Alger - Le limogeage du puissant chef des renseignements militaires algériens, le général Mohamed Mediene, dit Toufik, annonce un "chamboulement au sein du système" politique en Algérie, estime lundi la presse locale.
"Le mythe s'écroule, sans grand bruit ni fracas, à première vue", relève +Liberté+, notant que le général "est parti, après avoir assisté impuissant ou consentant, au démembrement du corps de sécurité qu'il créa, il y a 25 ans et qu'il géra sans discontinuer et avec poigne depuis".
''El Watan'', qui titre "La fin d'une époque", revient longuement sur le départ de celui qui a régné sur le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) durant 25 ans.
"Dans un pays gagné par la déstructuration économique et menacé par le spectre du désastre financier, comme l'ont affirmé de hauts dirigeants, l'inflation des limogeages et des nouvelles nominations dans les institutions sensibles ne fera qu'alourdir le climat général dominé par la sinistrose", écrit le journal qui se montre sceptique sur la promesse d'un "Etat civil".
"Ces convulsions du système, sous le regard désabusé des citoyens, ne correspondent pas à la revendication de la fin de la police politique", considère l'éditorialiste du journal, affirmant que "le projet de libérer la vie publique et politique des archaïsmes policiers reste toujours en attente d'être réalisé".
Si ''L'Expression'' qualifie de "naturels" les changements opérés au sein des différents services de sécurité, dans le cadre du nouveau contexte régional et international, son confrère +Le Soir d'Algérie+ s'interroge si le service de renseignement sera-t-il, dans le futur, rattaché à la présidence.
Rappelant le changement opéré il y a deux jours à la tête de la gendarmerie algérienne, +Le Quotidien d'Oran+ estime "tortueux" les chemins qu'emprunte "le système pour évincer de ses centres de décision les dignitaires qu'il veut ainsi neutraliser".
Aux yeux d'un chroniqueur du journal, "celui par lequel s'est réalisée l'éviction du tout-puissant patron du DRS nous a donné à voir qu'en matière de ruse et de coups fourrés ceux qui voulaient sa tête l'ont magistralement surclassé".
"C'est la fin d'une époque et l'avènement d'une nouvelle ère pour les services de sécurité algériens", se limite à souligner +La Tribune+.
Le quotidien arabophone +Echourouk+ estime que l'éviction du puissant général "pourrait déboucher sur un changement radical dans le pays", relevant l'existence "de plusieurs zones d'ombre" entourant la mise à la retraite de "l'homme fantôme".
"On ne peut parler de nouvelle époque qu'avec l'éviction du reste des +dinosaures+ qui se sont éternisés à la tête des institutions", fait observer la directrice du journal +Al-Fadjr+ qui cite nommément "l'Etat major de l'armée et la présidence de la République".