Je crois que l'initiative de réunir les ministres maghrébins des Affaires étrangères sur la question de la sécurité répond plus à une volonté algérienne qui se trouve confrontée à une situation d'insécurité de plus en plus inquiétante.
Car, depuis son indépendance, l'Algérie fait chaque fois appel à ses voisins quand elle se sent menacée. Ses frontières de plus de 1.300 kilomètres avec plusieurs pays sont insécurisées. Des combattants, notamment des Touaregs du 32ème bataillon de l'armée libyenne du temps de Kadhafi, ont regagné leur région d'origine, principalement dans la frontière algéro-malienne. sachant que ce fameux bataillon manie à la perfection tous types d'armement et maîtrise l'art de la guérilla, l'Algérie y voit un véritable danger pour sa sécurité intérieure.
Pour qu'il y a une coopération en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme, il faut un minimum de bonne foi de toutes les parties. Ce qui n'est pas le cas pour Alger, du moins. Au moment où les ministres tenaient leur rencontre à Alger, un congrès africain réunissant une trentaine de pays aura lieu à Tipaza, à une quarantaine de kilomètres de la capitale algérienne avec pour objet de débattre des moyens pour mettre un terme à "la colonisation au Sahara occidental."
Malheureusement, le ministre marocain des Affaires étrangères, saâd-Eddine El othmani, n'a pas réagi. Au moment même où Mohamed Lamine El Bouhali, dit ministre de la Défense du Polisario, proférait ses menaces contre le Maroc à partir d'Alger ... Avec la mauvaise foi affichée de l’Algérie, je ne vois pas comment concevoir une coopération sérieuse entre les pays de la région.
L'Algérie vit sous la menace. Et elle veut que les pays voisins limitrophes sécurisent leurs frontières avec elle. Il se trouve que la plus grande zone frontalière est partagée avec le Maroc. Ainsi, les autorités algériennes cherchent une coopération marocaine strictement sécuritaire tout en évitant d'évoquer les contentieux politiques ou du moins faire le lien entre la sécurité et l'assainissement du dossier politique, Elle veut que le Maroc l'aide dans sa lutte contre le terrorisme et en même temps l'exclure de l'organisation des pays du sahel. Elle écarte l'approche globale au profit des mesures sécuritaires.
De toutes les façons, elle est contrainte de demander l'appui du Maroc, vu qu'elle ne peut plus maîtriser les groupes intégristes installés à sa frontière avec le Mali. cela dit, la région du sahel constitue aujourd'hui et plus que jamais une sérieuse menace qui pourrait inciter les grandes puissances à intervenir.
Le problème est que l'Algérie bloque toute initiative dans ce sens. Car elle craint que le sud algérien et le nord malien s'allient pour proclamer un Etat indépendant. Faut-il rappeler que les accords d'Evian sur l'indépendance de l'Algérie en 1962 ont recommandé l'organisation d'un référendum d'autodétermination des Touaregs? Un référendum qui n'a jamais eu lieu et dont les généraux d’Alger ne veulent
Abderrahmane Mekkaoui
Propos réccueillis par Noureddine Jouhari, Maroc Hebdo International