Le recours à l’émeute pour revendiquer l’amélioration des conditions de vie de la population est un phénomène récurrent en Algérie. De plus en plus de citoyens y ont recours à cause de l’absence de dialogue avec les autorités et l’enfermement de celles-ci dans leurs certitudes.
«Huit émeutiers sous mandat de dépôt à Tébessa», «Une bataille rangée fait 16 morts à Annaba», «Des émeutiers saccagent et brûlent l’APC de Fouka», «L’APC de Toudja fermée depuis une semaine», «Des manifestations empêchées à Bab Ezzouar et Bab El Oued», «Actes de violence à l’arme blanche à Ghardaïa»,
«Les jeunes de Boumerdès ferment la route nationale», ce sont les titres que nous lisons régulièrement dans la presse nationale depuis plusieurs mois. Ils résument, en fait, le retour inquiétant des actes de violence et des émeutes dans plusieurs localités du pays. Le recours à ces actes est devenu monnaie courante pour les citoyens.
Ces derniers recourent à «la casse» et au «vandalisme» pour réclamer des commodités de base qui sont nécessaires, voire indispensables à une vie digne. Les citoyens révoltés expriment, à travers ces actes, quatre principaux besoins, à savoir l’eau, l’électricité et le gaz, le logement et enfin le travail. Un minimum pour la stabilité de chaque individu.
A Tébessa, une centaine de jeunes gens habitant les quartiers La Gare et le douar El Gorba se sont révoltés en barrant la route à l’aide de barricades de fortune «pour protester contre leur cadre de vie déplorable, notamment après les fortes chutes de pluie qui se sont abattues sur la région et qui ont causé d’importants dégâts à leurs habitations précaires».
Ces habitants ont réclamé un meilleur cadre de vie dans un environnement qui n’est pas agréable puisqu’ils habitent des gourbis et assument seuls, à chaque saison hivernale, les effets des fortes pluies qui endommagent leurs modestes habitations. Les batailles rangées se sont répandues dans plusieurs régions. Elles se propagent dans les quartiers pauvres et populeux où les jeunes sont la cible des différents fléaux sociaux.
Absence de dialogue
Le décès par électrocution d’un jeune de 17 ans à Fouka, dans la wilaya de Tipaza, a failli tourner au drame. Cet évènement tragique a été à l’origine d’un soulèvement général des jeunes ayant réclamé une solution définitive des coupures d’électricité. L’absence de réponse de la part des autorités concernées à contraint ces jeunes à élever la voix par la casse. Résultat : le siège de l’APC saccagé et des véhicules brûlés en plein milieu de la ville.
Le nombre d’émeutes pour réclamer l’eau et l’électricité est monté en flèche ces derniers temps. Des citoyens coupent la route ou détruisent des institutions étatiques pour réclamer l’eau dans les robinets ou de l’électricité pour diminuer les pertes énormes qui sont déjà enregistrées en matière de matériels électroménagers et autres produits alimentaires.
Cela a été le cas dernièrement des habitants de la commune de Toudja, privés d’eau pendant plus de quinze jours. Pour faire entendre leur voix, ces derniers ferment le siège de l’APC et exigent le gel de l’activité de l’usine d’embouteillage d’eau minérale pour qu’ils puissent avoir de l’eau dans leurs robinets.
Le chômage est un autre motif pour lequel les jeunes se révoltent et demandent des solutions. Une situation récurrente est constatée au niveau de la wilaya de Boumerdès qui enregistre très souvent des actes du genre. Les jeunes occupent la rue pour exiger des postes d’emploi. Ces émeutes n’épargnent aucune catégorie sociale.
Les médecins et les professeurs sont logés à la même enseigne. Ils ont recours à la rue et se font tabasser pour ensuite avoir gain de cause. Ces situations dénotent une absence flagrante de dialogue entre les responsables et les citoyens. Au cas où le dialogue est instauré, il débouche rarement sur des solutions tangibles répondant aux préoccupations réelles des citoyens.