Il accuse le HCR de ne pas le défendre en lui proposant de s'exiler en Finlande, au lieu de l'aider à rejoindre sa famille. Il fait le point sur sa situation en Mauritanie et les raisons de son sit-in.
LE MATIN : Pouvez-vous nous décrire la situation dans laquelle vous vous trouvez aujourd'hui ?
MUSTAPHA SALMA: Je cherche à attirer l'attention sur ma situation, j'ai décidé d'entamer un sit-in devant le HCR en Mauritanie et j'estime que les défenseurs des droits de l'Homme n'accordent pas d'attention à mon cas ni les média. Je ne dispose d'aucun document me permettant de voyager. Je suis un simple réfugié en Mauritanie. Je cherche à rejoindre mes enfants qui sont dans des camps en Algérie.
Je suis venu en Mauritanie sur la base d'un accord avec le Haut Commissariat pour les refugiés (HCR), étant donné que le HCR n'avait pas pu parvenir jusqu'à l'endroit où j'étais détenu par le polisario. Le seul endroit où je pouvais aller, c'était le territoire mauritanien, puisque l'Algérie a refusé que j'entre sur son territoire. L'accord passé avec le HCR stipulait que l'on allait répondre à toutes mes interrogations concernant mon statut de réfugié. Est-ce que je suis obligé d'être un réfugié ? Pourquoi ? Si c'était obligatoire, cela devrait avoir lieu dans une zone proche du territoire contesté. En Mauritanie, les autorités ont imposé comme condition que je n'entreprenne aucune activité de nature politique ou médiatique sur son territoire jusqu'au règlement de ma situation. J'ai respecté ces conditions. Cependant, le HCR n'a pas respecté ses engagements. J'étais surpris de recevoir sa proposition de me réfugier en Finlande. Offre qui est loin de tous mes choix. Proposition faite sans me consulter et sans qu'on ait pu me convaincre de la nécessité de ce choix. Exil sur lequel insiste le HCR comme étant la seule voie pour régler ma situation.
Il met en avant le fait qu'il n'intervient pas dans les affaires de nature politique, oubliant qu'il a signé le document de mon admission sur le territoire mauritanien à la suite de mon expulsion par le polisario. De ce fait, le HCR avait donné au polisario un pouvoir auquel il n'avait pas droit dans une zone en conflit (le droit d'expulser des individus de leur propre territoire). De ce fait, je rends le HCR responsable de la situation dans laquelle je me trouve actuellement, après la responsabilité qu'assume les personnes qui m'empêchent de rencontrer mes enfants. Ces dernières qui sont, comme moi, des citoyens d'un État pour lequel l'Algérie fait de la propagande, lui collecte de l'aide. Cet État se trouve en Algérie. Alors, comment y accéder ?
Quelles sont donc les actions que vous prévoyez d'entreprendre pour vous défendre ?
Mon plan d'action projeté se réfère aux mêmes principes que j'ai adoptés depuis la visite que j'ai entamée au Maroc. Principes qui peuvent être résumés par l'action par tous les moyens pour libérer nos concitoyens dans les camps de Tindouf de la situation désastreuse dans laquelle ils se trouvent, afin qu'ils puissent s'exprimer en toute liberté, loin des dictats venant de l'extérieur. Ce qui ne peut se faire tant qu'ils sont sur le territoire
algérien. Ceci s'ils ne sont pas des otages du système algérien, vu l'embrigadement idéologique dont sont victimes les personnes installées dans les camps et la volonté de certains de faire durer ce conflit. Pour libérer nos concitoyens, il faut pouvoir communiquer avec tous les Sahraouis, où qu'ils se trouvent. Le Maroc a été précurseur et nous a permis de communiquer avec nos familles. Alors que l'Algérie nous interdit d'entrer en contact avec nos proches qui se trouvent dans les camps sur son territoire. C'est pourquoi nous insistons sur notre désir d'entrer en contact avec eux malgré tous les obstacles. Nous n'allons pas y renoncer quelles qu'en soient les difficultés. Parce que nous avons un noble objectif, celui de réunir les familles.
Il y a quelques jours, il y a eu la rencontre de Manhasset, la 7e réunion informelle devant orienter les négociations futures sur le dossier du Sahara. Que pensez-vous de cette réunion ?
J'ai la même position que j'ai déjà exprimée concernant ces négociations. J'estime que le polisario, qui se présente comme le seul représentant du peuple sahraoui, ne l'est pas vraiment. Car il ne représente en rien ce peuple. Le chef de la délégation, Khatri Ad-douh, appartient à la tribu mauritanienne Tanwajib.
Mhamed Khadad est de la tribu mauritanienne Rguibat, son père était d'ailleurs le représentant du parti de Mokhtar Ould Dadah dans la wilaya de Tires Zemmour en Mauritanie. Donc, les véritables représentants du peuple sahraoui sont absents de ces négociations. Les listes de l'ONU l'attestent.
Par Brahim Mokhliss | LE MATIN