Le directeur des deux quotidiens "Mon journal" et "Djaridati", Hichem Aboud, affirme qu’Abdelazziz Bouteflika a été évacué en Algérie le 15 mai et qu'il se trouve dans un "coma profond". Les journaux ont été interdits de publication.
Le directeur de "Mon journal" et de "Djaridati" précise que ses sources sont " médicales françaises et des proches de la présidence algérienne". "C’est l’imprimeur qui a alerté le ministère, lorsqu’il a découvert le dossier traitant de l’état de santé du président Bouteflika", a expliqué Hichem Aboud au journal algérien "El Watan". "Les deux journaux ont été saisis samedi soir à l'imprimerie", a-t-il encore précisé à l’AFP. "Le ministère de la Communication nous a demandé de supprimer les deux pages de l'édition de dimanche consacrées à Bouteflika".
"Nous avons refusé l'autocensure", a-t-il dit, expliquant qu'il était "techniquement impossible" de supprimer deux des 24 pages de ces éditions.
Pour Hichem Aboud, l’attitude des autorités confirme les informations sur l'état de santé du président publiées dans ses journaux. Si elles "étaient non fondées, le mieux pour les autorités aurait été de publier un communiqué du médecin personnel du président pour démentir ces informations ou, mieux encore, diffuser des images de M. Bouteflika".
La dernière apparition publique du chef de l'État algérien, âgé de 76 ans, remonte au 17 avril, lors des funérailles de l'ancien président du Haut Comité d'État (HCE), Ali Kafi. Mais, depuis son hospitalisation en France le 27 avril, il n'a été ni vu, ni entendu par ses concitoyens.
Le 11 mai, après plusieurs jours de black-out total sur l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika, l’agence de presse officielle APS avait publié un communiqué affirmant qu’il "se portait bien" et qu’il suivait les dossiers "d'intérêt national" malgré l’exigence "d’une période de repos". Ces informations distillées au compte-gouttes n’ont cependant pas réussi à mettre un terme aux rumeurs et autres spéculations.
Hichem Aboud poursuivi pour atteinte à la sécurité de l’Etat après avoir parlé de la santé de Bouteflika
De graves chefs d’inculpation ont été prononcés par le parquet d’Alger à l’encontre de Hichem Aboud, directeur des deux publications, Mon journal et Djaridati. Selon un communiqué de presse, le parquet général près la cour d’Alger «a ordonné des poursuites judiciaires à l’encontre du concerné pour atteinte à la sécurité de l’Etat, à l’unité nationale et à la stabilité et au bon fonctionnement des institutions».
Le parquet évoque dans ces justificatifs, «les propos tendancieux tenus sur certaines chaînes d’information étrangères, dont France 24, par le dénommé Aboud Hichem, sur l’état de santé du président de la République selon lesquels il se serait dégradé allant jusqu’à déclarer que le chef de l’Etat serait dans un état comateux» et «l’impact négatif direct de ces rumeurs sur l’opinion publique nationale et internationale».
Le concerné a vu déjà, ce matin, les éditions du jour de ses journaux, saisis à l’imprimerie. Dans les deux «Une», Aboud avait annoncé que l’état de santé du chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, s’est nettement «détérioré» et qu’il est probable qu’il soit dans un état comateux. Il affirme aussi que le Président était rentré à Alger vers 3 h du matin. Le directeur de des publications affirme que c’est le Ministère de la communication qui l’a censuré. «Le ministère de la Communication nous a demandé de supprimer les deux pages de l’édition de dimanche consacrées à l’état de santé du président Bouteflika. Nous avons refusé l’autocensure», a-t-il déclaré à l’AFP. Bien évidemment, le parquet d’Alger n’a pas fait référence, dans son communiqué, aux journaux du concerné, mais à ses déclarations sur les chaînes étrangères. Pour dire que les autorités ne veulent pas que les Algériens se posent des questions sur l’état de santé de leur président, même si, celui-ci est hospitalisé en France depuis le 27 avril dernier.