Après Nouakchott, il y a plusieurs semaines, c’est dans la capitale helvétique Genève que plusieurs mauritaniens dont les proches sont portés disparus réclament justice. Disparus entre les mains des tortionnaires du Polisario ils auraient été convertis en chair à canon. Ces mauritaniens ont perdu un frère, d’autres un enfant et beaucoup d’autres un mari ou un père.
Jusque naguère encore, cette question était restée tabou. On ne l’effleurait même pas. Mais de plus en plus des voix s’élèvent pour demander des comptes aux dirigeants du Polisario. Plus question de vivre la douleur dans le silence même au sein de la même famille.
Comme toute question humaine, ce sont les victimes directes qui prennent les devants. Les proches des victimes et leur entourage sont sournoisement décriés par certains sympathisants du Polisario qui tentent de leur dénigrer même le droit de procéder à la prière des morts. Mais loin de se faire intimider, les proches des victimes se sont organisés pour faire entendre leur voix. Cela c’est passé mercredi, en marge de la 13ème session du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. Les proches des victimes ont appelé les NU à se saisir de cette question et de leur rendre justice. C’est dans ce cadre que certains d’entre eux se sont rendus à Genève pour plaider leur cause.
Ils ont, pour ce faire, organisé une conférence de presse dans laquelle les représentants d’ONG regroupées pour la même cause, ont appelé à faire la lumière sur les disparus mauritaniens enrôlés à l’époque par le Front Polisario.
Parmi les animateurs, ceux de l’ONG "El Wafa pour les droits de l'Homme" pour qui plusieurs centaines de mauritaniens ont tout simplement disparu dans des conditions non encore élucidées. Le drame s’est déroulé entre 1979 et 1990, lorsque ces victimes ont rallié les rangs du Front Polisario. Ce serait grâce aux témoignages recueillis auprès de plusieurs sources concordantes, parmi lesquelles des rescapés mauritaniens, sur les conditions de disparition que l’ONG avance ses accusations. Ces disparitions auraient été programmées par le Polisario. Elle exige que toute la lumière soit faite. L’ONG estime que quelque soit le sort qui a été réservé aux leurs, les familles des victimes et les orphelins des disparus réclament la vérité ne serait-ce que pour faire leur deuil.
Intervenant au nom de l'Agence internationale pour le développement, Mme Delphine Bourgeois, a attiré l'attention sur les graves violations des droits de l'Homme commises dans les camps de Tindouf en Algérie.
Parmi les proches des victimes, Chérif Ould Tejdert. Un ressortissant mauritanien né à Nouadhibou et dont le frère est reporté « mort sous la torture» dans les geôles du Polisario.
Il a fondé une association des droits de l’homme depuis quelques années, aspirant dans sa quête que justice lui soit rendue ainsi qu’à sa famille. "Selon les témoignages que nous avons pu avoir, mon frère a été torturé à mort après avoir été emprisonné en octobre 1982" accuse Ould Tejdert dont le combat est mû par le vœu de mettre fin à l’impunité en sensibilisant l'opinion publique internationale sur les dépassements et les violations des droits humains par le Polisario.
L’appel des proches des victimes mauritaniennes du Polisario est tombé dans l’oreille du Comité International pour le Respect et l'Application de la Charte africaine des Droits de l'Homme et des Peuples (CIRAC). Le comité a demandé au Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU et aux organisations internationales de défense des droits humains d'initier d'urgence une enquête sur les exactions inhumaines commises par le Polisario à l'encontre des civils mauritaniens.
Le président du CIRAC, M. Martin Maluza, a exprimé toute sa préoccupation quant à la pratique de violation des droits humains et dit avoir voulu « attirer de nouveau l'attention du Conseil sur la situation de la population des camps de Tindouf où elle vit depuis plus de trente ans dans la précarité la plus totale et en l'absence de toute protection de ses droits ».
Parlant du cas des mauritaniens portés disparus, il a dit que « pour des raisons politiques internes particulières, le Polisario les a pris pour des boucs émissaires arguant qu'ils étaient des ennemis et les avait séquestrés dans des prisons, où des dizaines d'innocents parmi eux ont été lâchement torturés et ont perdu la vie sous les fouets de leurs bourreaux ».
JD