Malgré un matelas financier estimé a plus de 200 milliards, la pauvreté gagne du terrain
Plus de 50 milliards de dollars de sur-liquidités dorment dans les banques publiques. Tellement désuet que les experts appellent à la création de davantage de banques publiques, privées et étrangères pour financer l'investissement.
Preuve en est, les exportations hors hydrocarbures restent «insignifiantes» et ne représentent que 2,42% des exportations globales en 2012. De plus, le sort des réserves de change placées en Europe est complètement camouflé. Cet argent se retournera même contre l'Algérie dans le cas où elle demande sa restitution dans cette conjoncture de crise financière tous azimuts, selon les experts.
Ainsi, le système financier algérien bureaucratisé est totalement déconnecté des réseaux internationaux, et paradoxalement à l'abri d'impact de la crise financière mondiale sur l'Algérie. Cela démontre que l' économie reste sous perfusion de la rente des hydrocarbures.
Après plus de 10 années d'ouverture, le marché bancaire algérien selon le rapport de la Banque d'Algérie, se compose de six banques publiques et de quatorze banques privées. 90% du financement de l'économie algérienne dont 100% secteur public et plus de 77% du secteur privé, se font par les banques publiques. 39% des actifs se concentrent au niveau d'une seule banque, la BEA, communément appelée la banque de la Sonatrach.
Mais il n'en demeure pas moins qu'en matière de ressources, les banques publiques sont fragiles parce que fortement dépendantes du Trésor. L'Algérie, où la pauvreté gagne de plus en plus de terrain, détient le deuxième matelas de devises de la zone Mena.
Il est estimé par le FMI à 205,2 milliards de dollars en 2012 avec une évolution prévisible pour 2013 à 224,1 milliards de dollars, fruits essentiellement de la rente des hydrocarbures. Or, la monnaie est un rapport social traduisant la confiance ou pas entre l'Etat et les citoyens. Elle est un moyen et non un facteur de développement autant que les réserves de change.
Le niveau des réserves permet de sécuriser l'investissement et surtout éviter un dérapage plus important de la valeur du dinar par rapport aux devises. Par ailleurs, le FMI a proposé de prendre en charge l'excédent financier algérien pour accroître les ressources de l'institution.
D'ailleurs, après plusieurs appels lancés par le FMI à la communauté internationale pour conforter le «pare-feu» financier de cette institution, le G20 s'est engagé à accorder au Fonds plus de 430 milliards de dollars. Toutefois, l'Algérie toujours «prudente» et souffrant même de manque de compétence en la matière, s'est contentée de préciser qu' elle allait étudier et évaluer la demande avant de donner sa réponse en octobre prochain.
Forcément, l'Algérie «ne pourra sans doute pas rester en position de contraction permanente», selon de nombreux observateurs. Déconnecté de toutes les sphères financières internationales, l'Algérie est un pays qui ne sait pas quoi faire de son argent!
Il existe actuellement une corrélation d'environ 70% entre la valeur actuelle du dinar et ce stock de devises via la rente des hydrocarbures, sinon le dinar flotterait à plus de 300 dinars pour un euro, selon les experts. Le système financier algérien est le haut lieu de distribution de la rente des hydrocarbures. L'Algérie, selon les trois grandes agences internationales, n'ayant pas à proprement dire d'économie hors rente, n'est pas notée.