Mohammedia- La stratégie nationale pour le développement de la compétitivité logistique est venue compléter les stratégies sectorielles déjà établies pour permettre d'atteindre "l'objectif d'une compétitivité globale" et de hisser l'économie marocaine aux meilleurs standards internationaux, a affirmé le ministre l'Equipement et des transports, M. Karim Ghellab.
La stratégie logistique a été développée pour éviter le risque de pénaliser les stratégies sectorielles par une éventuelle insuffisance au niveau de la chaîne logistique, a souligné le ministre dans un entretien à la MAP.
Le Maroc a défini plusieurs stratégies sectorielles, telles que "Maroc Vert", Emergence, Rawaj, "la Stratégie énergétique", qui vont avoir des besoins logistiques, en matière de transport de marchandises, de stockage, d'acheminement, de distribution intérieure, de transfert à travers les portsàetc, a précisé M. Ghellab, qui a présenté, mardi à Mohammedia devant SM le Roi Mohammed VI, les grandes lignes de la Stratégie nationale pour le développement de la compétitivité logistique.
-REDUIRE LE COUT DE LA LOGISTIQUE DE 20 A 15 PC-
Cette nouvelle stratégie va permettre de faire en sorte que les points de compétitivité gagnés dans les stratégies sectorielles vont se rajouter aux points de compétitivité gagnés dans la stratégie logistique pour atteindre "une performance globale, qui permettra de pousser au maximum la compétitivité de l'économie nationale", a affirmé M. Ghellab.
En termes de chiffres, la stratégie logistique permettra de gagner 0,5 point du PIB chaque année, soit 5 points sur les dix prochaines années, ce qui correspond à une création de richesse d'environ 20 milliards de dirhams (MMDH) en plus value directe et 40 MMDH si on ajoute la plus value indirecte. Elle permettra également de réduire le coût de la logistique de 20 à 15 pc du PIB, a-t-il expliqué.
Selon le ministre, la stratégie logistique est déclinée en un réseau de plateformes interconnectées à l'échelle nationale, autour desquelles s'organisent et se massifient les flux des marchandises.
"Il y a un ensemble de plateformes qui a été défini au niveau de tous les bassins de consommation, d'échanges, de production àetc, qui totalisent environ 70 plateformes sur environ 3300 ha à réaliser tout au long de ce programme, avec une première tranche de 2080 ha", a-t-il dit.
La première région concernée par cette stratégie est le Grand Casablanca, qui comptera huit plateformes sur 978 ha, dont un peu plus de 600 ha en 2015. Ces plateformes constitueront une ceinture autour du Grand Casablanca et les points centraux d'organisation de la gestion des marchandises au niveau de ce principal pô le économique du Royaume, a souligné M. Ghellab.
Globalement, la démarche mise en œuvre par la stratégie logistique prévoit de traiter l'ensemble des grands centres et des régions du Maroc en fonction des besoins, a souligné le ministre.
"Ces besoins ont été calculés sur la base des volumes actuels de transport et de transfert de marchandises, mais aussi sur la base des estimations des flux de marchandises, qui seront générés par la mise en œuvre des stratégies sectorielles", a-t-il précisé. Outre Casablanca, plusieurs autres villes du Royaume abriteront des plateformes logistiques, c'est le cas notamment de Tanger, Marrakech, Fès, Meknès, Agadir etc.
-DES RETOMBEES BENEFIQUES SUR L'ENVIRONNEMENT-
M. Ghellab a mis l'accent, par ailleurs, sur les retombées bénéfiques de cette stratégie sur les Marocains et leur environnement, précisant qu'elle permettra une meilleure régulation et organisation de la circulation des camions et la réduction du nombre des grands camions en circulation dans les villes marocaines.
Selon l'étude réalisée pour les besoins de cette stratégie nationale, la mise en œuvre des plateformes logistiques se traduira par une baisse aussi bien de la congestion, que des émissions de CO2 de l'ordre de 35 pc, a-t-il ajouté.
Concernant le financement de la stratégie logistique, M. Ghellab a indiqué que le développement de ces plateformes générera un investissement, y compris l'acquisition des terrains, d'environ 60 MMDH.
Le tiers de ce montant correspond à l'investissement public, qui sera mis en place en infrastructure hors-site, aménagement, fonctionnement et préparations diverses. Le secteur privé prendra à sa charge les deux tiers restants pour réaliser les hangars, les stocks et les dépô ts àetc.
Selon le ministre, le secteur privé a "un rô le extrêmement important" dans cette stratégie, conçue complètement dans le cadre d'un partenariat entre l'Etat et le privé, représenté par la CGEM.
Les opérateurs privés, a-t-il indiqué, se chargeront de la gestion des magasins et des entrepô ts, des investissements en termes de stocks et entreposage et de la sensibilisation et de l'encadrement des entreprises pour les inciter à faire recours aux services logistiques.
"Le principe est d'encourager les entreprises à se concentrer sur leurs métiers de base, c'est-à-dire le contrô le de leurs marchés et leur production qu'elle soit industrielle, agricole ou autre. L'Etat s'appuie sur des opérateurs spécialisés et c'est donc cette logique là que la CGEM et les opérateurs privés encourageront (à)", a-t-il dit.
-LA STRATEGIE LOGISTIQUE, UN SUBSTRATUM AU CHANTIER DE LA REGIONALISATION-
Pour M. Ghellab, la nouvelle stratégie logistique, tout comme les autres chantiers lancés au Maroc sous la conduite de SM le Roi en matière de développement des infrastructures, peuvent être considérés comme "un substratum au chantier de la régionalisation avancée".
La logique des plateformes et des services logistiques est un complément infrastructurel permettant de donner à chacune des régions la capacité d'être en connexion à "haut débit", c'est-à-dire à "haute performance avec les marchés, nationaux ou internationaux, dans une logique de distribution performante et de présence sur le marché", a précisé le ministre.
Le chantier de la régionalisation avancé voulu par SM le Roi vise à "donner à chaque région le cadre général lui permettant de développer toutes ses potentialités au service des citoyens de cette région et de libérer les énergies dans chacune de ces régions", a-t-il dit.
MAP