Les enfants des riches qui souvent bénéficient alors que le riche s’enrichie davantage et le pauvre s’appauvrie d’avantage.Ces jeunes Algériens qui brûlent les frontières (harrag) signifie "qui brûle") et partent par centaines vers les côtes européennes, à la recherche d'une liberté qu'ils ne trouvent pas en Algérie.
Qu'ils aient un travail, un diplôme, une famille ou même un peu d'argent, les harragas racontent tous ce mal vivre, ce manque de perspectives qui caractérisent leur génération. Souvent, ils ont du mal à trouver les mots pour le dire mais, par bribes, ils évoquent la difficulté, à se marier ou avoir leur propre logement.
La rente pétrolière, confisquée par le pouvoir, n’a pas été utilisée pour industrialiser le pays. La jeunesse qui réclame aujourd’hui des emplois en paie les conséquences.
Le grand problème de l’Algérie, c’est qu’il n’existe pas de vases communicants entre les jeunes et la rente pétrolière. La rente pétrolière, confisquée par une infime minorité, n’a pas servi à développer une industrialisation qui aurait créé des emplois. Et qui aurait favorisé le développement d’une classe moyenne, signe de modernisation d’une société.
La présence d’hydrocarbures dans le sous-sol du sud algérien laissait présager dans les années 70 que le pays pourrait devenir un «dragon» de la zone méditerranéenne. Pour mettre cette rente au service de la nation, le secteur était nationalisé en 1971.
A la mort de Boumédiène, ses successeurs utilisèrent cette rente pour consolider leur pouvoir sans chercher à la réinvestir. L’Algérie restait totalement captive des hydrocarbures. Elle paya cher cette politique de dépendance au moment du contre-choc pétrolier, et dut s’endetter.
Mais malgré les recommandations du FMI pour sortir du tout pétrole, la stratégie du pays n’a pas changé: les hydrocarbures (pétrole et gaz) représentent toujours près de la moitié du PIB, les deux tiers des recettes fiscales et… 98% des exportations. Pour la population, hors pétrole et gaz, point de salut… Et elles restent un domaine réservé.
La politique du président Abdelaziz Bouteflika, en place depuis 1999, n’a pas réorienté cette manne pour irriguer les autres secteurs de l’économie nationale.
Chômage massif, expression sous contrôle, tradition vivace, manque de sexe, les jeunes algériens broient du noir. A l’heure d’Internet, il leur suffit de naviguer sur le web pour voir ce qui se passe ailleurs et se rendre compte de ce qui ne se passe pas chez eux... les frustrations n’en sont que plus grandes. Surtout quand l’eldorado européen se situe juste de l’autre côté de la mer...
le quotidien algérien Liberté a publié un sondage sur l’émigration clandestine. Le résultat fait froid dans le dos : « près de la moitié des Algériens, si l’occasion se présente, ne rateraient pas de tenter la harga (émigration clandestine). Aussi pour mesurer un peu la dimension que ça prend, 81% affirment qu’il y a dans leur entourage des personnes en stand-by, prêtes à faire le grand saut et se disent disposées à payer très cher pour cela »
Chaque année, ils sont des milliers à tenter de traverser la Méditerranée pour accoster en Europe à la recherche d'une éventuelle vie meilleure. "Je veux une femme, un logement et une voiture. En Algérie, je ne peux pas les avoir. Il n'y a aucun avenir pour les jeunes dans ce pays. Je préfère mourir en mer et être dévoré par les poissons que de rester ici, mourir d'ennui et voir la vie passer comme spectateur", nous dit un jeune.
A la veille du 50ème anniversaire de son indépendance confisquée, l’Algérie est toujours dans l’impasse. Les algériens sont dans l’incertitude quant à leur avenir dans leur pays. Marginalisés, ignorés et abandonnés par le régime en place, les algériens et les jeunes en particuliers se sentent étrangers dans leur propre patrie dans un contexte économique, social et politique fait de médiocrité, de sous développement, de précarité et de répression sous le dictât de la mafia politico financière Incarnée par le régime.
Une réalité médiocre imposée au peuple par un régime qui a fait de l’aspiration des algériens à la démocratie et la dignité son ennemi intime ! Le régime s’évertue à imposer la médiocrité à tous les niveaux nonobstant les grandes potentialités humaines et naturelles dont recèle le pays faisant subir aux algériens un retard des plus inquiétants par rapport aux nations qui avancent à grand pas vers la prospérité, la modernité et la démocratie. Le pays qui enfante les "haragas", est dans l’irrationnel d’une misère démographique.