Fait divers insolite ou indicateur d'un profond malaise social ? Le 29 janvier, un jeune se présente au poste de police dans un quartier de la ville de Biskra située au sud est de l'Algérie, avec de la drogue dans ses poches, pour demander à être mis... en détention. Depuis octobre dernier, c'est le troisième jeune à avoir recours à ce nouveau procédé "suicidaire", sans que l'on en comprenne le motif.
"Eberlués par de tels comportements, les agents de police ont tout fait pour dissuader ces jeunes de choisir de telles alternatives à leurs problèmes. Ils ont appelé leurs parents et demandé le soutien de psychologues, mais rien n'y a fait", souligne El-Watan."Pédagogues, psychologues et universitaires devraient se pencher pour tenter de comprendre les aspirations des jeunes d'aujourd'hui et leurs visions des nombreuses difficultés sociales, scolaires, économiques, familiales et professionnelles auxquelles ils sont soumis au quotidien et qui les poussent à commettre des actions insensées et suicidaires", poursuit le quotidien algérien.
La technique de l’auto-emprisonnement
Au mois d’octobre dernier, une jeune femme de 20 ans s’est rendue dans un commissariat en possession de drogue en demandant à être de fait arrêtée. Le 29 janvier dernier, deux autres jeunes hommes, 21 et 24 ans, ont utilisé le même procédé pour se faire enfermer.
En réalité, il semble bien que dans une forme de protestation silencieuse, et après avoir fait de l’immolation par le feu un phénomène national (près d’une centaine de tentatives en une année), des jeunes semblent se passer le mot pour aller en prison volontairement.
Pour l’instant, personne n’a donné de suite à cette étrange façon de faire, mais une contagion peut très vite arriver et pousser à l’engorgement des prisons, déjà surchargées.
Une prison à ciel ouvert
Les policiers ont quand même tenté de dissuader les deux jeunes hommes de procéder à ce type d’auto-emprisonnement, pour finalement consentir à les placer en détention préventive, ce qui était le but recherché de la manœuvre.
« Une prison à ciel ouvert », c’est ainsi que les Algériens, les jeunes plus particulièrement, qualifient souvent leur pays. Paradoxe inexplicable, comme si ce n’était pas assez, ils semblent pencher pour un second emprisonnement (en bonne et due forme cette fois) dans cette grande « prison à ciel ouvert ».Et si tous les Algérien(ne)s entraient en prison pour mieux contester?