Un appel à manifester contre l'état d'urgence le 9 février prochain –date anniversaire de son entrée en vigueur – a été lancé par plusieurs syndicats et partis politiques, dont le RCD.
En occupant ainsi le terrain des manifestations, le RCD, parti très critiqué pour sa participation au gouvernement en 1999, semble avoir trouvé le moyen de faire oublier son passé controversé mais ne convainc pas tout le monde. Ce samedi, durant la manifestation, quelques dizaines de jeunes ont crié des slogans hostiles à Saïd Saadi, lequel a dénoncé l'infiltration d'adversaires politiques dans la manifestation.
« Le pays est miné de toute part »
Le FFS, le Front des forces socialistes, parti d'opposition qui a boycotté les élections législatives de 2007 puis les présidentielles de 2008, n'y participera pas. Karim Tabbou, premier secrétaire du parti, nous en explique les raisons :
« Nous avons bien sûr dénoncé les interdictions des manifestations mais nous pensons que la situation du pays mérite un travail plus sérieux, un travail de fond. On sait qu'il y aura des étapes rudes et difficiles dans la marche vers la démocratie, mais le FFS ne veut pas simplement faire de l'agitation.
Je le dis dans la douleur. En Algérie, les forces autonomes ne sont pas assez nombreuses pour impulser ce changement. Une partie importante de notre élite n'a pour objectif que d'aller vers la rente.
– Mais le peuple algérien veut du changement ; il y a un effet “contagion” ?
– C'est une contagion au niveau sentimental dans le sens où les Algériens veulent que ça bouge mais ils ne font plus confiance à grand monde. Pas même au FFS.
La société civile est atomisée, les syndicats aussi. Les conditions ne sont pas réunies pour que l'impulsion vienne de là. En Tunisie, 1 000 avocats se sont rassemblés et ont décidé de façon commune de faire grève. En Algérie… on a conscience que le pays est miné de toute part mais toutes les agitations ne vont pas forcément dans le sens de la démocratie.
On ne peut pas prétendre vouloir le changement et prendre ses informations auprès de patron des renseignement [allusion à une rencontre entre Saïd Saadi et le patron du DRS, Département de renseignement et de sécurité algérien, révelée par Wikileaks, ndlr]. »
S'il leur est difficile de se structurer en un front unique, les opposants au régime de Bouteflika, toujours plus nombreux, se rejoignent sur l'essentiel : l'expérience tunisienne leur fait espérer une très proche victoire de la démocratie en Algérie.