Tarek est connu sur la Toile pour ses vidéos dans lesquelles il appelle à boycotter le prochain scrutin législatif algérien. Son cyberactivisme l’a mené derrière les barreaux, mais les réseaux sociaux algériens se mobilisent pour le soutenir.
Tarek Mameri, un jeune chômeur algérois de 23 ans, est connu pour son militantisme sur Internet. Mardi 1er mai à 21h, alors qu’il se trouvait avec deux amis près de chez lui, dans le quartier populaire de Belcourt à Alger, il a été abordé par quatre personnes, habillées en civil, se présentant comme des policiers. Ces derniers l’ont ensuite embarqué dans un véhicule banalisé. Les autorités n’ont pas pour l’instant communiqué sur les motifs de son arrestation. Les internautes sont toutefois persuadés que ce sont ses vidéos postées Youtube, dans lesquelles il appelle au boycott des élections législatives et où il critique les "combines" du régime du président Abdelaziz Bouteflika, qui valent à Tarek les foudres du pouvoir.
Nous sommes tous choqués, bouleversés par la façon dont ce jeune a été enlevé. Pour nous, c’est une arrestation complètement mafieuse qui ne respecte aucune règle. D’ailleurs les autorités n’ont à ce jour ni démenti, ni communiqué sur cette affaire.
centerSur Internet, la mobilisation ne cesse de grandir depuis son enlèvement. Car désormais, on peut imaginer que toute personne qui publie une vidéo sur Internet est susceptible de se faire enlever de manière complètement arbitraire.
Si les Algériens se désintéressent des élections en général et de ce scrutin en particulier c’est qu’ils en ont marre. Avec cette assemblée, comme avec celle qui sera élue, il ne pourra pas y avoir aucun changement, aucun impact, car c’est l’exécutif qui contrôle le pouvoir en Algérie. Tous les pouvoirs, législatifs, judiciaire sont à sa botte.
On sent bien qu’à l’approche des élections, les relations avec les autorités sont de plus en plus tendues. Les arrestations sont de plus en plus fréquentes. Le régime verrouille tout. Les opposants comme nous n’ont aucun accès à la presse arabophone, aux plateaux télévisés, aux radios. Deux de nos militantes ont même été intimidées par des policiers en civil dans la rue. A quelques jours des élections, la pression augmente sur les militants.