Pour ceux qui s'en rappellelnt, l'argument "contrôle médical de routine" avait servi en novembre 2005 pour minimiser la gravité de la maladie de Bouteflika et justifier sa visite brusque au Val-de-Grâce à Paris. Ce fut près d'un mois plus tard qu'on sut que le président avait été opéré au Val-de-Grâce d'un "ulcère hémorragique au niveau de l'estomac", selon le seul communiqué médical diffusé durant son hospitalisation de trois semaines. Le spécialiste en urologie et député français, le professeur Bernard Debré, avait un peu plus tard révélé que Bouteflika souffrait de manière "vraisemblable" d'un cancer de l'estomac.
Puis, rappelons-nous, plus rien.
La loi du silence
Depuis l'annonce du succès de son opération pour un ulcère à l'estomac, le 5 décembre, aucun autre bulletin médical n'a été publié, amenant les Algériens à se demander si l'état de santé du président n'est pas plus grave qu'on ne le dit. «Cette loi du silence que se sont imposée nos dirigeants rappelle ni plus ni moins l'attitude des systèmes totalitaires et dictatoriaux», déplora l'éditorialiste de l'influent quotidien El Watan.
Rappelons-nous : En Algérie, les rares indications données par les autorités sur un simple «examen approfondi» du président à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, puis un bulletin de santé précisant qu'il avait été opéré d'un «ulcère hémorragique au niveau de l'estomac», suivi de l'annonce d'une «stricte» convalescence, ont suscité beaucoup d'interrogations. Si le président algérien était en convalescence alors pour combien de temps? «Le doute s'installe,» écrit le journal El Watan. «Les Algériens ne savent pas quand le président de la République, hospitalisé à Paris depuis le 26 novembre, va rentrer au pays. Personne, au niveau supérieur de l'Etat ne semble prêt à les en informer», poursuit le quotidien. Rappelons-nous : Invité au «Grand Jury» de la radio RTL et de la chaîne de télévision LCI, Philippe Douste-Blazy, ministre français des Affaires étrangères, avait alimenté le doute sur la «mystérieuse maladie» du président algérien. «Le secret médical empêche de dire comment va le président Bouteflika», a déclaré M. Douste-Blazy. Interrogé pour savoir si le président algérien quitterait bientôt l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, où il se trouve depuis le samedi 26 novembre, le ministre français a répondu qu'il «l'espérait». «Mais je ne peux pas vous dire ce qu'a M.Bouteflika»«Intox et manip des médias français», a titré hier en Une le quotidien algérien «L'expression». Le journal a écrit que «cette presse qui suggère que le président Bouteflika serait gravement malade est la même qui avait fait l'impasse sur des informations concernant les maladies de Pompidou et Mitterrand». «Après les quotidiens Le Monde et Le Figaro, c'est la chaîne de télévision TF1 qui monte en épingle l'hospitalisation du chef de l'Etat pour semer le doute au sein de l'opinion algérienne quant à la version officielle donnée par les autorités centrales sur l'état de santé du président de la République»
Rappelons-nous : «Même si l'information médicale dans une structure hospitalière comme le Val-de-Grâce est protégée par le double secret médical et militaire. Il n'en fallait pas plus à la presse écrite et audiovisuelle française pour s'engouffrer dans la brèche et multiplier les articles et autres reportages aussi alarmants les uns que les autres», tonne «L'expression». Le quotidien Libération avait, pour sa part, fait état d'un «état très préoccupant» du chef de l'Etat, en évoquant une appréciation «nettement moins optimiste à Paris» que celle affichée à Alger, «même si les dirigeants français se refusent à la moindre confidence».
Cinq ans après, il est peu probable qu'on en sache davantage sur la réalité de la maladie du général Toufik.