Lutte anti-terroriste : Au-delà des apparences de coopération, les non-dits!
Les pays concernés par le terroriste ne parlent pas le même langage. Les récentes déclarations du président malien et celles du Chef d’Etat-major de l’armée algérienne montrent bien que les Etats ne sont pas en phase dans leurs perceptions de la lutte à mener contre Aqmi. Les divergences sont encore exacerbées par les médias dans les pays.Il y eut la rencontre des Chefs d’état-major suivie de celle des responsables des renseignements dans quatre pays (Algérie, Mauritanie, Mali et Niger). Les réactions officielles ont salué la mise en place d’un commandement unifié dans cette lutte contre le terrorisme au Sahel et l’importance des échanges d’informations par la création d’un centre dédié à cet effet à Alger.
Mais force est de constater que la vision parcellaire de cette lutte –arrange bien Aqmi.
ATT dans le collimateur des médias algériens.
Dans un entretien accordé à nos confrères de «Libération » et relayé samedi par Cridem, le président malien ne va pas par quatre chemins pour indexer les tares de la coopération sous-régionale en matière de lutte anti-Aqmi au Sahel. «Nous regrettons l’absence d’une véritable coopération sous régionale en matière de lutte contre le terrorisme» a notamment précisé le Chef de l’Etat malien. Une précision qui en dit long sur les «efforts» entrepris pour enrayer la menace terroriste dans la sous-région.
Et le président malien, qui lève ici un coin du voile sur ce qui semble une «mauvaise foi» de certains partenaires, indique: «les forces actuelles des terroristes ne sont nullement supérieures à celles dont disposent les pays du Sahel». Des révélations qui indisposent, apparemment, les médias algériens. Ces derniers sont d’ailleurs accusés par le ministre mauritanien de la Santé dans une tribune relayée par «Nouakchott Info» de porter en étendard «les allégations des terroristes » sur l’autre front avec la Mauritanie.
Les déclarations du président malien, qui sortent de la langue de bois jusqu’ici en vigueur, ne plaisent pas notamment à nos confrères de «Liberté» sous la plume de Merzak Tigrine. En effet, les propos désobligeants et peu respectueux à l’égard du président malien tentant de le tourner en dérision trahissent une discordance de vues dans le rôle des Etats et le niveau de cette coopération au Sahel pour venir à bout de l’Aqmi.
Le quotidien algérien «Liberté» estime par ailleurs que la France et le Maroc jouent aux «troubles» dans la lutte contre le terrorisme dans la sous-région. D’autres médias comme les publications «Maghreb Confidentiel » N°941 du 30 septembre 2010, vont directement au but en mettant en garde contre «un clash Alger-Paris ».
Bien plus grave, les déclarations attribuées par «Maghreb Confidentiel» au Chef d’état-major de l’Armée algérienne : «le général Ahmed Gaid Salah signale à Paris qu’il entend conserver le contrôle de son "arrière-cour"sahélienne. Une bien curieuse manière de voir les choses et surtout une déclaration en totale dichotomie avec le discours tenu à Alger appelant les pays concernés, aussi fiers que l’Algérie de leur indépendance et de leur autonomie, à se concerter et à coordonner les actions contre Aqmi.
Cette nouvelle déclaration en tout cas est un précédent «diplomatique» dangereux au moment où dans la sous-région, il y a une floraison de conflits auxquels l’Algérie n’est pas étrangère (Nord Mali, Sahara Occidental…) Alors l’on est en droit de se demander qu’est-ce qui traîne vraiment des pieds dans cet engagement anti-aqmi qu’on présente pourtant de «primordial» dans la recherche de la stabilité et le développement de la sous-région.
Les déclarations du Chef d’état-major algérien risquent donc de nourrir davantage les suspicions sur les ambitions réelles des Etats parties prenantes à cette lutte envisagée. D’autant plus que les mauvaises langues prétendent que quelque part, l’Algérie dont le territoire est la rampe de lancement du terrorisme dans la sous-région, maintiendrait «artificiellement» cette menace par des caïds interposés versés dans les trafics en tout genre.
C’est en tout cas ainsi qu’on explique le courroux et l’attitude de certains médias algériens en rapport avec les attaques menées par l’Armée mauritanienne pour prévenir les actes terroristes contre notre pays.
Jedna Deida
Extrait du ton véhément contre le président malien.
…«Entre-temps, le président malien a tiré à boulets rouges sur ses voisins sahéliens en regrettant le “déficit de coopération régionale” au Sahel dans la lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dans une interview publiée hier dans le quotidien Libération. Bombant le torse en affirmant que “les forces terroristes actuelles ne sont pas au-dessus de nos capacités”, Amadou Toumani Touré martèlera qu’“il faut un plan sous-régional”.
Passant ensuite au rôle de la victime, le chef de l’état malien dira : “je le répète, mon pays est otage et victime. Ces gens ne sont pas Maliens. Ils sont venus du Maghreb avec des idées que nous ne connaissons pas.” Persistant dans sa fuite en avant, il déclarera que “le problème, c’est le déficit de coopération régionale. Chacun se plaint du voisin, et les actions isolées sont vouées à rester ponctuelles”, et se cachant toujours derrière l’immensité du territoire, il ajoutera que le nord du Mali, où sont détenus les otages, “c'est aussi le sud de l'Algérie, l'est de la Mauritanie et l'ouest du Niger ». Source Liberté d’Algérie
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