L’implantation en Algérie d’une usine du constructeur automobile français Renault ne va pas soigner la balance des exportations algériennes hors hydrocarbures. Les véhicules qui y seront fabriqués seront destinés exclusivement au marché local.
C’est le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, qui a profité de son séjour algérois, pour nous l’apprendre, quitte à froisser les autorités algériennes qui ne lésinent pas sur les déclarations autour du projet annoncé comme un acquis majeur. " Si c’est un investissement pour concurrencer les produits fabriqués en France, c’est non".La déclaration de Fabius ne sera assurément pas pour faire avancer les négociations autour du projet, notamment son site d’implantation. Avec un cahier des charges tel que celui défini par le ministre français, on ne voit pas comment Benmeradi, le ministre algérien de l’industrie et de la promotion de l’investissement, pourra continuer à s’enthousiasmer pour le projet. Surtout que le constructeur français a déjà jeté ses bases chez le voisin marocain avec une prévision de production sans commune mesure avec ce qui se profilait en Algérie.
Après le traumatisme provoqué par les suppressions d'emplois du groupe PSA, Paris pourrait ne pas autoriser le projet de Renault de construire une usine en Algérie. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a indiqué à Alger quels étaient les modalités pour la réussite de ce projet : ne pas exporter les modèles Renault vers la France. Ce dont ne veut pas entendre l'Algérie.
La construction d’une usine Renault en Algérie fait partie des grands projets en discussion dans le cadre de ce partenariat. Mais l’annonce par le groupe PSA de la suppression de 8.000 emplois pourrait toutefois impacter négativement le projet Renault en Algérie. Hostile aux délocalisations industrielles, le gouvernement français pose ses conditions.. alors que jusque ici, les responsables politiques français avaient affirmé que l’implantation de Renault en Algérie était une affaire purement économique.
Un projet menacé
Laurent Fabius a en effet averti que si ce projet constituait "une menace pour la France, le gouvernement dira non". "Est-ce que l’investissement de Renault en Algérie va servir le pays ? Dans ce cas, c’est du gagnant-gagnant. Si c’est un investissement pour concurrencer les produits fabriqués en France, c’est non. Si c’est du gagnant-gagnant, c’est oui. Si c’est une menace pour la France, c’est non", a-t-il dit. Comprendre : les voitures qui seront fabriquées en Algérie seront destinées au marché local et ne pourront pas être exportées en France. Or, l’Algérie veut des véhicules de qualité européenne qu’elle pourra exporter, justement vers les pays de l’Union européenne (UE), avec lesquels une zone de libre-échange entrera en vigueur en 2020.