Le projet séparatiste du Sahara est né à Tripoli avant qu'il ne germe dans les esprits des Sahraouis au début des années 70. Le colonel avait ainsi reçu le Polisario, et lui avait offert de l'argent et des armes en quantités qu'il n'avait jamais imaginé ; et cette politique était due à la haine que le "Frère commandant" vouait aux monarchies, et qui considérait le Maroc comme un prolongement de l'impérialisme américain et occidental en Afrique du Nord. Mais les choses ont évolué de telle façon que, ironie du sort, le colonel s'est affublé du titre de "roi des rois africains" après que des tribus primitives l'aient convaincu qu'il était devenu leur roi et l'ont couronné.
Tous les chefs d'Etat arabes et occidentaux évitaient soigneusement de répondre aux provocations du chef de Tripol, atteint de folie des grandeurs ; pour cette raison, sa chute a satisfait et contenté nombre de capitales arabes et mondiales, dont Rabat qui a dépêché son ministre des Affaires étrangères à Benghazi pour y rencontrer les chefs rebelles, et leur exprimer la volonté du Maroc à les aider dans tous les domaines jusqu'à ce que la Libye se remette de ses 42 ans de dictature.
Aujourd'hui, la Libye ouvre une nouvelle page et le Maroc est bien placé pour tirer profit de la naissance d'un nouvel Etat, à plusieurs titres :
1/ Le Maroc s'est débarrassé d'un caillou dans sa chaussure, qui l'élançait de temps en temps car malgré que Kaddhafi ait cessé toute assistance au Polisario et malgré qu'il ait renoncé à faire tomber la monarchie au Maroc, il n'a en revanche pas abandonné ses provocations au Maroc. Il aura en effet suffi à Rabat de s'excuser ne pas participer à une rencontre ou un Congrès en Libye pour que le colonel adresse une invitation au chef du Polisario dans l'objectif de faire chanter le Maroc ;
2/ Le Maroc peut aujourd'hui profiter des relations qui liaient le régime Kaddhafi aux Algériens pour bâtir une relation privilégiée avec le nouvel Etat libyen. Ainsi, les généraux algériens ont aidé Kaddhafi ces derniers mois pour éviter l'extension de la rebellion sur le territoire algérien, en lui vendant entre autres des armes, et c'est sur ces erreurs d'Alger que le Maroc peut capitaliser ;
3/ Le Maroc peut proposer à la Libye une stratégie en matière de coopération économique, qui engloberait l'ensemble du programme de reconstruction du pays. La Libye est un Etat pétrolier extrêmement riche dont le Maroc doit se rapprocher, fort de ses atouts de proximité géographique et d'affinité culturelle, en s'appuyant sur la carte de l'économie. Rabat peut contribuer à accentuer la présence marocaine là-bas, et draîner en conséquence des capitaux importants ici, tout en ouvrant de nouveaux horizons prometteurs aux entreprises marocaines.
Reste à considérer le fait très important de notre processus démocratique qui, en cas de réussite, servirait de modèle aux pays arabes qui se seront débarrassés de leurs dictatures et s'approcheront naturellement du Maroc pour profiter de son expérience politique.