Alors que 70% de ces psychotropes introduits au Maroc proviennent d'Algérie, le ministère algérien des Affaires étrangères accuse ouvertement le Maroc de laxisme dans la lutte contre le trafic de drogue.
Ces faits expliquent la hausse de la criminalité liée à la consommation de ces comprimés au Maroc, l'Algérie entend par là inonder le Maroc avec ces drogues. L'Algérie n'a eu de cesse de mener des campagnes de dénigrement à l'adresse du Royaume à travers les médias locaux.
le ministère algérien des Affaires étrangères exige du Royaume de remplir trois conditions pour la normalisation des relations entre les deux pays voisins. L'une de ces conditions est «une coopération réelle, concrète et efficiente contre l'infiltration des drogues en Algérie». Face à cette déclaration, Rabat décide de hausser le ton. Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, le Maroc fait savoir qu'il refuse les conditions des autorités algériennes pour la normalisation des relations entre les deux pays.
Les responsables algériens évoquent le problème de la drogue alors qu'ils passent sous silence le passage de l'Algérie vers le Maroc de millions de comprimés psychotropes. Depuis l'indépendance algérienne, le Maroc est en conflit permanent avec son voisin. «Pratiquement tous les présidents, qui ont été à la tête de l'Etat algérien, ont essayé d'affaiblir l'économie marocaine à travers l'infiltration de produits de contrebande, dont notamment les produits alimentaires et les médicaments périmés, lesquels peuvent constituer un danger réel pour les consommateurs marocains.
Les services de renseignements algériens utilisent le «karkoubi» comme arme pour affaiblir la jeunesse marocaine. D'ailleurs ces comprimés sont subventionnés par ces services. C'est pourquoi leur prix est très faible. Cela fait que le «karkoubi» est aujourd'hui très accessible aux jeunes Marocains. Il faut dire que, depuis maintenant plusieurs années, l'Algérie s'est fixé l'objectif d'affaiblir les jeunes marocains, lesquels deviennent de plus en plus dépendants de ces comprimés psychotropes.
Mais comment est-ce que ces psychotropes arrivent au Maroc ? Et par quel moyen ? Des centaines de kilos de ces comprimés psychotropes sont introduits par les frontières avec l'Algérie, dénoncent des sources associatives à Oujda. N'importe quel dealer, petit soit-il, sait que ces drogues arrivent à Oujda par les frontières avec l'Algérie.
«Le gros de ces psychotropes provient d'Alger en empruntant la route de Maghniya avant d'arriver à Oujda. Des centaines de kilos de psychotropes transitent à dos d'âne ou à bord de voitures entre les deux rives», indiquent nos sources. «Les gros trafiquants achètent leur marchandise par sacs pleins. La petite cité de Beni Drar, à 4 km de l'Algérie, est devenue un repère de ces gros trafiquants. D'ailleurs, les gros fournisseurs seraient installés dans cette petite localité», a-t-on précisé.
Pour beaucoup de trafiquants de Casablanca, c'est donc l'Algérie qui fournit son lot important de «Karkoubi». «Les mafias de «Karkoubi» arrivent à recruter de jeunes dealers et même des femmes –souvent dans l'ancienne médina- pour aller récupérer la marchandise auprès de ces fournisseurs à Beni Drar ou à Oujda et la leur rapporter.
Sachant qu'à leur tour, ces fournisseurs confient cette mission de livraison à d'autres dealers recrutés à Oujda pour ne pas tomber dans les filets de la police», nous confie un ex-toxicomane de l'ancienne médina. Et notre source d'ajouter «la marchandise passe par plusieurs points (Rabat, Salé, Temara, Mohammedia, Kenitra ou encore Meknès) avant d'arriver finalement à Casablanca où elle est détaillée par d'autres dealers. «En fait, ces mafias de karkoubi s'entourent d'un réseau important de jeunes dealers qui font écouler ces produits au niveau de certaines zones de Casablanca qui sont considérées comme des plaques tournantes de ces comprimés», lance la même source.
Derb Kabir est l'un des points noirs de la capitale économique où les barons de ces drogues s'adonnent à leur activité illégale. Selon une source policière, ce quartier commence depuis un certain temps à avoir l'exclusivité en matière de commercialisation. «Dans ce quartier, aussi bien les consommateurs que les dealers des autres quartiers viennent souvent s'approvisionner. Certes, de temps à autre, des «descentes» sont effectuées par la police. Mais le fléau est tellement important que le «Karkoubi» est toujours commercialisé dans ce quartier», indique la même source.