Le président Abdelaziz Bouteflika, à la tête du pays depuis 1999, vient de franchir le cap des cents jours de son quatrième mandat. Toujours en convalescence puisque aucun communiqué n’est venu affirmer le contraire.
Mais cette absence, qui dure depuis déjà trois ans, commence à peser. Le chef de l’État s’est octroyé toutes les prérogatives pendant plus d’une décennie et au moment de passer le relais, il se trouve confronté à des institutions complètement paralysées, incapables de prendre des initiatives. Dernière preuve en date : le crash du vol Air Algérie AH 5017. L’Algérie a attendu 10 heures pour annoncer l’accident. La communication se fait au compte-goutte. L’initiative est laissée à la France qui agit comme si c’était un avion d’Air France qui s’était écrasé au Mali.
Quant à Bouteflika, il attend plus de vingt-quatre heures pour diffuser un message décrétant un deuil de 3 jours. Encore une fois, le Président préfère se taire, au lieu de s’adresser directement aux familles des victimes et à la Nation. Pourtant, si on se réfère au communiqué de la présidence diffusé via l’APS, ce mercredi 30 juillet, le président de la République est en mesure de parler puisqu’il s’est entretenu avec son homologue égyptien, Abdelfetah Al Sissi, ainsi qu’avec l’Émir du Qatar, Temim Ben Hamed Al Thani, sur la situation à Gaza.
Précisément, sur le dossier palestinien, Alger n’a pas brillé. Le locataire du palais d’El Mouradia attend la fin du mois sacré du ramadan et le massacre de plus de 1 000 Palestiniens pour sortir enfin de son mutisme et décider d’une aide de 25 millions de dollars à la population de Gaza. Mieux vaut tard que jamais, diront certains puisque pour Ghardaïa, le Président n’a pas encore trouvé le temps pour s’exprimer sur la violence qui ronge cette wilaya depuis plusieurs mois.
Révision de la Constitution, une priorité absolue
Dès sa réélection, le président Bouteflika a fait de la révision de la loi fondamentale une priorité exclusive. Le chantier, lancé en juin, sera bouclé en un temps record. Le texte passerait au Parlement durant la session d’automne. Une célérité étonnante, sachant que le chef de l’État est élu pour cinq ans. Officiellement, le Président promet plus d’ouverture, plus de liberté dans le texte qui est remis aux partenaires, mais dans les faits, la situation est toute autre.
La CNLTD, qui regroupe les principaux partis de l’opposition, a été empêchée de tenir une conférence sur les modalités de transition politique. D’autre part, le 25 juillet dernier à Alger, la police a tenté d’empêcher une marche de soutien à Gaza. En matière d’ouverture politique, le Président est en passe d’appliquer l’un des slogans de sa campagne électorale, « le changement dans la continuité».
Au niveau de l’Exécutif, on rejette ces critiques. Interrogé par TSA, un ministre parle « de spéculation » et ajoute : « Le Président est présent partout. Vous ne voulez pas le voir, c’est votre problème. Mais c’est bien lui qui dirige le pays et c’est grâce à lui que nous vivons dans la stabilité », martèle notre source, avant de nous inviter à « regarder ce qui se passe en Libye, en Tunisie, en Égypte. La presse et les Algériens doivent remercier le Président qui a su éviter le chaos à notre pays ». Pour ce membre du gouvernement, « le Président n’a pas besoin de parler pour mériter son mandat. En politique, tout se passe dans les coulisses. Le pays fonctionne. Ne faîtes pas du Président une obsession », conclut-il, agacé.
Loin de ces propos lénifiants d’un membre de l’Exécutif, les Algériens, ceux qui ont voté ou non, pour Bouteflika, 100 jours après son investiture se pose la même question lancinante : où est le Président ? Est-il en mesure d’achever son mandat ? Les agitations d’Abdelaziz Belkhadem qui tente le tout pour le tout pour récupérer le FLN relance le débat sur la succession qui ne se fera pas au vu et au su des Algériens.
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