Nous, journalistes algériens en FRANCE et engagés à tout mettre en œuvre pour éclairer l’opinion nationale et internationale sur la véritable nature du régime qui sévit en Algérie, sur les moyens criminels dont il use pour se maintenir au pouvoir et sur son entière responsabilité dans la tragédie qui ne cesse d’endeuiller le peuple Algérien, dénonçons avec force la condamnation et l’incarcération de Mohamed Benchicou, journaliste et directeur du quotidien Le Matin et celle du journaliste et membre de la LADDH, Hafnaoui Ghoul, ainsi que la campagne féroce visant les journalistes.
Le chef d’inculpation d’infraction à la réglementation des changes invoqué contre Benchicou n’a été qu’un prétexte cousu de fil blanc et démontre si besoin est, combien la justice demeure totalement asservie à la moindre instruction des clans au pouvoir.
En fait, le directeur du Matin croupit aujourd’hui dans l’infâme prison d’El Harrach parce qu’il a fait part de graves atteintes contre l’intégrité physique et la dignité d’un citoyen commises par Monsieur Zerhouni, puissant ministre de l’Intérieur et néanmoins ami intime du chef de l’Etat, comme il a publié un livre où il fait des révélations gravissimes sur le passé de ce même chef d’Etat et pour lequel , rappelons le, il n’a pas été attaqué en diffamation. Ce qui laisse supposer qu’il a rapporté des faits avérés.
En ces circonstances, ô combien tragiques, nous voulons dire à tous ceux qui se sont laissés fourvoyer dans un ralliement sans bornes au régime en place parce qu’ils croyaient, souvent en toute bonne foi, que celui-ci était le « sauveur de la démocratie et de la République », qu’il est temps d’opérer des révisions déchirantes et de revenir de leurs illusions. Quant à nous journalistes, notre premier devoir sacré est d’informer objectivement l’opinion publique et de dénoncer sans discrimination tous ceux qui outrepassent les lois de la République et portent atteinte aux droits de la personne humaine. Nous devons à notre mission, à notre crédibilité et notre honneur de ne pas nous laisser embrigader par quiconque.
La condamnation et l’incarcération de nos deux confrères, MM Benchicou et Ghoul est l’occasion pour toute la corporation ainsi que toutes les forces éprises de liberté et de justice de s’engager en un combat sur tous les fronts contre les forces mortifères qui se sont accaparé le pouvoir dans notre pays et qui l’ont mené au désastre et à la régression.
Nous exigeons avec force et détermination la libération inconditionnelle de nos deux confrères et l’arrêt des pressions, des persécutions et des harcèlements exercés contre les journalistes, les militants des droits de l’homme et de la répression qui s’abat sur les mouvements citoyens. Nous espérons par ailleurs que cesse l’instrumentation systématique de la Justice par la police politique, pour des objectifs de pouvoir et à des fins personnelles, voire mafieuses. Nous appelons la communauté internationale à prendre fait et cause pour tous ceux qui, en Algérie, ne cessent, depuis des décennies, de lutter pour l’avènement d’une véritable démocratie et la fin du régime militaire.
Premiers signataires :
Djamel Benchenouf
Ahmed Kaci
Hamid Tiah
Sid Ahmed Semiane
Madjid Laribi
Samira Benalou
Hamid BOUZID
Fatiha BOUZID
Ahmed MESLI
Hassen Ouffar
Hamid Boudoumi
Djamel Benramdane
Rachid Benali
Syphax Ait Amara
Nacer Boudjou
Adlène Meddi
Signatures à envoyer à
ahmedkaci@yahoo.fr