objet unique, ce qui est le cas des supports humains du système algérien comme on peut le constater par exemple à l’occasion de l’appel à un quatrième mandat de Bouteflika), la superposition d’états (un objet peut être dans 2 états différents en même temps : exemple de Bouteflika en même temps malade et strictement au repos et en même temps dirigeant quotidiennement le pays).
Mais ces outils scientifiques s’ils peuvent nous expliquer le "comment" de ce système ne nous aideront pas beaucoup à comprendre "le pourquoi" d’un tel système sans l’apport des sciences humaines dont l’histoire et ses branches comme l’histoire antique et l’histoire des religions. Car si on ne comprend pas pourquoi Jugurtha trahit son oncle Micipsa et tua son cousin Hiempsal tout en combattant Rome après lui avoir fait allégeance, on ne comprendra pas pourquoi Boussouf tua Abane Ramdane et se débarrassa d’Amirouche et tant d’autres comme Abbès Laghrour ou Lazhari Chéraït. Et si on ne comprend pas pourquoi 3 des 4 premiers Califes furent assassinés et comment la succession du Prophète se fit dans la Saquifa de Bani Saida, on ne comprendra pas le coup d’Etat du 19 juin ni l’assassinat de Boudiaf.
En conclusion, on peut quand même, sans attendre les experts et leurs analyses, parier à coup sûr sur l’écroulement inéluctable du système algérien en faisant appel au bon sens comme l’a si bien résumé Murphy dans ses fameuses lois dont je citerai deux bien appropriées à la situation actuelle du pays: loi 4. Laissées à elles-mêmes, les choses tendent à aller de mal en pis. Loi 54. Loi de la Thermodynamique: Les choses sont pires sous pression.
Mounir Djemaï