"En 50 années d'indépendance", le pouvoir algérien "n'a jamais respecté les droits des Algériens à une vie digne", déplorent des défenseurs algériens des droits humains, notant que "la raison de cet irrespect systématique se trouve dans la nature du régime".
"En 50 années d'indépendance, le pouvoir n'a jamais respecté les droits des Algériens à une vie digne. Et tant que ce système existe avec les mêmes responsables à sa tête, on ne pourra jamais dire que les Algériens jouissent du respect des droits de l'Homme", a souligné Mohamed Smaïn, ancien moudjahid et ex-vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH).Revenant sur les "années noires" en Algérie, le défenseur des droits de l'Homme rappelle que "si seulement les gens savaient ce qu'il y a eu durant ces années noires ! Cela dépasse l'entendement. A Ramka (Wilaya de Relizane), il y a eu pas moins de 1300 victimes en deux nuits et les auteurs et commanditaires de ces massacres ne sont pas inquiétés".
"Comment peut-on parler de droits de l'Homme dans un pays où la justice ne fait pas son travail, qui est de rendre justice ?", se demande encore Mohamed Smain qui vient d'être libéré de la prison début juillet après avoir dénoncé des "crimes odieux commis durant la décennie 1990 à Relizane au nom de la lutte antiterroriste".
De son côté, Me Mostefa Bouchachi, ancien président de la LADDH et actuellement député FFS, a souligné que "la raison de cet irrespect systématique (des droits de l'Homme) se trouve dans la nature du régime".
"Depuis 1962, rien n'a été fait pour garantir le bonheur et le respect de la dignité des Algériens. L'Algérie a été considérée par cette nomenklatura, au lendemain de l'indépendance, comme un butin de guerre à partager entre eux, tout comme les biens vacants, relève Me Bouchachi.
"C'est terrible de voir toutes ces violations des droits humains et se taire en disant que ça ne doit pas sortir de nos frontières. Il y a une abdication face à la situation d'absence de droits qui est effrayante. En 1996, au sommet de la crise qui a emporté 200.000 vies et causé des milliers de disparus et des milliers de torturés, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture constatait un usage très large de cette pratique barbare et déplorait toutefois l'absence de plaintes émanant de citoyens, de la société civile ou de partis politiques.
16 années plus tard, la situation des droits de l'Homme est inchangée, les violations continuent. Le pouvoir doit être heureux de constater que la société civile ne milite pas assez pour faire respecter les droits de tous. Il y a aussi une ignorance des possibilités de faire valoir ses droits", déplore Me Bouchachi, cité lui aussi par le journal "El Watan".
Et le député FFS et ancien président de la LADDH de dénoncer: "Nous sommes le seul pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient où il nous est interdit de nous rassembler ou de manifester". "Il n'y a pas, en Algérie, de justice qui punisse les oppresseurs et violeurs de droits", ajoute-t-il.