Moins de 30% de la population nationale ont accès à Internet. On parle d’environ 11 millions d’internautes. À peine 3,4 millions d’entre eux possèdent un compte sur les réseaux sociaux.
Sur les 4 000 sites hébergés dans le pays, uniquement 900 sont actifs. Avec un débit de connexion plus faible, Internet, en Algérie, est 2 fois plus cher qu’en Tunisie, 4 fois qu’au Maroc et 20 fois qu’au Canada.Au regard des spécialistes, ce n’est pas là l’exemple le plus édifiant de la faiblesse des performances du pays. Le président de l’Association algérienne des fournisseurs de service Internet (Aafsi), Ali Kahlane, a révélé, dernièrement, que moins de 20% des Algériens ont accès à Internet. Ce chiffre a été corroboré par une étude de l’Observatoire européen de l’audiovisuel, dont quelques résultats ont été fournis par André Lange, chef de la division information sur les marchés et le financement de l’organisme lors d’un séminaire organisé par le Parlement européen au début du mois de juin dernier. Ils disent que l’Algérie et la Libye se classent aux dernières places en matière de pénétration d’Internet. Entre 10 et 20% de leurs populations possèdent un compte sur les réseaux sociaux, essentiellement facebook.
Plus précisément, 3,4 millions d’Algériens ont une visibilité sur facebook. Les statistiques de l’Union internationale des télécommunications (UIT), institution des Nations unies pour les technologies de l’information et de la communication (TIC), vont aussi dans le même sens. Entre 2002 et 2011, la population nationale utilisant Internet est passée de 1,59% à 14%, enregistrant une performance de 7,80 fois. “Durant la même période et de dimension, le Soudan est passé de 0,44% à 19%, réalisant ainsi une performance de 42,18 fois. Le Maroc est passé de 2,37% à 51%, réalisant ainsi une performance de 20,51 fois. Donc, pour cette dimension, cela indique en termes de capacité que le Soudan dépasse l’Algérie de 4,40 fois et que le Maroc la dépasse aussi de 1,62 fois”, interprète Réda Alioua, expert international de systèmes.
La même source révèle que le pays a réalisé, pendant ces dix ans, une avancée de 0,47 fois dans la téléphonie fixe tandis que le Maroc a multiplié ses capacités par 1,88 fois. La Toile n’est pas uniquement sous-exploitée dans la sphère privée. Elle l’est davantage dans les domaines professionnels. M. Kahlane a souligné que sur les 4 000 sites hébergés en Algérie (ce qui est déjà peu), seulement 900 sont actifs. Ce qui sous-entend, par ricochet, que les entreprises n’utilisent pas assez, voire du tout, la technologie numéraire. Ces indicateurs montrent un échec patent dans la mise en œuvre de la stratégie du ministère de la Poste, des Télécommunications et des NTic à travers le programme e-Algérie.
Ce dernier, finalisé en 2008, devait généraliser l’usage des TIC au gouvernement et au niveau de l’administration publique ; la mise à niveau de l’infrastructure nationale des télécommunications dans ses compartiments commutation, transmission et réseau d’accès ainsi que l’introduction, en Algérie, de services en ligne, comme le e-commerce, le e-banking… Force est de constater que rien n’est encore fait. “Le projet e-Algérie a été lancé en 2008 et a changé de nom à plusieurs reprises tout en gardant le mot (e-Algérie). On a seulement changé les années au fur et à mesure, car on a découvert à plusieurs reprises que les ambitions étaient plus importantes que la capacité réelle et disponible à les réaliser”, analyse Réda Alioua.
L’expert international relève aussi le déficit en spécialistes qualifiés. Dans le domaine de la recherche scientifique et universitaire, le retard se fait aussi ressentir de manière significative. La situation apparaît dans toute son absurdité dans le listing mondial des dépôts de brevet, établi annuellement par la World Intellectual Property Organization. En 2010, les États-Unis ont déposé 45 008 demandes de brevet, le Japon, 38 888, la France 7 664, le Canada 2 923, le Maroc 20 et… l’Algérie uniquement 2. “Alors, en faisant un calcul de ratios, on peut dire que pour la dimension des demandes de brevet, le Maroc dépasse l’Algérie de 9 fois, la Tunisie la dépasse de 3,5 fois et le Maroc dépasse aussi la Tunisie de 1,22 fois. Cela veut aussi dire que si l’Algérie veut rejoindre le Maroc par exemple, voire le dépasser, elle doit concevoir un moteur de développement pour cette dimension lui permettant d’avoir une vitesse supérieure à celle du Maroc, sinon simple règle de physique et de cinématique, ça lui sera impossible de le faire. Surtout que le Maroc, tout en avançant, est en train d’améliorer sa propre vitesse de performance pour rattraper ceux qui le dépassent et sont avant lui”, conclut notre interlocuteur.
S.H