Exclusif : Hospitalisé depuis 45 jours à Paris (au Val de Grâce puis aux Invalides), le président algérien Abdelaziz Bouteflika n’est plus en état de gouverner.
Son état de santé s’est très sérieusement dégradé. Il serait inconscient mais la nouvelle est gardée secrète pour mieux verrouiller sa succession, sur les plans politique et financier, après 14 ans de pouvoir sans partage. Recueillie par la rédaction aux meilleures sources, cette information confirme des rumeurs du sérail, indiquant qu’il ne pourra présider les cérémonies de la fête de l’indépendance, le 5 juillet. Le Conseil constitutionnel, à qui il revient de vérifier l’« empêchement » du chef de l’Etat, en vertu de l’article 88 de la Constitution algérienne, n’a pas été autorisé à venir le voir à Paris. Son président, Tayeb Belaïz, fidèle du clan « Boutef », a disparu d’Alger. « Le pays navigue à vue, » disent les proches du pouvoir. De nombreuses manifestations prévues jusqu’à l’automne viennent d’être suspendues.
Abdelaziz Bouteflika invisible depuis des mois
Lundi, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci a de nouveau affirmé que le président continuait de donner des directives sur les affaires du pays. "Il le fait au quotidien et je vous le confirme. C'est le ministre des Affaires étrangères qui parle", a-t-il martelé, cité par l'agence de presse APS. Evoquant "l'intense activité diplomatique que connaît l'Algérie", il a insisté : "C'est le chef de l'Etat qui en est l'acteur et continue de l'être".
Mais sans image du président ni bulletin de santé, ces assurances officielles n'ont jamais réellement rassuré. Ouvrant la voie à des rumeurs alarmistes qui, en Algérie, ont donné lieu à un retour de la censure, abandonnée depuis une dizaine d'années. Le mois dernier, Mon journal et son pendant arabophone Djaridati en ont fait l'expérience, empêchés d'impression pour avoir consacré leur une à un dossier sur une "détérioration" de l'état de santé du chef d'État, en "état comateux".
Si le sujet est si sensible, c'est que l'Algérie se trouve à moins d'un an de la présidentielle. Récemment encore, de nombreux partisans de Bouteflika – au pouvoir depuis 1999 – réclamaient un quatrième mandat. Mais après son hospitalisation, les appels se sont multipliés pour appliquer l'article 88 de la Constitution, qui prévoit une procédure d'empêchement en cas de maladie grave et durable. Une nouvelle élection présidentielle devrait alors se tenir dans les 60 jours. Or le camp Bouteflika ne serait pas prêt. SelonValeurs Actuelles, si son état de santé est gardé secret, c'est "pour mieux verrouiller sa succession, sur les plans politique et financier".