Cette émotion est légitime d’autant plus que la libération de cet individu est contraire à l’esprit, la philosophie et la démarche humanitaire qu’implique une grâce royale dans ses fondements et telle qu’elle s’exprime historiquement dans la vie sociale et judiciaire marocaine. Elle conforte le droit et non l’injustice. Elle consolide la justice et non l’impunité. Elle ne peut attenter à la dignité des victimes.
Dans le cas présent, une enquête approfondie a été diligentée en vue de déterminer, conformément à la loi, dans les jours à venir, les responsabilités et les dysfonctionnements qui ont abouti à cette situation regrettable, dommageable à la quiétude, à la sérénité et au travail de reconstruction psychologique des familles dont les enfants ont été victimes de ce pédophile.
La grâce royale de la Fête du Trône a concerné des ressortissants espagnols purgeant des peines de prison dans des établissements pénitentiaires marocains après la visite du Roi Juan Carlos 1er dans notre pays, dans un contexte de relance et de consolidation des relations bilatérales stratégiques entre les deux pays, dans l’intérêt supérieur des deux Nations.Le Souverain espagnol a formulé une demande de grâce au bénéfice de ses compatriotes pour des raisons humanitaires ou médicales. À l’évidence, le cas du pédophile ne devait pas être inclus dans la liste des bénéficiaires compte tenu de la nature et de la gravité des crimes commis, et de la durée de la peine à purger.
L’expression de l’émotion légitime que suscite cette affaire devrait prendre les formes qu’autorise un État de droit, que permet une vie sociale organisée et les possibilités d’action collective qu’offre la loi dans un pays démocratique. Il faut savoir raison garder. Cet élan sincère de communion avec les victimes ne devrait aucunement offrir une opportunité en or aux adversaires coutumiers de notre pays et aux ennemis réguliers de notre Nation pour porter préjudice au Maroc et pour salir son image et celle de ses institutions, au motif qu’un acte humanitaire de grande noblesse, dans la pure tradition d’une monarchie aux valeurs humaines multiséculaires, a été affecté par une erreur d’appréciation commise à des niveaux d’exécution. L’enquête déterminera, sûrement, avec précision, afin que les responsabilités soient connues, le niveau et l’importance de cette erreur d’appréciation et à quel niveau d’exécution elle est intervenue.
S.M. le Roi Mohammed VI est un Souverain qui a toujours fait preuve d’un humanisme exceptionnel. Il témoigne, au quotidien, depuis son intronisation et bien avant, sa compassion envers les victimes des malheurs de la vie. Il soutient constamment les plus fragiles qui bénéficient d’une large solidarité nationale et voue à son peuple une affection sincère et profonde pouvant supporter tous les sacrifices. Faire un procès politicien de basse facture au Souverain, à la faveur indigne de cette scabreuse affaire, est le témoignage d’une grande méconnaissance des vraies valeurs qui animent la Nation marocaine et d’une cécité, probablement volontaire, car elle est animée de mauvaise foi, face à la réalité de l’engagement de la monarchie marocaine envers son peuple et l’attachement de celui-ci à ses institutions telles qu’elles sont incarnées par S.M. le Roi Mohammed VI.
Le communiqué du Cabinet royal a été clair sur l’évaluation de cette affaire : Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, n’a jamais été informé, de quelque manière que ce soit et à aucun moment, de la gravité des crimes abjects pour lesquels l’intéressé a été condamné. Il a ajouté qu’il était évident que jamais le Souverain n’aurait consenti à ce que Daniel Galvan Fina puisse arrêter de purger sa peine, au regard de l’atrocité des crimes monstrueux dont il a été reconnu coupable.