L’Algérie vient d’être citée dans une très peu glorieuse liste dont elle se serait passée volontiers. Elle aurait ainsi donné un bon coup de pouce à la CIA (Central Intelligence Agency) dans sa sombre affaire de torture des personnes soupçonnées à tort ou à raison d’être impliquées dans le terrorisme.
Une (mauvaise) nouvelle que vient de révéler l’organisation humanitaire “Open Society Justice Initiative” dans son rapport intitulé «Globalizin Torture CIA secret détention and extraordinary rendition », rendu public aujourd’hui mardi (voir le site Internet de l’organisation sur ce lien : www.opensocietyfoundations.org/).Notre pays figure ainsi en bonne place parmi les 54 Etats ayant généreusement aidé d’une manière ou d’une autre l’agence américaine de renseignements à tirer les vers du nez des individus suspectés de terrorisme. Un programme secret qui va de la détention abusive à la pratique de la torture de ceux qui ont été mêlés, parfois sans aucune preuve, au terrorisme après les attentats du 11 septembre au Etats-Unis.
L’organisation “Open Society Justice Initiative” souligne dans ce rapport compromettant que ces 54 pays dont l’Algérie «ont aidé la CIA dans son programme de détention secrète et d’interrogatoires musclés de suspects de terrorisme ».
Il y est souligné également que «Ces 54 gouvernements étrangers ont participé à ce programme de l’agence du renseignement américain de diverses manières, y compris en accueillant les prisons secrètes sur leur sol, en aidant à la capture et au transport des détenus, en interrogeant et en torturant des individus, en fournissant des renseignements, ou encore en ouvrant leur espace aérien pour les vols secrets ».
«Intelligence» avec… la CIA
L’organisation ne précise pas les détails du coup de main de chaque pays pour la puissante CIA, très connue pour ses coups fourrés dans le monde.
Mais au-delà du caractère choquant de savoir que l’Algérie se serait impliquée dans des opérations aussi sulfureuses que celles de la CIA, c’est le fait que notre pays aurait ainsi violé sa propre législation qui condamne et dénonce la torture. Et le rapport de “Open Society Justice Initiative” n’a pas manqué de relever cette violation caractérisée du droit international et des législations nationales des ces 54 Etats cités.
«En participant à ces opérations, ces gouvernements ont violé aussi le droit sur leur sol et le droit international, et sapé les règles contre la torture qui est non seulement illégale et immorale mais aussi inefficace pour obtenir des renseignements fiables » lit-on en effet dans ce rapport.
Une collaboration de mauvais goût…
Et en plus de l’Algérie, plusieurs autres pays africains sont nommément cités dans cette triste liste des pays ayant servi directement ou indirectement la CIA.
De nombreux pays européens font également partie de cette liste, à l’image de l’Autriche, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Finlande, l’Allemagne, l’Irlande, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie.
On s’en souvient que cette histoire de prisons secrètes de la CIA (appelées aussi black sites, ou « sites noirs ») a été révélé à la fin 2005 par le quotidien “The Washington Post” et reconnu officiellement par le président George W. Bush le 6 septembre 2006. Mais une années auparavant “Amnesty International” a soupçonné leur existence dans son rapport de 2005 dans lequel elle évoquait un «archipel du goulag », dans une allusion à ces prisons clandestines contrôlées par l’agence américaine dans dans différents pays.
Sans doute que cette fumante révélation va à tout le moins mettre les responsables algériens dans la gêne compte tenu de l’allergie des algériens à ce genre de collaboration de mauvais goût. Il serait intéressant de savoir si les autorités vont s’expliquer sur cette liaison dangereuse mais surtout confirmer ou infirmer sur l’existence de ce genre de prisons en Algérie.