La Commission d’enquête autonome composée de plusieurs magistrats et procureurs civils et militaires, installée par Bouteflika en début de l’année 2010, en vue de rouvrir certains dossiers restés en suspens ou bâclés à leur époque, notamment sur plusieurs affaires d’assassinats menées durant la décennie noire et qui ont ciblé des personnalités nationales, à l’instar de feu Mohammed Boudiaf ou encore du Général Fodil Saidi, vient d’être annulée la semaine dernière par le président de la République, a appris Algerie-Focus.Com de source proche de la présidence.
“Le président Bouteflika a clos courant de la semaine dernière le dossier d’enquête concernant un organe secret appartenant au DRS. Cette annulation intervient suite au multiples pressions qu’il avait subi durant ces deux derniers mois de la part de l’institution militaire et par un émissaire américain du secrétariat d’Etat à la sécurité nationale, le mettant en garde de se mettre l’opinion et la composante militaire sur le dos” nous précise notre source.
Cette commission a vu le jour sur décision de Bouteflika à un moment où la tension avait atteint son comble entre la présidence et le patron du Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS); tension exacerbée par de multiples révélations sur des affaires de corruptions mettant en cause directement plusieurs ministres proches du président.
Selon notre source, “Bouteflika s’était résolu à accuser cette structure d’avoir tenté de le renverser trois fois de suite durant ses deux précédents mandats et d’avoir déstabilisé son régime”. Et d’ajouter : “Dans ses anciennes déclarations au courant de l’année 2010, Bouteflika avait confié à ses proches collaborateurs, ainsi qu’à quelques magistrats militaires et civils, que cette structure et ses membres représentaient un danger pour la stabilité du pays.”
Si Bouteflika a accepté finalement de ne pas remettre sur le tapis l’affaire du “qui tue qui”, c’est qu’il a vraisemblablement réussi à établir un compromis avec le DRS, et certainement reçu des garanties sur sa sécurité (éventuellement finir son troisième mandat sans inquiétude) et celle de son entourage de la part d’”arbitres” étrangers, notamment Washington et Paris, à un moment où les révoltes populaires dans les pays arabes veulent -et réussissent parfois- à faire chuter des régimes que l’on croyait inébranlables.