Akmach Ahmed, Chef de tribu et ancien membre du conseil national( pseudo parlement) du Polisario, a rallié la mère patrie Laayounemedia l’a rencontré et vous livre l’entretien qu’il lui a accordé.
Laayounemedia : Comment vous est venue l’idée de regagner le Maroc, vous qui avez rejoint les camps de Tindouf, alors que vous n’aviez que 21 ans ?
Ahmed Kmach : J’ai passé les huit dernières années à préparer ce retour à la mère patrie. J’ai, d’abord commencé par installer un campement avec quelques chèvres, loin des camps. Le fait que je possédais un véhicule m’a beaucoup aidé. Après avoir monté mon campement, j’ai commencé à réunir les membres de ma famille, autour de moi. Ces membres étaient soit à l’intérieur de l’Algérie ou en Espagne. Mais comme j’étais chef de tribu et que beaucoup de gens relevaient de moi, je ne pouvais pas partir, du jour au lendemain sans les avertir mais surtout sans les préparer à adopter mon idée de retour au pays. Une fois cette tâche accomplie, j’ai pris le chemin vers la Mauritanie puis vers le pays. Il faut dire que les conditions dans les camps étaient devenues invivables et qu’aucune amélioration n’était espérée. J’étais donc résolu à regagner mon pays, mais je tenais, avant de quitter de ne laisser derrière moi aucun membre de ma famille et de préparer le maximum de gens à m’accompagner ou à me suivre. Il faut dire que la proposition d’autonomie est venue me conforter dans ma résolution et qu’elle a contribué à convaincre un bon nombre de ceux qui hésitaient à me suivre.
L. M. : Cela veut dire que parmi les membres de votre tribu certains sont venus ou sur le point de venir ?
Ahmed Kmach : Il y a des membres de la tribu et d’autres qui n’appartiennent pas à la tribu dont certains sont venus et d’autres qui se préparent à venir.
L .M.: Que représentait Ahmed Kmach, au niveau des camps. Quelles sont les responsabilités qui étaient les siennes ?
Ahmed Kmach : En arrivant aux camps, en 1975, je travaillais dans le domaine de la santé, en qualité d’infirmier. Quelques années plus tard, j’étais devenu directeur régional de la santé dans le camp Dakhla, dont j’étais membre du conseil local et chef d’identification travaillant avec la MINURSO. Je fus, ensuite élu membre de ce qui est pseudo parlement, appelé conseil national dont j’étais membre jusqu’à mon retour au pays.
L. M. : Quels sont les chemins que vous avez empruntés pour venir ici ?
Ahmed Kmach : Je possédais, comme je vous l’ai dit mes propres moyens de locomotion . Lorsque les 22 membres qui composent ma famille se sont rassemblés, Nous nous sommes dirigés vers la Mauritanie, puis vers la ceinture à la frontière marocaine d’où nous sommes entrés chez nous. Du fait de ma situation de parlementaire, les autorités du Polisario, d’abord et mauritaniennes, ensuite avaient facilité mes formalités. Aujourd’hui 13 membres de ma famille sont avec moi et les autres sont en Espagne d’où ils doivent, incessamment venir nous rejoindre.
L.M. : L’inspecteur général de la police du Polisario, Moustapha Sidi Mauloud vient de prendre une initiative audacieuse, suite à quoi, le Polisario a déclaré par la voix de son représentant à Paris que Ould Sidi Mauloud était indésirable dans les camps et qu’il serait arrêté si jamais il y venait. Que pensez-vous de tout cela.
Ahmed Kmach : Moustapha est un jeune homme qui n’a commis aucun crime.
Les menaces du Polisario constituent une violation flagrante des droits de l’homme les plus élémentaires. Car ce jeune homme n’a fait qu’exprimer son opinion. Mais cette situation comme tant d’autres ne sont que l’illustration de la dictature que font régner les généraux algériens, à travers les membres de la direction du Polisario. Aussi, il est du devoir de tout homme épris de liberté, de justice et de démocratie de se solidariser avec Ould Sidi Mauloud et d’en appeler à toutes les organisations des droits de l’homme pour qu’il lui soit permis de rejoindre ses enfants et d’exprimer librement son point de vue.
L. M. : Le fait que le Polisario n’admet pas que quelqu’un défende l’idée d’autonomie, dans les camps, effraie-t-il le Polisario, à votre avis ?
Ahmed Kmach : Si le Polisario ne craignait pas que les habitants des camps adoptent cette idée d’autonomie, il aurait permis à Ould Sidi Mauloud ou à d’autres de la vulgariser dans les camps. Mais le Polisario est certain que les sahraouis dans toutes leurs tendances et toutes leurs composantes sont pour cette résolution.
L. M.: Le Polisario, dans ces dernières estimations évalue les habitants des camps à plus de 160.000. Vous qui êtes chef de tribu, donc bien informé sur ce sujet, à combien estimez-vous les habitants des camps ?
Ahmed Kmach : A notre arrivée, en 1975, dans ce qui allait devenir les camps de Lahmada, il y avait des populations qui n’avaient rien à voir avec le Sahara que venaient de quitter les Espagnols. Plus tard, nous avions été rejoints par d’autres qui venaient de divers horizons sauf de ce qui est aujourd’hui le Sahara marocain. Ceux là et les autres ne sont pas des sahraouis de mon point de vue. Les sahraouis originaires des provinces du sud et qui sont, aujourd’hui dans les camps ne dépassent pas les 45.000 âmes. C’est l’estimation qu’en font les différents chefs de tribus avec lesquels j’ai eu à débattre du sujet.
L. M. : Un dernier mot
Ahmed Kmach : Je voudrais, d’abord remercier les représentants des autorités locales avec à leur tête, le wali de Laayoune qui n’a épargné aucun effort pour nous assurer un accueil chaleureux et nous faciliter l’intégration dans notre pays.
Victoriano Rodriguez