En dépits d’une bonne santé financière, les gouvernants algériens semblent être en réelle paralysée. L’économie du pays ne repose que sur la rente pétrolière. Malgré ses invitations répétitives et ses nombreuses opérations de séduction, le gouvernement algérien n'arrive pas aguicher les investisseurs étrangers.
Une situation due au manque de confiance qu'ont les investisseurs en un gouvernement dont les lois économiques sont aussi changeantes que la météorologie d'un mois d'avril. Le niveau qu’ont atteint les réserves de changes du pays, qui se chiffrent à plus de 200 milliards de dollars, semblent beaucoup plus embarrasser un gouvernement en panne d’idées que le rassurer. L’aisance financière du pays, qui n’est, du reste, due qu’à la manne pétrolière, n’a pas donné naissance à cette «Algérie, fière forte et sereine» promise par le chef de l’Etat dans ses discours électoraux.
Dans la mesure collatérale – en vérité dans la démesure – qui régule les relations sociales où les dysfonctionnements à fleur de peau sabotent toutes les motivations locales créatrices de richesses, les villes et les campagnes baissent les bras et se paupérisent. Tous les experts patriotes ne voulant plus revenir sur le fait du salaire minimum garanti en Algérie qui suffit juste à allumer un interrupteur et un bec à gaz pour faire cuire un couscous nu, ils s’intéressent ces derniers temps, en observant cette espèce de léthargie chez les gouvernants incapables de discours d’entendement, le phénomène de la misère apprivoisée. Qui a pour la preuve de vous le prouver quand les passages dans les marchés populaires – même dans les superettes – les marchandises prennent votre place allant traquer votre nourriture.
Pays schizophrène, par excellence, l'Algérie officielle continue de cultiver, à outrance, ce paradoxe inouï qui veut que la réalité soit aliénée par une image idyllique d'un drapeau où il fait bon de vivre sous son ombre. Ainsi, Djamel Ould Abbès, alors ministre de la Solidarité nationale, avait déclaré qu'il n'y avait pas de pauvres en Algérie, mais seulement des nécessiteux. Un avis que partagera le ministre des mosquées, rappelant que ce principe de pauvres est l'œuvre des médias sataniques. Qu'à cela ne tienne, se référant au dictionnaire français, voilà onze synonymes de nécessiteux : besogneux, clochard, humble, indigent, mendiant, misérable, miséreux, pauvre, pouilleux, sans-le-sou, va-nu-pieds.
Quant à dire que la pauvreté en Algérie est une pure invention médiatique c'est comme qui dirait se payer la tronche du peuple. Malgré ces démentis officiels, ces sorties ministérielles pour affirmer que le peuple algérien est riche et que ses pauvres ne sont qu'une vue de l'esprit, des éléments posés, là, par la main étrangère pour souiller l'image réverbérante de l'Algérie, la misère continue de tisser sa toile, prenant des familles au piège, en faisant un drôle de doigt d'honneur à tous ses détracteurs. Maintenant, et pour en finir avec ces chiffres de la honte, exportons tous les pauvres, vrais ou faux, vers la Mauritanie, fermons les restos du cœur et détruisons une bonne fois pour toutes, tous les couffins d'Algérie et remplaçons les par des paniers en osier, ça fait plus chic et plus riche même si on crève de faim.
Le mois de Ramadan : «On aime nos pauvres»
C’est devenu un rituel actuellement en Algérie. Le spectacle de la charité durant le mois de Ramadan est censé être un signe fort de solidarité nationale. Curieux encore, la «société civile» aussi se prête à ce jeu avec l’organisation des «restos du cœur» fortement médiatisée aussi. «On aime nos pauvres», semblent dire l’Etat et la société civile. Et s’il n’y en avait plus, on les aurait inventés ? La société est ainsi structurée avec des couches sociales très aisées et d’autres qui doivent peiner ou tendre la main pour avoir quelques miettes. Ce comportement social, typique dans les pays musulmans, ne signifie pas pour autant qu’il n’existe pas d’actes charitables durant l’année. Comme je l’ai déjà dit, les actions sont discrètes.
Ces derniers temps, il a été constaté que de plus en plus d'Algériens recourent à la vente de leurs reins pour espérer nourrir leurs familles ! Dans les colonnes du quotidien d'Oran, le Pr Attar, chef de service d’urologie, au CHU d’Oran, a confirmé l'étendue dramatique ce tragique fait de société. "Ce sont des femmes et des hommes, généralement âgés entre 30 et 40 ans, qui viennent nous proposer leurs organes à la vente. Ces personnes s’adressent au service pour conclure une transaction, sans aucune considération à l’éthique et la déontologie", s'indigne ce médecin.
Selon certains journaux Algériens, «Une femme est venue au service pour vendre son rein. Elle voulait acheter un logement à 300 millions de centimes. N’ayant pas les moyens financiers pour se payer cet appartement, elle n’a trouvé comme solution que de vendre un organe vital de son corps que rien ne peut remplacer», nous dit le professeur. «Devant cette femme en détresse, apparemment, j’ai souri, souligne le Pr Attar et je lui ai carrément expliqué qu’un tel acte mène directement en prison. Mais la misère de cette femme, laissait peu de place à la raison pour que cette mère de famille puisse prendre conscience de la gravité de l’acte".
La pauvreté s'exprime aujourd'hui au seuil de la mosquée. Il n'y a peut être pas d'autres lieux où d'autres espaces d'expression où le citoyen le plus digne dévoile son incapacité à subvenir aux besoins de sa famille tant la situation est pour lui insoutenable. Un SOS audible et visible devant lequel nous sommes appelés à réfléchir longuement sur la condition de vie de nombre de citoyens du nord au sud et de l'est à l'ouest de ce pays.
Pendant la guerre d’indépendance algérienne, nous rêvions d’une Algérie solidaire, avec une justice sociale, une justice, tout court… Nous n'avons rien vu venir. Il y a toujours des malheureux, des gens très pauvres. Et il y a toujours, une classe de très riches.