La situation au Mali met dans l'embarras son voisin du nord, l’Algérie pour qui la menace est essentiellement islamiste. Les groupes actifs dans la région profitent surtout du désordre. Ce qu'Alger craint par-dessus tout, c'est une partition du Mali qui va renforcer ces groupes.
Le MUJAO, un groupe dont on ne connait pas très bien les contours a réussi à s’infiltrer jusqu’à Tamanrasset. Il y a quelques semaines de cela, il a commis l’attentat le plus important de l’histoire à Tamanrasset. Le MUJAO serait responsable aussi de l’enlèvement à Tindouf en zone sahraouie de deux expatriés. D’une autre manière, les touaregs algériens puissent être gagnés par une sorte de mouvement autonomiste.
Ce n’est plus une hypothèse, c’est une certitude. Le cauchemar stratégique, humanitaire et politique d’une somalisation du Mali devient réalité. Le terrorisme et les trafics en tous genres ont trouvé un sanctuaire en plein cœur du Sahel, sous le couvert de la charia et d’un djihadisme dévoyé. Reconquérir le Nord est donc à présent un impératif.
Autre protagoniste dans cette crise malienne, l'Algérie. Pour l'heure, son implication n'a pas été à la hauteur des espérances des capitales ouest-africaines qui redoutent une propagation du salafisme. « Nos frères algériens ont commis quelques erreurs […]. Ils doivent se ressaisir », a déclaré le 4 juin à nos confrères de RFI Mohamed Bazoum, le ministre nigérien des Affaires étrangères.
Sa principale critique porte sur le Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc), basé à Tamanrasset, censé lutter contre le terrorisme et l'insécurité dans la région mais qui a été mis en hibernation , selon le chef de la diplomatie nigérienne. « Il est incontestable que, jusqu'à présent, l'attitude de l'Algérie face à la menace représentée par Aqmi sur son flanc sud a été ambiguë et a pu confiner au double, voire au triple langage », peut-on lire dans un rapport d'information parlementaire français.
Face à cette nouvelle donne, les chefs d’Etat de Guinée et du Niger se sont déclarés favorables à une intervention militaire visant à chasser les putschistes de Bamako et les groupes armés touaregs et islamistes qui contrôlent le Nord du Mali.
Il est vrai, et tout la communauté internationale s’accorde sur ce point, que c’est aux Africains de saisir le Conseil de Sécurité des Nations Unies au moyen d’une résolution qui sera présentée par la CEDEAO et appuyée par l’Union Africaine.
Ainsi face à la passivité complice et intéressée de l’Algérie, les terroristes d’AQMI, qui sévissent en toute quiétude sur le territoire algérien, ont pu avec l’aide des rebelles Touaregs et du Polisario aux ordres d’Alger, prendre le contrôle de tout le Nord du Mali.
En Algérie nous avons l'impression que ce n'est plus le gouvernement qui décide de tout ce qui est est du ressort des affaires intérieures et étrangères mais plutôt le Département renseignement et sécurité (DRS).
A force de brouiller, depuis plusieurs années, les cartes du renseignement, d’infiltration et de manipulation, le Département renseignement et sécurité (DRS) est dépassé par le sens et l’initiative des réalités au Sahel. Il développe une diplomatie parallèle et fait cavalier seul, sans informer le gouvernement, d’autres institutions de l’Etat et la presse.
Telle est la question qui se pose suite à la situation du Mali déstabilisant chaque jour davantage le Sahel. La première possibilité est bien sûr la plus médiatisée, mais la seconde n’en est pas à négliger pour autant. Pour de nombreux analystes, le décor est déjà bien planté pour une intervention occidentale. L’armée malienne n’est plus en mesure de contenir l’extension d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique).
La preuve que la situation est suivie de très près en dehors du continent, notamment par les Etats-Unis, est le dernier rapport de John Brennan, le conseiller principal du président Barack Obama en matière de sécurité internationale et de lutte contre le terrorisme.
Dans ce rapport, des liens sont révélés entre AQMI et les groupes somalien Shebab et nigérian Boko Haram. Mais derrière cette noble cause de lutte contre le terrorisme, les soupçons d’un intérêt occidental pour les richesses du Sahel, entre autres uranium, fer et pétrole, sont très fortes.