D'ailleurs, la Banque mondiale (BM), qui vient d'annoncer s'être associée à la NASA et à USAID pour apporter à certains pays arabes, dont le Maroc, une technologie de télédétection de pointe pour améliorer la gestion locale et régionale de l'eau et de l'agriculture, a été catégorique quant aux dangers que représente le changement climatique pour le Plan Maroc Vert. «Le changement climatique pourrait compromettre les progrès accomplis dans le cadre du Plan Maroc Vert en aggravant les risques de mauvaises récoltes ou même d'anéantissement de celles-ci. Les petits exploitants, pour lesquels l'agriculture pluviale à faible apport d'intrants est la principale source de revenu et d'emploi, seront probablement les plus touchés», a estimé la Banque Mondiale qui a déjà classé le Maroc parmi les pays qui pâtiront le plus des effets du changement climatique.
Le Royaume doit donc agir dès aujourd'hui pour aider les petits exploitants à obtenir de meilleurs résultats dans un avenir qui s'annonce incertain, d'après Gabriella Izzi, Chef de projet à la Banque Mondiale. «L'adhésion des agriculteurs est essentielle et ne sera obtenue que si l'on propose des mesures qui présentent des avantages à court terme en matière de production agricole, tout en renforçant la capacité de résistance à long terme au changement climatique», souligne-t-elle.
Ce qui peut être considéré comme un appel au Maroc pour qu'il prenne ce problème plus au sérieux, sachant que le pays s'est déjà doté d'un programme gouvernemental de 27 millions de dollars. Ce projet, intitulé «Intégration du changement climatique à la mise en œuvre du Plan Maroc Vert», permettra de financer des mesures d'adaptation au changement climatique au profit de petits exploitants agricoles de cinq régions du Maroc.
Pour aider le Maroc à mettre en œuvre efficacement ce programme, la BM a approuvé récemment un don d'un montant de 4,35 millions de dollars pour aider les petits agriculteurs à s'adapter au changement climatique. Ce don est financé par le Fonds spécial pour les changements climatiques, relevant du Fonds pour l'environnement mondial (FEM). Quelques jours après ce don, la BM revient à la charge pour servir globalement le même objectif. En effet, le CA de la BM a approuvé à la fin de la semaine dernière un don de 4,59 millions de dollars pour améliorer la gestion des ressources hydriques et la gestion agricole, au plan national et régional, au Maroc, en Jordanie, en Tunisie et au Liban ainsi qu'au niveau du Conseil arabe de l'eau.
Et c'est le FEM qui financera le matériel, les logiciels et l'assistance technique nécessaires à l'application des différents outils d'aide à la décision, consistant en instruments de télédétection et d'observation de la Terre, pour appuyer la gestion des ressources hydriques et la gestion agricole, selon un communiqué de la BM. Ce projet vise aussi les incendies, les sécheresses, les inondations, la disponibilité en eau douce, l'évapotranspiration et le rendement des cultures.
Les vertus du satellite
Les informations relatives à l'eau ont toujours été recueillies via des relevés locaux des principaux paramètres comme les précipitations, les débits fluviaux et le niveau des retenues d'eau, a relevé la BM. Cette collecte de données peut s'avérer coûteuse, fragmentaire, peu fiable et incomplète, compte tenu, entre autres, de la difficulté d'accès à certains sites, des erreurs humaines prévisibles, du coût de la main-d'œuvre et du temps de travail, a souligné la même source. Le recours aux satellites et aux instruments de télédétection offre une solution à ces problèmes courants et permet de procéder à la collecte systématique, approfondie et détaillée de nombreux paramètres, conclut la BM.
Par Lahcen OUDOUD