Le Maroc étant excédentaire en ciment, il peut même en exporter vers l'Algerie qui est déficiente.
Alors que les projets d’extension des cimenteries publiques accusent du retard, l’Algérie se tourne vers l’importation du ciment pour satisfaire la demande locale.
« Nous allons entamer un processus d'importation de ciment durant les périodes de tension pour juguler la crise et faire face à la forte demande sur ce matériau stratégique », a indiqué ce jeudi 21 juin à l'APS, Yahia Bachir, PDG du groupe Gica (Groupe industriel des ciments d’Algérie). Selon ce responsable, le groupe – qui détient douze cimenteries publiques – prévoit des importations mensuelles de 30 000 tonnes pour alimenter la région de l'Ouest, 40 000 tonnes pour la wilaya d'Alger et 20 000 tonnes pour la région Est.
Les entreprises de réalisation en charge de projets de développement seront approvisionnées auprès du groupe Gica, a‑t‑il assuré. Mais il faut attendre le début de l’année prochaine pour voir le ciment importé disponible sur le marché, a‑t‑il dit. Et contrairement aux critiques formulées par les demandeurs du produit, les ventes du ciment « obéissent à des procédures commerciales bien définies appliquées rigoureusement au niveau des cimenteries et des unités commerciales », selon Yahia Bachir. Il a indiqué qu’un programme d’extension des capacités de production de certaines cimenteries ainsi que la réalisation de nouvelles infrastructures dans d’autres wilayas sont envisagés. Le déficit du marché du ciment actuellement est estimé à quelque 2,5 millions de tonnes, selon Gica.
Les projets d’extension des cimenteries publiques annoncés ces dernières années accusent un grand retard. Un seul appel d’offres a abouti, celui de la cimenterie de Chlef, dont le contrat a été attribué à la société française FIVE FCB pour 370 millions d'euros. « Le retard dans les projets d’extension des cimenteries publiques est dû notamment aux changements fréquents du code des marchés publics qui a été modifié plus de trois fois depuis 2008 », explique un proche du dossier. Des appels d’offres sont lancés, puis annulés, retardant ainsi l’augmentation des capacités nationales de production de ciment. Du coup, ce matériau de construction, fortement demandé sur le marché, est l’objet de spéculations. Son prix flambe chaque été, période durant laquelle la demande augmente considérablement. Durant cette période, les chantiers fonctionnent à plein régime et les particuliers en profitent pour construire de nouvelles maisons où faire des travaux dans leurs habitations.
Les projets d’extension des cimenteries publiques permettront de porter leur capacité de production à 29 millions de tonnes par an à l’horizon 2020 contre 11,3 millions de tonnes actuellement, selon un responsable du Gica. « Le programme d’investissement du groupe Gica sur huit ans, portant notamment sur l’extension des capacités de certaines cimenteries et la réalisation de nouvelles usines, avoisine les 320 milliards de DA [plus de 4 milliards de dollars] », avait déclaré à l’APS Abdennour Adjtoutah, PDG du Centre d’études et de services technologiques de l’industrie des matériaux de construction (Cetim), filiale du groupe Gica qui regroupe les douze cimenteries publiques du pays.
Outre le retard dans les projets d’extension des cimenteries publiques, les investissements privés et étrangers dans ce domaine n’avancent pas. Le projet du français Lafarge de réaliser une nouvelle cimenterie de 2,5 millions de tonnes à Oum El Bouaghi n’a pas encore démarré. Tout comme celui du groupe privé Sogremac, à Biskra, qui n’a pas encore vu le jour.