Après avoir rendu publiques, dimanche dernier, lors d'une conférence de presse organisée au Cameroun (Douala), les conclusions de l'autopsie effectuée sur le corps du défunt Albert Ebossé, le Dr André Moune, martelant que l'ex-avant-centre de la JS Kabylie “a été froidement assassiné”, est allé encore plus loin.
En effet, dans un témoignage publié, hier soir, par le site internet du journal sportif français L’Équipe, le docteur André Moune décrit carrément les circonstances de “l'assassinat”. “Le scénario vraisemblable est qu'il est rentré vivant dans les vestiaires de Tizi Ouzou. Il a été immobilisé, on lui a pris le bras gauche vers l'arrière et, en se débattant, son épaule s'est déboîtée. Parce qu’il s’est débattu, il a reçu un coup sur le crâne, sur la calotte crânienne. Cela a fait vaciller les os de la base du crâne, d'où la présence de liquide céphalorachidien”, dit-t-il.
Des détails troublants qui étayent de plus en plus la thèse de l'assassinat développée dans la même conférence de presse par Jacques Bertrand, avocat de la famille Ebossé. Lundi, le Dr Moune André avait, pour rappel, exposé les résultats de l'autopsie d’Albert Ebossé au Cameroun.
Il avait, à cet effet, demontré à travers un exposé de 15 pages que le footballeur “Ebossé avait été froidement assassiné”. Au cours de l'examen de la dépouille, “nous avons constaté une série de cinq lésions assez patentes qui ne corroborent pas la thèse avancée dans un premier temps par les autorités algériennes qui laissaient croire que le joueur aurait été tué par un projectile lancé depuis les gradins”. Et de conclure son exposé de la sorte : “Albert Ebossé Bojongo est décédé des suites d'une agression brutale avec polytraumatisme crânien. Nous rappelons pour cela : sur le crâne 1- une embarrure de la calotte ; 2- la fracture des os de la bosse ; 3- la fracture des vertèbres cervicales. Sur l'épaule gauche : une luxation et une fracture maquée de la clavicule du même côté.”
Des accusations graves qui portent atteinte aux institutions et à la justice algériennes sachant que le ministre des Sports, Mohamed Tahmi, avait déjà révélé, deux semaines après la mort d'Ebossé, que le joueur avait été mortellement atteint par une ardoise tranchante venant des tribunes (supporters). Mardi, M. Tahmi s'est montré, cette fois, beaucoup moins loquace, se limitant à indiquer qu’“il faut attendre le rapport final de la justice pour voir plus clair dans cette affaire”. “Nous n'avons aucun commentaire à faire sur la mort d'Albert Ebossé.
Le dossier est actuellement entre les mains de la justice algérienne. Tout ce qui est rapporté ici et là, ce ne sont finalement que des articles de presse”, a déclaré Tahmi en marge d'une réunion de travail avec les directeurs des instituts du sport. “Les faits se sont produits en Algérie et l'attaquant camerounais évoluait au sein d'un club algérien, ce qui nous implique davantage à chercher la vérité sur la mort d'Ebossé”, a précisé Tahmi. Dans une déclaration à Liberté, le procureur général de Tizi Ouzou, Mohamed Tayeb Lazizi, s'était limité, dimanche, à confirmer que “cet avocat français a effectivement saisi le procureur de la République du tribunal de Tizi Ouzou pour demander des explications sur cette affaire et nous estimons qu'en tant que défenseur de la justice dûment mandaté par la famille du défunt, il a le droit le plus absolu de saisir la justice algérienne pour s'informer du dossier comme il a aussi le droit d'avoir, d'ici à quelques jours, toutes les explications nécessaires liées à cette affaire”. Un silence sur les conclusions de l'enquête “qui en dit long, en fait, sur la gêne provoquée par les dernières révélations de la famille Ebossé”.